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FURNE, JOUVET ET C", ÉDITEURS

RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 45

1878

Droits de traduction et de reproduction réservés à l'étranger.

PRÉFACE

Après avoir écrit, dans des proportions étendues, l'histoire de l'ancienne France jusqu'en 1789, nous avons résumé nos travaux et resserré notre ouvrage dans des limites beaucoup plus restreintes, pour ceux de nos concitoyens qui n'ont pas le loisir des longues lectures, mais qui ont, ainsi que nous l'écrivions alors, le désir et le devoir de connaître le fond essentiel des annales de la patrie.

Nous avons continué au delà de 1789 cette histoire abrégee; nous l'avons poursuivie à travers les phases diverses qu'a parcourues la France nouvelle; mais nous avons promptement reconnu qu'à partir du moment où s'ouvre l'ère de la Révolution, nous n'atteindrions pas notre but si nous nous renfermions dans un cadre aussi étroit que nous l'avions fait en ce qui concernait les fastes de la vieille France. L'histoire abrégée suffisait à initier nos nouveaux lecteurs à la connaissance des événements capitaux d'un passé lointain; elle devenait insuffisante dès qu'il s'agissait de la grande époque dans laquelle nous vivons encore et dont toutes les idées et tous les actes exercent encore directement sur nous leur influence heureuse ou funeste. Même en écartant tout un monde de faits et de personnages secondaires et en laissant aux histoires spéciales des diverses périodes de la France nouvelle leurs vastes développements, nous avons dû cependant nous ouvrir une carrière d'une certaine

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ampleur, afin que les informations nécessaires y pussent trouver place et que les enseignements de l'histoire y apparussent assez clairement. Ces hommes et ces faits qui ont engagé nos destinées, ce passé d'hier qui est encore tout à la fois la force et le péril du présent, notre inspiration et notre fardeau, il faut que nous les fassions comprendre autrement que par ces traits généraux dont on peut se contenter pour résumer les temps éloignés et les ères achevées.

Nous détachons aujourd'hui de l'abrégé des fastes de l'ancienne France l'histoire de la Révolution française et de ses suites jusqu'à nos jours tout en constituant une œuvre à part, elle sera comme le supplément et la conclusion de notre histoire de France jusqu'en 1789, et s'en rapprochera par les dimensions beaucoup plus que de l'abrégé.

Notre histoire de France jusqu'en 1789 se termine le 17 juin de cette grande année, le jour où le Tiers État se déclare ASSEMBLÉE NATIONALE, abolit les Trois Ordres et fonde l'unité de la société française. Notre publication nouvelle remonte à quelques semaines plus haut, à l'ouverture des États Généraux, et débute par un chapitre sur les cahiers des Trois Ordres, refait d'après des matériaux plus abondants que ceux qui avaient servi pour le même sujet dans notre histoire avant 1789.

Dans ce travail aujourd'hui très-avancé, nous avons essayé de réaliser ce que nous annoncions en commençant l'histoire de France abrégée: nous y montrons notre patrie, depuis quatrevingts ans, s'agitant dans le douloureux enfantement d'une société nouvelle; tour à tour se précipitant violemment en avant, puis reculant parfois avec une violence égale; se décourageant par moments, mais toujours revenant à l'œuvre.

« Le Français qui connaîtra bien ce passé de la France ne perdra jamais l'espérance dans les plus tristes jours. >>

Nous écrivions ceci en 1867: nous avons certes aujourd'hui le droit de le redire.

Nous avons passé par les plus tristes jours qu'ait jamais vus

notre patrie depuis ceux où Jeanne Darc la sauva, et c'est au fond même du gouffre de la Mort que nous avons trouvé la Renaissance.

Notre récit s'étendra depuis l'éclatante aurore de la Révolution jusqu'à cette ruine et à cette Renaissance. Nous nous efforcerons de montrer comment se sont engendrées les unes des autres les phases de progrès et de réaction qui se sont succédé depuis 89:

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La tentative sincère de la Constituante pour opérer la Révolution par des voies pacifiques en transigeant avec la vieille royauté; l'échec inévitable de cet essai qui devait être tenté et qui ne pouvait réussir; la République surgissant une première fois entre la guerre étrangère et la guerre civile; donnant à la France, avec une gloire immense, la victoire sur l'Europe monarchique et cette grande frontière de l'ancienne Gaule que nos rois avaient rêvée et n'avaient pu atteindre; mais, victorieuse du monde, ne parvenant pas à se vaincre elle-même ni à s'entendre avec elle-même et se déchirant de ses propres mains.

Nous la montrons laissant échapper la liberté qu'elle avait consacrée dans de sages mais impuissantes lois, et périssant étouffée sous le despotisme militaire.

Ce despotisme jette la France hors d'elle-même, l'épuise dans des entreprises gigantesques et insensées, absolument contraires au génie et au but de la Révolution, et, après lui avoir, à son début, enlevé la liberté, lui fait perdre en tombant la grandeur qu'elle avait due à la République.

L'ancienne royauté reparaît: la Révolution naissante avait tenté de traiter avec elle; elle tente à son tour de transiger avec la société issue de la Révolution.

Les incompatibilités éclatent bientôt de nouveau, et la vieille royauté s'évanouit cette fois sans retour.

La France essaie d'une royauté élue et d'une imitation des institutions anglaises.

Les éléments du régime politique de l'Angleterre n'existaient

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