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EUVRES COMPLETES

DE N. THIÉBAUT,

DOCTEUR EN Théologie.

TRAITÉ DE LA RELIGION ET DE LA DÉVOTION VÉRITABLES,

CONSIDÉRÉES DANS LEURS PRINCIPES ET DANS leur objet PRINCIPAL, Y JOINTS LES CARACTÈRES QUI DISTINGUENT LA VRAIE DÉVOTION DE LA FAUSSE, AVEC QUELQUES AVIS AUX CATHOLIQUES.

EN FORME DE PRONES.

ÉPITRE DÉDICATOIRE A MM. LES PHILOSOPHES.

Messieurs,

Comme il y a deux sor.es ue philosophie, l'une vraie et l'autre fausse, l'une trèsbonne et l'autre très-mauvaise, l'une amie de la révélation, l'autre ennemie de toute religion surnaturelle, je dois aussi parmi vous, Messieurs, distinguer deux sortes de philosophes les uns, voués à la saine philosophie; les autres, décidés pour cette philosophie que nous appelons vaine et trompeuse, lorsque nous parlons le langage du docteur des nations (1). C'est, Messieurs, de cette distinction que je pars ici pour vous faire à tous l'hommage de cet ouvrage intitulé: Traité de la religion, etc., pour vous marquer à tous les motifs de cet hommage, et d'abord à vous, Messieurs les croyants: voici ceux qui vous concernent, avec les expressions de la charité la plus sincère et la plus vive.

Remerciez souvent le Seigneur de vous avoir appelés à la philosophie de son Evangile; plaignez sincèrement ceux que la lumière n'éclaire pas; craignez que son flambeau ne tombe de vos mains; pourquoi? C'est que tous les vents d'erreurs semblent avoir aujourd'hui brisé leurs chaînes, s'être échappés de leurs cavernes ténébreuses, souffler contre ce phare sublime qui, du

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haut des cieux, nous guide sur cette mer orageuse. L'enfer, n'en doutons plus, Mes sieurs, l'enfer et tous ses suppôts ont réuni tous leurs efforts pour prévaloir contre les portes de l'Eglise. Que de brochures, que de milliers d'infâmes brochures écrites depuis vingt ans, depuis deux ans surtout, contre notre sainte religion, contre ses ministres, contre ses dogmes, contre ses rits, contre ses livres (2), contre ses membres les plus respectables (3), contre ses augustes chefs (4) Depuis dix-huit mois, combien de feuilles, de milliers de feuilles satiriques, contre les chefs de l'Eglise et contre ceux de l'Etat, contre les mœurs et contre la piété attaquée, tantôt sous son propre nom, tan

tôt sous celui de la dévotion !

Saisi d'étonnement, je me suis quelquefois demandé, étant à Paris, quelle est cette capitale où se crient, où se vendent hautement ces feuilles exécrables : est-ce Babylone? est-ce Sodome? Quel a donc dû être mon étonnement, lorsqu'une députation est venue féliciter la nation d'avoir détruit la superstition? Car qui ne sait ce que signifie aujourd'hui le mot superstition? Qui ne sait qu'il signifie religion révélée? Je veux bien supposer que les orateurs l'entendaient autrement; mais les galeries, toujours prêtes

(4) Témoin l'Histoire critique de Jésus-Christ, pour dire mieux. les fables scandaleuses inventées contre l'innocence, la sainteté, les perfections infinies de Jésus-Christ.

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à applaudir à...., s'y trompaient elles? Le fait n'est donc malheureusement que trop certain le serpent qui, autrefois, se glissait tout tremblant sous des feuilles arides où il laissait secrètement son poison d'impiété, quitte aujourd'hui son repaire; il lève sa tête orgueilleuse, il paraît à découvert, il passe hardiment jusque dans nos maisons, il pénètre jusque dans nos assemblées; et là, l'indécent tissu qu'il avait commencé sous ses feuilles empoisonnées, il le continue par le fil de ses discours captieux, il le consomme à l'aide de son exemple.

Voilà, Messieurs, les trois grands moyens que l'enfer et ses suppôts emploient pour ébranler votre foi. Vous y êtes fermes comme le roc, je le crois volontiers; mais tant de machines dressées contre ce roc, tant de coups si puissamment dirigés contre ce roc, ne le renverseront-ils pas enfin? Bien plus, Messieurs, ne vous apercevez-vous pas peutêtre déjà de quelque brèche, de quelque affaiblissement? De là donc ce que j'avais l'honneur de vous dire en commençant cette épître « Vous êtes aujourd'hui debout dans la foi, ne vous en prévalez pas; mais plutôt craignez-en la perte time. Craiguez tout écrit qui l'attaquerait, time; craignez toute conversation qui l'affaiblirait, time; craignez tout exemple qui la corromprait, time; fortifiez-la chaque jour en en formant des actes, en veillant à la conservation d'un dépôt si précieux, en lisant les livres destinés à son appui. »

Tel est, messieurs, le Traité que je vous dédie aujourd'hui. Vous y trouverez la plupart de ces grands principes de crédibilité sur lesquels porte tout l'édifice de votre foi, et avec eux, la clef de solution à toutes les objections de l'incrédulité. Ce que vous y aurez remarqué de défectueux, vous le corrigerez; ce que vous y aurez remarqué de bon, vous le perfectionnerez. Cette perfection de votre part est, Messieurs les croyants, Messieurs les philosophes du ciel, l'unique marque de reconnaissance que j'attends de vous pour l'hommage du Traité que je présente à cet instant à votre piété pour l'entretenir et la fortifier (5).

Je vous le présente aussi, et de la même main, à vous, Messieurs les mécréants! à vous, Messieurs les philosophes du siècle! ne mériteriez-vous pas même ici quelque préférence? Un berger quitte quatre-vingtdix-neuf brebis dociles pour en retrouver une qui s'est écartée du troupeau; il cherche celle-ci par monts et par vaux; il la poursuit dans ses voies tortueuses, se couvrant de sueurs, s'épuisant de fatigues, comptant pour peu toutes ses peines, s'il réussit à la ramener. Puis-je me souvenir de cette parabole évangélique, et n'y pas voir que vous méritez ici une sorte de préférence sur Messieurs les croyants?

(5) Les vrais croyants trouveront aussi en cette troisième partie, quatre avis importants à tous les catholiques, surtout dans les circonstances fàcheu

A Dieu ne plaise que je vous perde jamais de vue, que je cesse jamais de vous aimer, que je vous exclue jamais du cercle où la prudence m'oblige de renfermer mon zèle, que jamais votre manière de voir soit pour moi le motif d'une exclusion si contraire au vrai zèle. « Que ceux-là sévissent contre vous, qui ne savent pas combien il faut de recherches laborieuses et pénibles pour trouver le vrai et éviter le faux ! Que ceux-là sévissent contre vous, qui ne savent pas combien il est difficile de guérir l'œil de l'homme intérieur, de manière qu'il puisse regarder son soleil, qui est celui de la patrie! Que ceux-là sévissent contre vous, qui ne savent combien de soupirs, combien de gémissements sont nécessaires pour parvenir à quelque connaissance de la divinité et de ses mystères. »>

C'est, Messieurs, ce que saint Augustin disait aux manichéens, ce que je vous répète du fond de mon âme; ce que je vous répéterais encore, fussiez-vous dans les mêmes erreurs que ces anciens hérétiques. Eh! Messieurs, cesseriez-vous, pour cela, d'être mon prochain? Perdriez-vous pour cela le droit qu'en cette qualité vous avez sur moi? Serait-ce pour moi une raison de me dispenser de vous payer une dette commune à tout homme envers tout homme? celle de lui vouloir et lui procurer les mêmes biens que nous désirons pour nous-mêmes? celle de nous occuper de son salut qui est le premier de tous les biens? celle d'y employer nos prières près de Dieu, et, quand nous le pouvons, nos écrits près de lui?

C'est en ce dessein, Messieurs, qu'aujourd'hui je vous dédie ce traité sur la religion et la dévotion véritables. Parmi vous, il en est qui nient l'existence de leur auteur et celle d'une loi naturelle. En ce traité, je vous démontre invinciblement que l'un et l'autre existent. Parmi vous, Messieurs, il en est qui nient la révélation judaïque et la révélation chrétienne. Ces révélations sont des faits, et ces faits, je les démontre par tous les genres de preuves d'où peut résulter la certitude morale au plus haut degré. Examinez-les, Messieurs, sans aucun préjugé, avec le désir sincère de connaître la vérité, dans la disposition de lui faire hommage lorsque vous l'aurez connue; à ces conditions si justes, votre conversion est faite; je m'en tiens assuré, tant je le suis des preuves que vous trouverez déduites en cet ouvrage.

Pour vous rendre sa lecture plus facile, je l'ai écrit en ce style simple qui convient à une bonne cause, et qui épargne au lecteur la peine de deviner la pensée de l'écrivain.

Pour prévenir les plaintes de ceux qui l'auraient trouvé, ou trop court, ou trop long, voici encore ce que j'ai fait :

Pour satisfaire les premiers, comme je n'ai dissimulé aucune de ces objections que

ses où nous nous trouvons et où les pasteurs doivent mettre les fidèles confiés à leurs soins, à l'abri de tout vent des nouvelles doctrines

la philosophie appelle raisonnables et sérieuses; j'ai aussi donné, à mes réponses, cette juste étendue dont elles sont susceptibles en un ouvrage de ce genre.

Pour satisfaire les seconds, j'ai impitoyablement retranché toutes ces difficultés minutieuses, qu'un esprit médiocre peut résoudre sans autre secours que celui du bon sens. Pour diriger l'aiguillon de la charité, de manière à ne pas blesser les errants en condamnant leurs erreurs, j'ai soigneusement distingué les personnes et les opinions; lors même, qu'imitant mon divin Maître, j'ai prononcé ces anathèmes malheur à vous, scribes et pharisiens! ça été pour en préserver les coupables et non pour les en frapper, non pour les attirer sur leurs têtes.

:

Pour écarter une prévention qui pourrait retarder le succès de mon projet, celle qui me représenterait comme un intolérant; je fais ici, Messieurs, ma profession de foi; je suis ce qu'absolument je dois être : 1° Je suis parfaitement convaincu de la nécessité d'une révélation; 2° je suis intimement persuadé que le christianisme seul jouit de la lumière éclatante de cette révélation; 3° je tiens invariablement à ce principe, que, sans la foi de cette même révélation, il est impossible de plaire à Dieu (Hebr., XI, 6), et à toutes les conséquences qui en suivent, savoir: 1° qu'il est donc impossible que nos philosophes athées, matérialistes, sceptiques, déistes, épicuriens ou stoïciens, etc., plaisent à Dieu; savoir: 2° qu'ils lui déplaisent donc formellement; savoir: 3° qu'ils n'auront donc point de part à son héritage, que leur portion sera donc dans les ténèbres extérieures.

Si c'est là être intolérant, je vous avoue, Messieurs, que je le suis. Je vous avoue que si je tenais le dernier exemplaire de chaque

(6) Au moment où j'écris ceci, j'ouvre un ouvrage récent d'un auteur anglais, aussi fort en raisonnements que profond en pensées. A la page 234, je iis La cabale philosophique ou littéraire avait formé, il y a quelques années, quelque chose de très-ressemblant à un point régulier pour la destruction de la religion chrétienne... Son zèle est un zèle violent, atroce, d'une espèce inconnue jusqu'ici dans le monde.... Un esprit de cabale, d'in

écrit contre ma religion, j'en ferais ce que saint Paul fit des mauvais livres des Ephésiens. Je vous avoue enfin que je crois exercer une grande charité envers mon prochain, en mettant toutes les brochures antichrétiennes, les modernes comme les anciennes, dans tout le discrédit possible. N'est-ce pas un acte d'une grande charité, d'arrêter dans son cours ce qui conduit à un malheur éternel? N'est-ce pas le terme où mènent tous les écrits insidieux de la petite philosophie du siècle? N'est-ce pas une injustice criante de sa part de se donner la liberté d'écrire contre ma religion, et de me refuser la liberté de repousser tous ses traits? de me qualifier intolérant si je le fais? Quoi! elle aurait le droit de publier l'erreur, et je n'aurais pas le droit de publier la vérité opposée à l'erreur? Non, Messieurs, je ne tolérerai jamais aucune doctrine contraire à la révélation évangélique; je la combattrai partout où je la rencontrerai.

Et je le ferai sans aucun préjudice à la charité chrétienne. Et je tolérerai toujours la personne dont je me propose de ne pas tolérer l'erreur. Non-seulement je la tolérerai, mais je l'aimerai, mais je saisirai toutes les occasions de lui être utile, mais je prou verai, par tous les moyens possibles, mon parfait dévouement à l'obliger dans l'ordre de la société, et plus encore dans celui de la religion.

Ces sentiments, Messieurs, sont ceux que m'inspire la nature, et cette grâce qui parle encore plus fortement en moi que la nature. Ce sont ceux avec lesquels je suis, Messieurs,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur, THIEBAUT, curé de Sainte-Croix. (6)

trigue et de prosélytisme domine dans toutes leurs pensées.... Elle s'est introduite chez les princes étrangers.

A la pag. 359, il cite, comme en preuve de son observation, ces mots de.... il faut renouveler le peuple français, changer ses idées, ses lois, ses mœurs, les hommes, les choses, les mots... Il faut tout détruire, oui tout détruire; presque tout est à recréer. (Réfl. sur la rév.)

OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.

I. N'avons-nous donc pas un nombre suffisant de traités excellents sur une matière aussi importante, depuis l'établissement du christianisme? Depuis cette époque célèbre jusqu'au jour présent, combien de pieux et savants écrivains ont exercé leurs talents et leur style sur les deux points que je viens d'annoncer? On peut voir dans le tome premier de M. l'abbé de Houtteville, un catalogue des auteurs qui ont écrit sur la première partie de ce traité, soit pour, soit contre la

religion chrétienne directement; contre la dévotion chrétienne indirectement. On peut mettre au rang de ceux qui ont écrit sur la seconde partie, tous les prédicateurs, tous les ascétiques qui ont parlé ou de la passion, ou des souffrances de Jésus; par conséquent des milliers d'écrivains.

II. Je rends ici hommage à la science profonde de ces grands hommes, au zèle qui les animait, à la prudence qui les guidait. J'avoue même qu'ils ont dit à leurs contem

porains tout ce que ceux-ci devaient savoir de ces sujets dont je me propose de parler. Je crois cependant pouvoir et devoir ajouter cet ouvrage à tant d'autres; voici les divers motifs qui m'y engagent.

111. Pour la première partie, j'en ai trouvé un dans les circonstances fâcheuses des temps et des lieux où nous vivons. Hélas! on y attaque notre sainte religion, non partiellement, comme on l'attaquait autrefois, mais universellement, et d'une manière beaucoup plus dangereuse. Au lieu qu'avant ce siècle, ses ennemis n'en voulaient guère qu'à ses branches, dans le nôtre, ils appliquent leur coignée jusqu'à son tronc même. Ici, c'est un téméraire déiste qui se déclare contre toute révélation. Là, c'est un athée, plus téméraire encore, qui ose nier l'existence de celui dont il tient la sienne. Tout près de là, c'est un vacillant sceptique qui doute, ou plutôt qui feint de douter de tout ce qui se passe et hors de lui et jusqu'en lui-même. Vous diriez que déjà ils sont passés, ces mille ans au bout desquels Satan doit être déchaîné pour reparaître sur la terre, et y répandre les erreurs les plus absurdes comine les plus monstrueuses. N'est-il donc pas nécessaire de les combattre? au mal présent ne faut-il pas opposer un antidote présent? C'est le principal motif qui m'a déterminé à donner la première partie de ce traité, à jeter de nouveau en ces lieux, les premiers fondements de la foi, à remonter jusqu'à ses premiers principes. Voici maintenant ceux qui m'ont engagé à y joindre la seconde partie, à traiter de l'objet principal de la dévotion chrétienne, de Jésus mourant sur la croix.

IV. J'en ai trouvé un premier dans l'esprit du christianisme, qui applique constamment celui du vrai chrétien à Jésus crucifié.

J'en ai trouvé un second dans la distraction habituelle où nombre de fidèles mêmes vivent par rapport à ce grand objet qu'ils devraient presque toujours avoir devant les yeux, et qu'ils n'y ont presque jamais, livrés, comme ils le sont, aux passions et aux plaisirs que le signe mystérieux de la croix condamne.

Un troisième qui m'engage à parler de Jésus en croix spécialement, je l'ai trouvé dans ma position, relativement au temps où je vis, à la place que j'occupe, aux menaces qu'on me fait... Relativement au temps où je vis, étant d'un âge dont les infirmités annoncent la dissolution prochaine des liens qui attachent l'âme au corps, vraie maison de boue; relativement à la place que j'occupe, ayant pour mon titre celui de curé de Sainte-Croix; relativement aux menaces dont depuis longtemps on essaie d'ébranler ma constance....; dirai-je qui? ou de la part de qui? Vous le savez, Seigneur, et cela me suffit pour que je m'attende à tout événement, dans un esprit de pénitence et de sacrifice.

Un quatrième motif, commun à chaque partie de ce traité, je l'ai trouvé dans la

nature des articles que je me propose de retoucher, après que tant d'autres les ont touchés. De leur fond, ne sont-ils pas inépuisables? Donc mille et mille auteurs auraient passé leur vie à développer les germes qui les renferment, je pourrais encore passer utilement mes dernières années, mes derniers jours, à en faire éclore un petit nombre pour édifier ceux dont j'ai le salut en vue, en composant ce traité.

V. Je l'appelle Traité de la dévotion. Ce terme n'est-il pas capable de prévenir contre lui plutôt qu'en sa faveur ? Ce qui m'en ferait presque douter, c'est que ce même mot, si pieusement employé dans les écrits des Pères, si souvent répété dans la liturgie, si religieusement inséré dans le canon de la messe, la plus sainte des prières ; ce mot, par tant de considérations, digne de notre respect, oui, ce mot est, de la part des petitsmaitres du jour, accueilli d'un souverain mépris. A les entendre, ces prétendants au bel'esprit, à les entendre, un dévot est, ou un ignorant, ou un imbécile, ou un enthousiaste et une tête exaltée; un homme, par principes, ennemi des plaisirs même les plus innocents, et toujours livré à la tristesse, à la mélancolie, à la crainte, à quelque idée noire.

VI. Sur quel fondement porte donc la déposition de ces accusateurs? Sur l'ennuyeuse conversation d'un petit nombre qu'il leur plaît d'appeler dévots? Pour montrer que la dévotion de ceux-ci est la cause certaine de leur tristesse, etc., il faudrait prouver que s'ils n'étaient point dévots, ils ne seraient ni tristes, ni mélancoliques, ni timides, etc. L'ont-ils jamais prouvé? Sur quoi donc est fondée leur déposition? Sur le mot dévotion? il ne signifie autre chose que dévouement ; dévouement de l'esprit à Dieu, pour croire en lui; dévouement du cœur à Dieu, pour l'aimer; dévouement de la volonté à Dieu, pour pratiquer ses commandements avec ferveur, avec promptitude, etc. Un tel dévouement produit-il essentiellement la tris

tesse?

VII. Pour prévenir toute équivoque sur ce point, s'il pouvait y en avoir, je dis : Traité de la vraie dévotion; dévotion trèsdifférente, 1° de cette dévotion pharisaïque qui est de pure ostentation; 2° de cette dévotion philosophique qu'on prétend concentrer dans le coeur et qui n'y fut jamais; 3° de cette dévotion superficielle qu'on fait consister dans les œuvres purement extérieures; 4 de cette dévotion populaire et minutieuse, qui fait du principal l'accessoire. et de l'accessoire le principal.

Malheur à tous ceux d'entre les fidèles dont la dévotion mérite une de ces odieuses qualifications! C'est l'anathème dont nous osons les frapper, à l'imitation de notre divin Maître parlant aux scribes de son temps, ou plutôt, c'est l'anathème dont nous voudrions les préserver tous, en les pressant de substituer à leur prétendue dévotion, une dévotion vraie, solide, chrétienne en un mot, et par conséquent digne de Jésus-Christ, digne

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