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ENIGM E.

Si t'on

I l'on coupe mon nom en deux,
Je fuis aux champs comme à la ville;
Mais mon nom le plus férieux
N'eft qu'aux champs inftrument utile.
Ma queue eft un chemin battu
Où l'on a vu paffer ma tête
Au retour de quelque conquête
Où fe fignala la vertu.

Ma queue eft par-tout exiftante;
Ma tête, autrefois triomphante,
Ne fert plus dans le champ de Mars i
Joignons ma queue avec ma tête,.
Et l'on verra, fi l'on m'apprête,
Quels biens ici bas je dépars.
Je prépare ta nourriture,

Lecteur, qui peut-être murmure,
De me voir cacher à tes yeux.
J'entre dans le fein de ta mère,
Et ne fuis pas plus meurtrière
Qu'au temps de tes premiers ayeux.
Mon état, à présent ignoble,
Eft pourtant l'état le plus noble;
L'honneur n'est qu'un palliatif
Que notre ambition invente,

D

Par une pudeur indécente,
Pour mafquer l'état primitif.

Tu me tiens, Lecteur, je le gage;
Mais conviens donc avec candeur,·
Que tu pâtirois davantage ́

Si tu me tenois comme acteur.

Par le Chantre de Blaifon, de Laval.

A UTR E.

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EMELLE maffive, intraitable,
Je n'ai jamais trouvé d'amans;
Sans fuer je danse long-temps
Ou fur le roc ou fur le fable,
Et mes fauts groffiers & bruyans,
Au lieu d'effrayer les paffans,
Sont d'un augure favorable.

LETTRE à M. DE LA PLACE, auteur du Mercure de France.

ME trouvant, Monfieur, il y a quelques jours dans une affemblée où on s'amufoit à deviner les Logogryphes du Mercure de Juillet, on me défia d'en faire fix autres fous les mêmes conditions que celles qui furent impofées à M. Fabre. Je joins ici ceux que je fis. Je ne fais fi vous les trouverez dignes de trouver place dans votre Journal.

Permettez moi, Monfieur, de faifir cette occafion pour vous renouveller les affurances, &c.

A Amiens 1765.

LAGACHE fils.

LOGO GRYPHE S.

JE fuis le char flottant d'une beauté chérie,

dont la couronne même eft fouvent embellie Mes diveries couleurs enchantent les regards Et me font admirer des amateurs des arts. Faut-il, ami Lecteur, t'en dire davantage? Je peux de la chaleur garantir ton vifage;

Je fuis l'arme d'un Indien;
J'offre le chantre d'Arcadie;

Je fuis ville de Picardie;

Dans un âge avancé l'on me prend pour soutien;"
Je deviens inutile au fort de la tempête ; ́
Si ce n'est point affez, cherche moi dans ta tête,
Second.

Envain, pour découvrir mon être
Chercheroit-on dans les cités,

Ce n'eft point dans ces lieux où l'on me voit paroître,

Je chéris les réduits les plus inhabités.
Si l'on veut maintenant faire mon analyse,
De la chafte Déeffe on trouve l'inftrument;
Le métal amoureux de la fille d'Acrife ;
Un corps que le Nocher évite prudemment ;

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Un attribut de la richeffe ;

Et le beau jour qui doit t'unir à ta maîtresse.

Troiséme.

Jadis aux champs de Mars j'étois très-néceffaire,
Des plus braves guerriers j'accompagnois les pas,
Et Pélée autrefois m'accepta de Pallas.
Si ce début n'a point de quoi te fatisfaire;
Je préfente l'endroit le plus bas des vaisseaux រ
Une lente monture; un ton dans la musique;
Une Abbaye en France; un oifeau domestique;
Un fauvage animal enfin un amas d'eaux.

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