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de saint François de Sales pendant qu'il prêchait. La majesté divine, qui annonçait autrefois par des flammes visibles sa présence au-dessus du Tabernacle, quitta le Saint des saints quelque temps avant la ruine de Jérusalem avec un bruit qui ressemblait à celui de la tempête, comme le rapporte Josèphe. C'est avec l'impétuosité et le bruit de la tempête aussi qu'elle entre aujourd'hui dans la maison des fidèles de la nouvelle alliance. L'ancienne loi avait été donnée ce même jour aux Juifs sur le Sinaï, 1,500 ans auparavant. Le mont Horeb alors avait été ébranlé jusque dans ses fondements et enveloppé de nuages. Pendant que de son sommet sortaient des torrents de flamme et de fumée, Moise descendit, le visage enflammé, pour proclamer, en présence du peuple d'Israël, les commandements du Décalogue. Aujourd'hui le mont Sion remplace le Sinaï. Aujourd'hui parmi les mêmes signes est fondée l'Église de la nouvelle alliance. Un nouveau Moïse annonce aux Juifs étonnés la fin de l'ancienne loi, l'accomplissement de toutes les prophéties et la résurrection des corps accomplie dans la personne du Christ, prémices des ressuscités. Le miracle des langues avait eu lieu aussi, d'après la croyance des Juifs, lors de la fondation de l'ancienne alliance. Car les rabbins, s'appuyant sur ces paroles de l'Écriture: « Et tout le peuple << entendit les voix, » croyaient que, lors de la promulgation de la loi, la parole s'était partagée en soixante-douze langues, de sorte qu'elle pouvait être entendue par toutes les nations de la terre. Mais ce qui n'était chez les Juifs qu'une tradition sans fondement se produisit au commencement de la nouvelle alliance comme une réalité incontestable.

A la Pentecôte, on présentait à Dieu dans son temple les premiers pains de la nouvelle récolte de blé. Aujour d'hui 3,000 hommes, prémices de tous les peuples de la terre, furent moissonnés pour le Seigneur à la prédication de Pierre, et ramassés dans les greniers du royaume de Dieu. De même que chez les Grecs la fête des jeux olympiques était établie afin d'entretenir le sentiment national parmi les diverses branches de la grande famille des Hellènes, ainsi en était-il chez les Hébreux de leurs trois grandes fêtes, qui se célébraient aux trois époques principales de l'année: celle de Pâques immédiatement avant, celle de la Pentecôte immédiatement après la moisson, et celle des Tabernacles après la vendange. Aujourd'hui tous les peuples qui sont sous le ciel, et qui s'étaient séparés autrefois à Babel, se retrouvent ensemble dans leurs représentants, et ne forment plus qu'une seule et même société. Il y avait en effet à Jérusalem en ce moment des hommes appartenant aux trois branches de l'humanité et aux trois langues mères parlées sur la terre. Parmi les enfants de Sem il y avait des Élamites, des Mésopotamiens, des Lydiens, des Arabes et des Juifs. Les descendants de Cham étaient représentés par des Égyptiens, des Lydiens ou des Cyrénéens, des Indiens du Caucase ou habitants de la Colchide, des Cananéens ou Phéniciens. Les fils de Japhet, enfin, étaient représentés par des Romains, des Grecs, des Parthes, des Mèdes, des Crétois, des Pamphyliens, des Cappadociens, des Phrygiens, etc.

Et tous ces peuples, quoique parlant différentes langues, comprenaient les discours des apôtres et les paroles enflammées de Pierre, leur chef. Car il se faisait en ce jour le

contraire de ce qui s'était passé à Babel. Là l'esprit de Dieu était descendu pour confondre le langage des hommes, et les forcer ainsi à se séparer. Ici il descend encore; et les langues, qui s'étaient divisées alors, se retrouvent dans un même langage, compréhensible pour tous. Une nouvelle idée est entrée dans le monde, pour ne faire de tous les peuples qu'une seule famille; et ils se reconnaissent aujourd'hui devant le représentants de Dieu comme les enfants d'un même Père. La parole qui leur est annoncée est la parole catholique et universelle; et c'est pour cela que toutes les tribus de la terre se retrouvent aujourd'hui formant une seule société spirituelle et visible à la fois, par le lien de cette religion qui unissait à l'origine les peuples et les langues. Aussi les Pères de l'Église ne craignent pas d'appeler les faits qui se passent aujourd'hui la contre-partie de Babel. C'est du moins ce que l'évangéliste saint Matthieu dit au chambellan de la reine d'Éthiopie dans l'histoire apocryphe des apôtres, composée par Abdias.

Par le péché l'homme s'était détourné de Dieu, et, se tournant vers la nature, il y avait mis en quelque sorte toutes ses pensées et toutes ses affections. C'est pour cela que dans l'ancienne alliance Dieu se manifeste au genre humain, soit aux Juifs, soit aux païens, comme Père irrité. Mais l'incarnation du Verbe mit de nouveau en rapport l'humanité avec les trois personnes divines. Ce rapport, devenu sensible pour la première fois au baptême de Notre-Seigneur, se produit aujourd'hui d'une manière éclatante dans l'effusion du Saint-Esprit. C'est pour cela que la Pentecôte est l'accomplissement et la fin de toutes les anciennes révélations et le jour où fut fondée sur la

terre l'Église de la nouvelle alliance. Le Saint-Esprit est le principe de la vie surnaturelle. Or la vie de l'Église consiste dans les sept sacrements, qui forment pour elle les sources de la grâce et du salut. Ils étaient représentés dans l'ancienne alliance par les sept lampes du chandelier d'or, et dans l'Apocalypse par les sept yeux de l'agneau, qui signifient les sept manifestations de l'Esprit divin. C'est dans ces fêtes de la Pentecôte que les sacrements ont été pour la première fois donnés aux fidèles comme un présent du ciel. Et dans ces sept jours des fêtes de la Pentecôte, avec la création spirituelle qui s'y accomplit, se reflète cette grande semaine de la création matérielle dont nous parle la Genèse.

La rédemption opérée par le Christ a versé ses divins reflets jusque sur le monde des corps. La terre, reléguée autrefois au fond des espaces et considérée comme un corps à part et indépendant du soleil, a été replacée dans ses vrais rapports par une science plus exacte et plus attentive. Le système de Pythagore, qui regardait la terre comme immobile et faisait tourner le soleil autour d'elle, était généralement admis dans le paganisme, dont toutes les théogonies reposaient sur la même base. C'était la terre qui était la mère souveraine des dieux. C'est d'elle qu'ils étaient montés au ciel; et jusque dans l'Olympe ils participaient encore aux faiblesses terrestres. C'est la science chrétienne qui, partant d'un point de vue plus élevé et s'appuyant sur des observations plus exactes, proclama l'existence d'un centre plus haut autour duquel se meut l'univers.

Il est vrai que plusieurs parmi les anciens entrevirent cette idée. Déjà Aristote écrivait, dans son livre du Ciel,

11, 13, que, d'après les pythagoriciens, le feu était au milieu du monde, et que c'était en tournant autour de lui, comme une étoile, que la terre engendrait l'année, et ils appelaient ce centre foyer et unité. Mais DiogèneLaërce, Aristarque de Samos et Séleucus enseignèrent très-positivement la rotation annuelle de notre planète autour de l'axe du monde, et proclamèrent que cet univers n'est qu'un point en comparaison des étoiles fixes. Il paraît même que Cléanthe fut accusé devant l'aréopage pour avoir soutenu cette doctrine. Il n'est donc pas étonnant que nous la retrouvions parmi les contemporains

du Christ.

Nous avons un témoignage remarquable à ce sujet dans le Sohar, ce livre qui contient, pour ainsi dire, toute la métaphysique et la théosophie des temps antérieurs au christianisme, les plus anciennes traditions des Juifs, les spéculations des rabbins, ce livre inexploré et presque inconnu jusqu'ici, qui, mieux étudié un jour, donnera peut-être naissance à quelque nouvelle secte dans l'Église, mais qui donnera aussi le coup de mort à cette interprétation aride et rationaliste des Écritures que le protestantisme a mise en vogue. Voici donc ce que nous lisons dans le Sohar, qui cite lui-même ce passage comme étant tiré d'un ouvrage plus ancien. « Dans le livre du R. Ha<< menuna, il est dit que toute la terre tourne en cercle << comme une boule; de sorte que, parmi ses habitants, a les uns sont en bas, et les autres en haut. Toutes les «créatures sont différentes selon la diversité du climat, « conformément au lieu qu'habite chacune d'elles. Il <«< arrive aussi sur la terre que, lorsque le jour luit pour << les uns, les autres ont la nuit; et lorsque ceux-ci ont

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