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ENIGM E.

DE la Grèce, Lecteur, je tiens mon origine,

Je fuis Grec en un mot : nul n'en pourroit douter, Puifqu'ainfi mon nom se termine.

Quoi qu'il en foir, à bien compter, Je n'ai qu'un pied; il ne faut

pas omettre Que fort fouvent il en vaut deux.

C'eft ici que tu dois t'attacher à la lettre.

I

Ne me cherches pas

loin, je fuis devant tes yeux.

(Par M. F. G...., de Sédan.)

SUR

LOGO GRYPHE.

UR mes hait pieds, aux Princes de la Terre
Je verse un nectar précieux;

Mon chef à bas, une tendre Bergère
Me fait entendre aux échos amonreux.

(Par Mile Brifoult, à Saint-Dizier.)

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

ÉLOGE de Fontenelle, Difcours qui a obtenu 'une mention honorable au jugement de l'Académie Françoife en 174, par M. le Roi, Ancien Commillaire de la Marine.. En écrivant j'ai toujours tâché de m'entendre. Font. A Paris, chez Demon ille, Imprimeur Libraire de 1 Académie Fran coife, rue Chriftine.

LE Difcours de M. le Roi, préfenté deux fois au Concours de l'Académie Françoife, y a toujours eu beaucoup, de fuccès. Il vient d'obtenir cette année une mention honorable, & l'année dernière plufieurs voix opinèrent pour lui décerner le Prix. M. le Roi s'eft plaint, en vers très heureux, de n'avoir obtenu que l'honneur d'une méntion; & cela peut être fâcheux en effet après avoir touché à la couronne. Les plaintes de ce genre font communes; mais ce qui n'eft pas commun, c'eft de les faire comme M. le Roi, en vers pleins de douceur & d'aménité. Quelle idée excellente on doit prendre de l'âme qui exhale ainfi fes reffentimens!

M. le Roi a choifi pour épigraphe ces mots de Fontenelle, qui paroiffent fi fimples & qui font fi fins : En écrivant j'ai toujours A

táché de m'entendre. On voit que M. le Roi y a toujours réufli, & il ne paroît pas qu'il y ait tâché. Son ftyle pur & tranfparent laiffe voir au premier coup d'oeil jufqu'au fond de fes idees. C'est un mérite qui ne devroit pas être remarqué s'il n'avoit jamais approfondi fon fujet; mais il eft clair lors même qu'il eft ingénieux; il fait entendre facilement à tout le monde ce que lui feula penfé: c'eft là le mérite. Je connois des Écrivains qui fe vantent d'être fort clairs; & je vo's en effer qu'ils difent fans obfcurité des chofes que tout le monde dit clairement depuis des fiècles. Mais fi quelqu'un fe vantoit de voir clair en plein jour, ferois je obligé pour cela de prendre une haute idée de l'excellence de fa vûe? Ce qui eft difficile, & ce qui mé→ rite des éloges, c'eft d'avoir des idées qui n'ont jamais été exprimées, & de les exprimer avec netteté. C'eft de pénétrer dans des endroits obfcurs & d'y porter la lumière; le génie même n'y parvient pas toujours au premier coup. Lifez le fecond Livre du Contrat Social de Rouffeau, vous croyez parcourir des théorèmes de géométrie énoncés en fignes algébriques. Voyez. enfuite les mêmes idées exprimées vingt ans après dans fon écrit fur la Légiflation de la Pologne; elles ont pris de la facilité, de la clarté, de la couleur, ce ne font plus que les fentimens univerfels de l'homme, revetus des plus belles images de la Nature. On eft obligé d'être plus clair encore dans les matières de

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goût; car, comme le dit fi bien Vauvenargue, ce qu'on ne comprend pas au premier coup, n'eft pas du reffort du bon gour. On fe tromperoit pourtant encore fi l'on prenoit cet excellent principe à la lettre. Que d'intentions, que de beautés dans le ftyle de Racine, qui font demeurées longtemps cachées pour les commoiffeurs les plus délicats! Dans un Poëre, une beauté qu'on. ne fent pas, c'eft comme une idée qu'on ne comprend pas dans un Philofophe. Il a fallu un fiècle, a dit le Panégyrifte de Racine, pour découvrir toutes les beautés de fon ftyle. Racine ne manquoit pas de clarté, mais fes Lecteurs manquoient de lumière.

A cette facilité continuelle de fon ftyle, M. le Roi joint continuellement je ne fais quelle aménité qui eft dans le ftyle un ca ractère bien plus aimable encore; fes idées paroiffent moins naître de la réflexion, que d'un fentiment vrai & honnête des chofes ; & voilà pourquoi fans doute leur lumière eft fi pure & fi douce. Dès l'exorde on fent cette impreffion qui fe répand fur tout le Difcours.

"En commençant l'Éloge de Fontenelle, »je me trouve embarraffé, je l'avoue, non des chofes que j'ai à dire; car quel fujet fut plus abondant! mais du ton que je » dois prendre & de l'accord qui doit régner » entre mon fujet & mon ftyle. Non feulement le Panégyrique fe prête difficilement » aux grands mouvemens de l'éloquence;

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mais de plus les vertus & les talens de Fontenelle ne lui compofant qu'un mérite ■ d'un ordre privé, permettent moins d'elé

"

vation à l'Orateur, que les talens & les » vertus publiques des d'Aguefseau, des » Montaufier, des L'Hôpital. Craignons » donc ici la fauffe chaleur & la déclama » tion. Ofons prendre, s'il le faut, un ftyle

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fimple. O Fontenelle! heureux qui, comme » toi, fauroit répandre des grâces fur cette fimplicité! Mais du moins el pérons beaucoup de l'intérêt que ton nom feul inf pire, à quel véritable Amateur des Lettres feroit-il indifferent? Je vois dans cette Af» semblée, & parmi les Membres de cette » Académie, quelques perfonnes qui t'ont » connu, & qui étoient dignes de te con » noître: il en eft dont la postérité le fou» viendra comme de toi. C'eft en leur pré» fence que nous célébrons ta mémoire; ra gloire eft mûre pour les éloges, quoique » la génération qui t'a vû ne foit pas encore » éteinte. Heureux vieillard ! tu embraffas » dans une carrière de cent années la moitié » de notre fiècle & du beau fiècle de Louis » XIV: ta fus l'ornement de tous les deux,

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& comme le lien qui les unit. Tes Écrits » influèrent d'une manière marquée fur tous » les efprits; tu fus joindre aux grâces de la » poéfie la févérité des sciences; mais malgré » l'étendue & la variété de tes talens, qui fixèrent fur toi l'admiration publique, le Philofophe te trouve plus admirable &

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