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» ont ache é leurs biens fonds au taux d'un rê» venu, dont la dime eft néceffairement déduite, » & qu'ainfi vous leur faites un facrifice injufte » autant que gratuit, puifqu'ils n'en ont jamais payé le prix. De pareils débats, & le tu» multe qui trouble les Séances depuis quelques » jours, font un fcanda'e prémédité.

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M. l'Abbé de Montefquiou défendit de même les intérêts du Clergé. Les dimes lui appartiennent, & la Nation ne peut les lui ravir; ce n'est pas d'elle qu'il les tient. Quand elle les auroit données, elle ne pourroit les reprendre, & ne le devroit pas. L'Orateur remonta à l'origine des dimes, à leur confècration depuis Charlemagne, à leur emploi jufqu'à nos temps; & de leur ancienneté comme de leurs confirmations par les Rois de France, il en induifit leur légitimité.

Un Député de la Nobleffe ramer a les idées contraires. Le payement des Eccléfiaftiques est levé, dit-il, fur le quart du rapport des terres, diminution faite des dépenfes de culture. Cette coutume eft barbare; elle doit fon origine aux temps barbares; elle fait partie des vexations de la féodalité. C'est une fource de haines, de divifions, d'injuftices. Elle fe lève également fur l'abondance & fer la férilité. Son abolition eft donc une loi des plus fages que vous, puiffiez décréter.

M. Gara cadet réfuta enfuite les Avocats du Cle gé, par une longue differtation, qu'on ne voulut pas entendre, qui fut repouffée comme difcuffion philofophique, & qui n'étoit pas achevée, lorsque ce Député quitta la tribune. Il paroît qu'il s'étudia à prouver que la Société avoit préexifté au Clergé & à tous les Corps; que ceuxci étoient, dans l'Etat, maîtres de les détruire comme il les avoit créés: il répéta les argumens de M.

Chaffet fur la différence des propriétés Laïques & des propriétés Eccléiaftiques, &c.

La tribune n'étoit plus abordable, fans encourir l'affaut des clameurs redoublées. On a paffe aux voix par affis & levé fur l'Arêté du Comité. La majorité eftant douteufe, on a voulu recourir à l'appel, lire les divers Arrêtés propofés par divers Opirans mais le déford e, es interruptions, le tumulte croiffoient de minute en minute; on quit toit fes places pour fe confondre au milieu de la falle, & l'Affemblée s'eft difperfée fans prendre de réfolution.

Du Mardi 11 Aour. Un des Secrétaires s'eft plaint de la Scène tumultueuse de la veille; après quoi, un Membre des Communes a fait une for rie furieufe contre le Clergé, à l'occafion des dîmes; & a traité toute réc'amation à ce sujet, comme un attentat fur les droits de la Nation. M. Ricard de Seault, Député de Toulon, a défendu les mêmes principes avec moins de colère, en difant :

"On nous offre la liberté de racheter des dimes, & on nous l'offre comme un facrifice! Mais réfléchit-on fur le fiècle dans lequel nous vivons? Comment entend on que nous rachetions les dimes ... en entier ? nous groffiffons les revenus du Clergé, & nous les mettons à l'abri des hafards des faifons... En détail nous mettons le Clergé dans la néceffité de tenir des registres, qui, dans les fiècles à venir, lui ferviront d'armes contre nos defcendans... Et que fera devenue cette liberté après laquelle vous foupirez depuis tant de fiècles? Mais les droits de l'Eglife font-ils plus facrés, doivent-ils être plus refpectés que ceux de la Nobleffe? Et lorf que les repréfentans de cet Ordre se levoient la nuit du 4 avec tant d'enthousiasme, pour vous donner l'exemple d'une générofité patriotique, loriqu'il

erfqu'il concouroit avec vous à détruire l'hydre de la Féodalité, penfiez-vous qu'au lieu de facrifier à fon tour, il cherchoit à augmenter fa richelle & fa puiffance fur les débris de votre Patrimoine ?

n Vous ne tomberez pas dans ce piége. La fuppreffion de la dime eft le feul moyen qui puifle remplir vos vues; & cette fuppreffion, vous vous hâterez de la prononcer; oui, vous abolirez cet impôt défaftreux; vous délivrerez l'agriculture de ce fléau deftru&teur; & en le remplaçant par un équivalent équitable & jufte ment réparti, vous ferez cefler cette énorme difproportion qui exifte entre les revenus des Minif tres des Autels...

» La Nobleffe & les Communes ont fait des facrifices... Quel eft donc ce'ui du Clergé è Compteroit-il l'abolition des Annates? compteroit-il la défenfe de curauler à l'avenir plufieurs bénéfices für une même tête ? compteroit-il a renonciation que ces généreux Curés Congruiftes de campagne, ont fait de leur cafuel ?...

» C'est trop héfiter: empreflez-vous à profcrire les dimes, conformément au projet de M. Chasset; finon, déclarez qu'il n'y a pas lieu de délibérer; rejerez au loin cet article de l'Artêté qu'il vous eft fi preffant d'envoyer dans les Provinces; ne fouffrez pas qu'il fouille la nuit du Patriotifme François : annoncez au peuple ce que vous vouliez faire pour lui; demand z lui de nouveaux pouvoirs, fi vous n'avez pas le courage de franchir les difficultés dont on Veut vous environner, & attendez le Haut Clergé à la Conftitution... Tout autre parti, je ne crains pas de le dire, eft indigne de vous, & vous déshonoreroi pas foulement aux yeux de vos commettans, mais de toute l'Europe qui vous contemple.

, je ne dis

No. 34. 22 Août 1789.

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Cependant, en prenant ce parti, n'oubliez pas les hommages que vous devez à ces Eccléfiaftiques généreux qui viennent, par un arrêté digne d'eux, de remettre leurs dimes entre les mains de la Nation: permettez-moi de vous en faire lecture; je m'applaudis trop d'être l'organe de ces vertueux pafteurs, qui font MM. Broue, de Thionville; Maffieu, de Sergé; Deffe, de SintAubin; Dillon, Curé de Fouzanges; David, Curé de Lormaifon; Gaffendi, Curé de Barras, & plufieurs autres.

A ces mots, on a vu fe renouve'er la scène du 4, les Curés courant au Bureau figner leurs rεnonciations. M. l'Abbé du Plaquet, Député des Com munes de Saint-Quentin, s'eft démis d'un Prieuré, en difant que, malgré l'éloquence énumérative de M. de Mirabeau, il étoit trop âgé pour g gner fon falaire, trop honnête homme pour voler, & fes fervices paffés devoient le mettre à l'abri de la mendicité.

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Les applaudiffemens fendoient les voûtes de la falle, & privoient de la parole M. l'Archevêque de Paris, qui attendoit dans la tribune l'instant de pouvoir fe faire entendre.

Nos Collègues, s'eft-il écrié, n'ont fait que devancer le facrifice que nous offrons tous à la pattie : nous remettons dans les mains de la Nation toutes les dimes Eccléfiaftiques, & nous nous confions entièrement en fa fageffe. Que l'Evangile foit annoncé, que le culte divin ne perde rien de fa décence, que les pauvres foient foulagés. Voilà l'objet de nos voeux, le but & la fin de notre ministère; & nous espérons trouver dans vos lumières des fecours néceffaires pour des objets aufli importans.

A peine les battemens de mains ont-ils permis à M le Cardinal de la Rochefoucault de dire que la déclaration unanime du Clergé effaçoit toutes

les fignatures, & en tenoit liea. M. l'Evêque de Perpignan a exprimé les mêmes fentimens, en écartant les fignatures particulières: le C'ergé en Corps s'offroit en facrifice; fac ince dont l'ab-, fence, la maladie, cu des mandats impératifs pouvoient priver quelques-uns des Eccléfiaitiques Députés.

Un des Opinar's vouloit déchirer 'es fignarures; M. le Préfident fe rendoit également à une déclaration commuse, tandis que M. Barnave péroroit pour une Délibération, pour un Arrêté. M. Camus infiftoit fur le même avis: dix voix s'élevoient & étoient étouffées par le bruit géné ral; enfin M. l'Evêque d'Auuun a demandé l'Arrêté de M. Chaffet, avec adoption unanim. Chaoun propofoit une claufe additionnelle ou explicative; M. Lanjuinais rappeloit toutes les dimes que conques appartenantes aux Gens de main-morte; M. Camus, celles abandonnées aux Décimateurs inféodés, dans le cas d'option de la portion congue; M. l'Evêque de Clermont f pplicit qu'on fe fouvint de laiffer fubfifter les dimes jufq l'au nouveau régime qui en tiendroit ieu. M. de Grosbois, qu'on fit attention aux Hôpitaux, poffe feurs de dimes Eccléfiaftiques: celles de l'Ordre de Make ont eu 'eur tour, ont participé à la fuppreffion commune, ap ès des débats irréguliers & peu écoutés.

M. Fréteau a commencé la lecture d'une nouvelle rédaction de l'Article; lecture interrompue par de nouvelles obfervations. Un Prélat a averti Affemblée que plufieurs ma fons Religieufes ne fubfiftoient que des imes, & que leur fort mérto't une confidération. Un autre Evêque a prévu qu'à la première connoiffance de Arrêté, Jes Pay ans refufereient de payer les dimes cette année. Ce n'eft qu'à la fut de nombre d'objections pareilles, que le Secrétaire-Lecteur a obtenu

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