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barie*, & même fans laiffer le fens obfcur, équivoque & quel quefois tout-à-fait faux. Enfin il y a encore une autre figure affez frequente dans la Langue Sainte, qu'il n'eft pas aifé de rendre d'une Langue à l'autre, parce qu'elle confifte dans des allufions qui roulent fur des mots. On a confervé cette figure quand il s'eft rencontré qu'elle pouvoit produire le même effet dans notre Langue. JESUS-CHRIST dit, par exemple, qu'il faut laiffer les morts ensevelir leurs morts, on voit bien que c'eft une efpece d'énigme, dont la clef confifte à entendre le mot de morts en deux fens differens. Comme cela eft auffi clair en François qu'en Grec, on n'a rien changé à ce langage figuré.

En un mot autant qu'on l'a pû fans alterer le fens, on n'a rien négligé pour conferver aux Ecrivains Sacrez leur caractère, leur genie, leur ftile, & un certain œil Oriental qui fe fait sentir d'abord. S'il y a des fupplémens ils font rares, & le Texte les demande. Ceux à qui ces Ecrits furent d'abord deftinez suppléoient aifément les mots qui manquoient, parce qu'ils étoient accoûtumez à cette figure, qu'on appelle Ellipfe. Mais notre Langue qui fe fait une loi de la clarté ne la fouffre prefque point. On a évité toutes les expreffions trop modernes, & qui pouvoient reffentir la moindre affectation. Et quoi qu'on fe foit conformé au Stile populaire des Ecrivains Sacrez, on a pris garde que ce ne fût point une popularité baffe, de peur que felon le Proverbe, la familiarité n'engendrât le mépris. Il y a dans la fimplicité du Langage de ces Auteurs, une nobleffe qui les diftingue avantageufement des Ecrivains ordinaires, & on a tâché de ne s'en point éloigner.

Des Notes.

Les changemens qu'on a été obligé de faire à caufe du different génie des Langues demandoient néceffairement des Notes, pour en avertir. Mais celles qu'on a jointes à cette Verfion, ont encore d'autres ufages. Elles font destinées 1. à marquer la difference du François & du Grec. Ce qu'on a pratiqué, au moins prefque toûjours, afin que ceux qui favent la Langue originale puiffent juger de la fidélité de la Traduction. 2. Elles fervent à

* Par exemple Matt. XXIII. 37. Luc XIII. 34. il y a au Grec: Jérusalem, Jérusalem qui nes les Prophetes, & qui lapides ceux qui lui sont

éclairenvoyez, il faut néceffairement en François, qui te font envoyez.

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voit ou

que dans

éclaircir le fens litteral, quand il y a quelque obfcurité. Il fe rencontre quantité d'endroits, par-ci par-là, que l'on croit entendre, & que chacun explique à fa maniere, mais qui dans le fond font pour l'ordinaire mal-entendus. 3. Elles fervent à faire connoître les lieux, les perfonnes, les coûtumes, les ufages dont il eft parlé, ou à quoi il est fait allufion auffi-bien que les Proverbes, les façons de parler, & autres chofes femblables, dont la connoiffance met au fait du fens d'un paffage. Par exemple, JESUSCHRIST préfere la blancheur des Lys à toute la magnificence des Vêtemens de Salomon (a). Cette comparaifon eft beaucoup é- (a) Matt, claircie quand on confidere que les habits de cérémonie des Rois VI.29. d'Orient étoient blancs (b). 4. Quand un paffage peut être tourné (b) On adifferemment, ou qu'il n'eft pas entendu de la même maniere par biede les. Interprêtes, on avertit des differens fens dans la Note, en mar- faire cetquant celui que l'on croit préférable, ou en laiffant au Lecteur la te remarliberté, d'en juger, quand on ne croit pas pouvoir décider. 5. On cet eny marque les Variantes ou diverfes Leçons qui font de quelque droit. confideration. En quoi pourtant on a jugé à propos d'être fort fobres, parce qu'on n'eft pas encore accoûtumé à cet ufage dans des Verfions Françoifes. 6. On ne fait nulle difficulté d'avoüer quelquefois qu'on n'a aucune lumiere fur quelques endroits. On ne donne pour certain que ce qui paroît tel. que ce qui paroît tel. On laiffe dans le doute ce qui eft douteux, & dans l'obfcurité ce qu'on ne fauroit éclaircir raisonnablement. Il est bien mal-aifé qu'un Ouvrage auffi ancien, & qui roule quelquefois fur des fujets fort difficiles en eux-mêmes, foit également clair par tout, étant deftituez, comme on l'eft, de monumens & de pieces de ce tems-là, qui pourroient nous éclaircir fur bien des choses. Il fuffit que tout y foit de la derniere clarté par rapport aux mœurs, & aux Doctrines effentielles à la Foi Chrétienne. Ce font-là uniquement les vûës que l'on s'eft propofées dans ces Notes, laiffant aux Miniftres de l'Evangile, aux Commentateurs, & aux Profeffeurs en Théologie le foin d'expliquer les chofes mêmes, comme on l'a déja dit.

Quoi qu'on ait confervé la diftinction des Verfets on n'a pas jugé à propos, de faire de chaque Verfet un article nouveau, & de mettre les chiffres à la tête. On a mieux aimé les inferer dans le Texte même, parce qu'on a crû que le fens en paroîtroit moins interrompu. On a dit ailleurs fon fentiment fur les inconveniens de cette diftinction des Chapitres en Verfets, dont chacun fait un article ou un paragraphe féparé. On a divifé chaque Chapi

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tre en articles, qui font un fens complet. Peut-être même qu'on auroit mieux fait, fi on s'en s'étoit avifé plûtôt, d'imiter la Verfion de Mons, qui met dequoi il s'agit à la tête de chaque article, au lieu des Sommaires qu'on a mis au commencement des Chapitres. On n'a pas craint de faire ces Sommaires trop longs, parce que le Lecteur eft bien aise de voir d'un coup d'œil un peu en détail, ce qui eft contenu dans un Chapitre.

Quoi que les deux Auteurs de cette Version l'ayent faite avec une parfaite intelligence, & qu'ils fe foient toûjours communiqué leur travail, & leurs obfervations réciproques, on trouvera peutêtre néanmoins quelquefois que dans les paffages paralleles, on n'aura pas employé les mêmes mots. Mais fi ces mots differens fignifient précisément la même chofe, bien loin que le manque d'uniformité foit un défaut, au contraire la Version n'en eft que plus belle.

FIN.

ABRE

A

A BREGÉ

DE

L'HISTOIRE EVANGELIQUE.

L y avoit environ 4000. ans que Dieu avoit créé le Monde, lors qu'arriva ce tems predit par les Prophetes, & attendu par les ames faintes, où il devoit créer de nouveaux Cieux & une nouvelle Terre par JESUS-CHRIST fon Fils. Tout fe paffa dans cette mémorable conjoncture précisement comme les Prophetes l'avoient annoncé. Dieu ayant dit par Malachie le dernier d'entre eux, qu'il envoïeroit fon Meffager pour préparer les voyes du Seigneur, c'eft ce qui arriva par la naiffance de Jean Baptifte Précurfeur du Meffie.

Zacharie fon Pere, de la famille Sacerdotale d'Abia étant occupé à offrir les parfums dans le Temple, felon fon rang, l'Ange Gabriel lui apparut, & lui annonça, qu'il auroit un fils, & qu'il falloit l'appeller Jean, c'est-à-dire, donné par une grace de Dieu toute particuliere. Comme ce faint homme étoit avancé en âge auffi bien qu'Elizabeth fa femme, il fe laiffa tenter par l'incrédulité, & demanda un miracle pour garant de cette promeffe. Il en obtint un, étant devenu tout à coup fourd & muet, de forte que fa punition lui fervit en même tems de gage & d'affurance, de la verité de ce que l'Ange lui avoit annoncé. Lors que fa femaine fut achevée, il s'en retourna chez lui, & peu de tems après, On croit Elizabeth conçut, cachant fa groffeffe pendant cinq mois. Luc I. 5-24. qu'il demeuroit à Six mois après l'Ange Gabriel ayant été envoyé à Nazareth, vers une Vier- Hebron ge nommée Marie, qui étoit accordée avec un Charpentier nommé Jofeph, ville Sahomme pauvre & obfcur, quoiqu'il fût de la maifon de David, il annonça à cerdotale, Marie, qu'elle alloit avoir un fils d'un caractere tout extraordinaire, qui s'ap- de Jérufapelleroit JESUS, & le Fils du Très-haut, & à qui Dieu donneroit le Throne lem. Luc de David fon Pere pour regner éternellement. Marie qui n'avoit point connu I. 39. d'homme trouva d'abord la chose impoffible, mais pour la ramener de fa furprife, l'Ange lui dit, qu'elle concevroit par l'operation du Saint Efprit, & afin qu'elle ne doutât point de la Toute-puiffance de Dieu il lui apprit, qu'Elizabeth fa coufine, quoique fort âgée & de plus fterile, étoit néanmoins enceinte depuis fix mois. Marie crut, benit le Seigneur, & alla de ce pas vifiter Elizabeth. Elle ne l'eut pas plutôt faluée qu'Elizabeth fentit fon enfant treffaillir dans fon fein, & que remplie du S. Efprit elle reconnut Marie pour Mere du Seigneur. Marie encore confirmée par une entrevuë fi extraordinaire, en rendit des actions de grace à Dieu par un hymne à fa gloire, & demeura trois mois avec fa coufine. Luc I. 26-56.

Jean Baptifte nâquit au terme échu, & fut circoncis le huitième jour. Comme fes parens vouloient l'appeller Zacharie, du nom de fon pere, felon la coûtume, la Mere qui n'avoit pas oublié l'ordre de l'Ange, déclara qu'il devoit être

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appellé Jean. On donna des tablettes à Zacharie pour décider la conteftation, & ayant écrit deflus, Jean eft fon nom, il recouvra auffi tôt la parole & l'ouïe, & bénit le Seigneur par un faint Cantique. Jean Baptifte demeura dans des lieux folitaires, jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge où il devoit être manifesté à Ifraël. Luc I. 57-80.

Quelque tems après Jofeph ayant fû que Marie étoit enceinte voulut par un principe de clemence la renvoyer fans éclat. Mais comme il rouloit ce deffein dans fon efprit un Ange l'avertit, que ce que Marie portoit dans fon fein étoit l'ouvrage du S. Efprit, & lui ordonna de prendre Marie pour fa femme & de donner à fon enfant le nom de JESUS, c'eft-à-dire, Sauveur. Matth. I. 18, 19, 20-24. Cependant Augufte voulant favoir quelles étoient les forces de l'Empire, ordonna de faire un dénombrement general. Comme chacun devoit aller fe faire enregitrer dans le lieu de fa naiffance, ainfi qu'on le pratiquoit dans ces occafions; Jofeph étant de Bethlehem s'y rendit avec Marie. Se trouvant alors à fon terme, elle y mit au monde le Seigneur, fuivant l'Oracle du Prophete Michée. Il y avoit en ce tems-là un fi grand concours de peuple à Bethlehem, que Marie ne trouva point dans l'hôtellerie d'endroit plus commode qu'une étable où elle fit d'une creche le berceau de fon enfant. Luc II.4,5. Matth. I.25.

II. 1-5.

La nouvelle de la naiffance du Sauveur fut auffitôt annoncée, aux environs, par un Ange à des Bergers qui gardoient leurs troupeaux pendant la nuit, & elle fut en même tems confirmée par les acclamations de toute l'Armée celefte. Les Bergers coururent d'abord à Bethlehem, s'aflurer par leurs propres yeux de ce que l'Ange leur avoit dit, & ayant trouvé l'enfant dans l'état où il le leur avoit reprefenté, ils donnerent gloire à Dicu, & publierent par tout un fi grand évenement. Marie cependant attentive à tout ce qui fe paffoit le gardoit précieusement dans fa mémoire & dans fon coeur. Luc II. 8-20.

JESUS-CHRIST fut circoncis le huitième jour felon la Loi, & appellé JESUS felon l'ordre de l'Ange. Luc II. 21.

C'est à peu près dans ce tems que quelques Sages d'Orient défignez dans leur pais par le nom de Mages ayant connu par une Etoile, ou un Phénomene extraordinaire du Ciel, que le Roi des Juifs étoit né, vinrent à Jerufalem pour l'adorer, & pour lui faire des prefens, comme on en faifoit aux Rois. Toute la ville de Jérufalem en fut émue, fur tout Herode, en étant allarmé s'enquit des Prêtres & des Docteurs dans quel licu devoit naître le Meffie. Ayant appris que c'étoit à Bethlehem, il fit venir les Mages en fecret pour s'informer du tems auquel l'Etoile leur avoit paru. L'Evangelifte ne raporte point quelle fut leur réponse là-deflus. Mais elle paroît affez par l'ordre qu'il donna dans la fuite, de maffacrer tous les enfans de Bethlehem depuis l'âge de deux ans, & au deffous. Il commanda en même tems aux Mages d'aller trouver l'Enfant, faisant mi

*Il y en a qui croyent que ce denombrement fe fit en même tems par tout l'Empire Romain. Mais il y a plus d'apparence que ce fut à diverfes fois, & que celui-ci fe borna à la Judée qui fouvent eft appellée la Terre dans l'Ecriture.

ne

† J. C. nâquit environ l'an du Monde 4000. l'an 749. ou 750. de la fondation de Rome, le 40. ou 41. de l'Empire d'Augufte, le 33. ou 34. du Regne d'Herode, depuis qu'il prit poffeffion de Jérufalem & le 36. ou 37. depuis qu'il fut déclaré Roi par le Senat de Rome..

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