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CHAPITRE VIII.

Seconde Partie. Ethnologie ou Science de l'hom me confidéré comme appartenant à une efpece divifée en divers corps de fociété ou nations occupées à pourvoir à leurs befoins & à leurs goûts.

MAIS

AIS la fcience générale de l'homme demande qu'il foit auffi confidéré comme appartenant à une espece répandue fur la furface de ce globe, & diftribuée en divers corps de communautés dont les individus agiffent en vue d'un commun intérêt, & qu'on recherche avec foin la maniere dont ces fociétés fe font formées, établies, réglées, & comment, se trouvant placées dans des circonftances diverses, elles fe font élevées peu à peu & fucceffivement à divers degrés de civilisation. Tel eft le fecond objet de l'Anthropologie prife au fens général, & la partie qui lui feroit deftinée, nous l'appellons Ethnologie (de vos nation).

Dans cette feconde Partie on présenteroit d'abord 1o. le tableau de l'efpece humaine diftribuée en divers corps de fociétés appellés

communautés, peuplades, nations féparées, & diftinguées par divers caracteres de diffé rence très-marqués, entr'autres ceux qui fe tirent de ce qu'on appelle le caractere natio nal, c'est-à-dire, les traits de reffemblance qu'on obferve entre les individus d'une même nation, & par lefquels on les diftingue des individus de toute autre nation, en y joignant ceux que fourniffent les divers tours d'efprit de ces nations, leurs goûts particuliers, leurs moeurs, leurs ufages, leurs loix, leur langage, & principalement leurs divers degrés de progrès vers la civilifation.

Après cela 2°. on rappelleroit ce que nous pouvons connoître des premieres origines de la diftribution de l'efpece humaine en peuplades, &' on feroit voir qu'elles font toutes venues originairement de l'orient, & de ces contrées privilégiées où les hommes n'ont jamais été barbares. On expliqueroit comment la plupart des anciennes colonies, quoique forties de cette mere patrie civilisée, ont pu néanmoins tomber dans un état de groffiéreté & de barbarie, telle à peu près que nous l'obfervons encore aujourd'hui parmi les peuples fauvages, & comment enfuite ces peuplades ont pu la plupart, les unes plutôt, les autres plus tard, fortir de

cet état déplorable, & s'élever peu à peu & par des progrès plus ou moins rapides vers la civilifation.

Pour rendre tout cela plus fenfible 3°. on retraceroit d'un côté l'état primitif de la plupart des contrées de notre globe, tel que durent le trouver la plupart des colonies parties de l'orient; de l'autre, la fituation déplorable où ces colonies fe virent nécef· fairement réduites dans de femblables contrées, & ce que des hommes forcés de fe féparer & d'errer par petites troupes ou même folitairement & à l'avanture pour chercher une nourriture fuffifante, durent faire naturellement pour pourvoir à leurs befoins les plus preffans; comment ils s'y prirent pour fe nourrir, pour se vêtir, pour se procurer des abris, & pourvoir à leur fûreté vis-à-vis des bêtes féroces; ce qui donne les premieres origines de la pêche, de la chaffe, de la bergerie ou gouvernement des beftiaux.

On montreroit enfuite 4°. qu'à mesure que les hommes fe ménagoient ainfi des reffources pour leur fubfiftance, ils durent céder auffi à l'inftinct qui follicitoit les deux fexes à s'unir, & former les premiers liens de la fociété conjugale d'où nâquit la fociété domestique & la diftinction des familles, juf

ques à ce qu'enfin la néceffité, l'intérêt &. le penchant à la vie fociable, les forcerent en quelque forte à fe rapprocher par des affociations de familles pour former des communautés qui ne furent d'abord que des fociétés imparfaites, quoique foumises à certaines loix naturelles & effentielles à leur fin.

Ici on remonteroit aux premieres origines de ces communautés, à ces temps où elles étoient en quelque forte dans l'enfance, où les hommes n'étoient encore occupés que des premieres ébauches de culture & d'induftrie, où tout étoit encore fimple & groffier, proportionné aux befoins qui étoient encore en petit nombre, & qui n'exigeoient ni beaucoup d'observations ni beaucoup de découvertes.

Après cela on montreroit 5o. comment & par quelle gradation ces fociétés imparfaites purent s'élever peu à peu à divers degrés de civilisation, & fe transformer à la fin en fociétés régulieres munies des inftitutions & des fecours néceffaires à leur repos, leur fûreté & leur bonheur.

On prouveroit que la premiere caufe qui a ramené les hommes à la civilisation a été l'agriculture, les efforts qu'ils ont fait pour la perfectionner, & l'influence que cet art

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perfectionné doit avoir eu fur la population qui en eft la conféquence néceffaire. A cet moyen fondamental on joindroit ceux qu'il suppose ou amene naturellement; l'introduction des arts de premiere néceffité, toutes les inventions liées inféparablement à la culture de la terre, la découverte & l'ufage des métaux, l'emploi des matieres premieres, la méchanique, l'architecture fimple, &c. On montreroit encore comment de là font nés fucceffivement les arts de feconde néceffité, les arts d'agrément & de luxe, qui n'ont pu être introduits qu'à la faveur d'une agriculture perfectionnée, les métiers, le fervice mercenaire & domestique, la ferme, l'ufure, & par une conféquence néceffaire, le transport des hommes de la campagne dans des bourgs, puis leur accumulation dans les cités, les grandes villes & les métropoles, qui n'ont pu être que le réfultat d'une très-grande population.

Tout cela conduiroit naturellement 6°. aux premieres origines de la propriété & à l'introduction de la propriété fonciere, d'où font dérivées primitivement toutes les richesses & ce qui fait encore la vraie richeffe des nations. A cette occafion on parleroit du commerce, de la navigation, de la marine, de la guerre,

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