tout de bien apprécier les effets du frottement et de la roideur des cordages. M. de la Touche-Tréville, qui commandait alors à Rochefort, donna les ordres les plus précis pour que l'on mit à la disposition de Colomb tout ce dont il avait besoin pour faire en grand ses expériences, et celui-ci a parlé toute sa vie avec reconnaissance de cette faveur. Il fut successivement envoyé à l'île d'Aix et à Cherbourg, pour les travaux du génie, et, deux ans après, il fut reçu à l'académie des sciences, à l'unanimité. Bientôt une occasion délicate fit éclater la pureté de son caractère et son inaltérable probité. Un projet de canaux de navigation fut présenté aux états de Bretagne; il fallut en discuter la possibilité et les avantages. Le ministre de la marine nomma Coulomb commissaire du roi près des états, pour procéder à cette vérification. Coulomb, transporté sur les lieux, ne tarda pas à reconnaître que les avantages présumés du projet seraient bien loin de compenser les frais énormes qu'entraînerait l'exécution. Il le combattit avec force, et, malgré l'influence d'un parti puissant, son opinion prévalut. Ce service important lui vaJut d'être desservi près du ministre de la guerre, et sa récompense fut une détention à l'abbaye, sous le frivole prétexte qu'en acceptant cette commission honorable, il n'avait pas demandé l'agrémeut de son superieur immédiat, le ministre de la guerre. Coulomb, blessé de cette injustice, donna sa démission que l'on ne voulut point accepter. Il eut l'ordre de retourner en Bretagne pour le même objet; il y porta la même fermeté, la même intégrité; enfin les états, éclairés sur leurs véritables intérêts, reconnurent leur erreur, firent à Coulomb des offres brillantes qu'il refusa, et obtin rent seulement de lui qu'il acceptât un bijou aux armes de la province. C'était une excellente montre à secondes, dont il se servit dans la suite pour toutes ses expériences. Jamais présent ne fut mieux choisi, ni plus employé. Ea 1784 Coulomb fut nommé intendant des eaux et fontaines de France. En 1786, on lui donna, sans qu'il l'eût demandée, la survivance à la place de conservateur des plans et reliefs. Vers cette époque, il fut un des commissaires que l'académie des sciences envoya en Angleterre pour prendre des renseignements sur l'administration des hôpitaux. Il était alors chevalier de St.-Louis et lieutenant-colonel du génic. La révolution éciata; Coulomb donua la démission de toutes ses places, perdit tout ce qu'elles lui donnaient de fortune, et dans une retraite absolue, se consacra à l'éducation de ses enfants. Cependant il ne cessa point de cultiver les sciences; car même au milieu des occupations qu'entraînaient ses emplois, il avait donné à l'académie un grand nombre de mémoires importants sur diverses questions de mécanique, sur le frottement, sur le magnétisme et l'électricité. Comme, dans ces deux dernières parties, Coulomb doit être mis au rang des inventeurs, nous devons entrer aussi dans plus de détails. L'habitude qu'il avait prise, dans ses premières recherches, d'allier le calcul aux expériences, lui avait donné ce sentiment et ce besoin de la précision, sans lequel on ne peut jamais pénétrer dans les principes secrets des phénomènes. Coulomb avait entrepris une suite d'expériences sur l'élasticité des fils de métal, et pour la connaître, il eut l'idée ingénieuse de chercher à observer la force avec laquelle ils revenaient sur eux-mêmes quand ils avaient été tordus. Il découvrit ainsi que ces fils résistaient à la torsion, d'autant plus qu'on les tordant davantage, pourvu que l'on n'ahât pas jusqu'à les altérer dans leur constitution in time. Comme leur résistance était extrêmement faible, il conçut qu'ele pourrait servir pour mesurer les plus petites forces avec une extrême précision. Pour cela, il suspendit en équilibre une longue aiguille horizontale à l'extrémité d'un fil de métal. En supposant cette aiguille en repos, si on l'écarte d'un certain nombre de dégrés de sa position naturelle, le fil qui se trouve ainsi tordu teud à l'y ramener par une suite d'oscillations dont on peut observer la durée; cela suffit pour que l'on puisse évaluer par le calcul la force qui a détourné l'aiguille. Telle fut l'idée et la disposition de l'instrument ingenieux que CouJomb nomma balance de torsion. Il s'en servit bientôt pour découvrir les lois que suivent les attractions et les répulsions électriques et magnétiques. 1 trouva qu'elles étaient les mêmes que celles de l'actraction céleste. Quelques années après, le physicien anglais Cavendish se servit du même procédé pour mesurer l'attraction d'un globe de plomb et le comparer à celle du globe de la terre. Nous devons à la justice de dire que le célèbre astronome Tobie Mayer était aussi parvenu de son côté à découvrir la loi des attractions magnétiques par une voie à la vérité beaucoup plus pénible que celle que Coulomb avait suivie; mais son travail n'avait jamais été publié, et nous en devons la connaissance à l'extrait de cette partie de ses manuscrits, que le fils de cet homme celebre a bien voulu nous communiquer. Coulomb sentait trop bien l'utilité de l'instrument nouveau qu'il avait découvert, pour n'en pas multiplier les applications. Il en treprit de s'en servir pour déterminer par expériences les véritables lois de la distribution de l'électricité à la surface des corps et du magnétisme dans leur intérieur : l'ordre qu'il mit dans ses recherches n'est pas moins admir ble que l'exactitude et la nouveauté de ses résultats. Il commença par déterminer la quantité d'electricité qui se perd, dans un temps donné, par les divers supports; alors il put non seulement déterminer la nature de ces supports la plus favorable à la conservation de l'électricité, mais il put encore les considérer comme parfaits, et les rendre tels par le calcul. Il prouva ensuite, par l'expérience, que l'électricité se partage entre les corps, non pas en vertu d'une affinité chimique, mais en vertu d'un principe répulsif qui lui est propre; il prouva de même que l'électricité libre se repand tout entière à la surface des corps sans pénétrer à leur intérieur, et il démontra par le calcul que ce résultat était une conséquence nécessaire de sa loi de répulsion. Avec ces données, il put chercher et déterminer, par l'expérience, la manière dont l'éTectricité se distribue à la surface des corps conducteurs, considérés isolément ou en présence les uns des autres. Ces observations nombreuses et précises étaient comme autant de conditions fondamentales auxquelles une bone theorie devait satisfaire, si quelque jour on parvenait à soumettre au calcul les questions épineuses de l'électricité : c'est ce que viert de faire un de nos meilleurs géomètres, M. Poisson, et son travail, en dévoilant dans les résultats de Coulomb des rapports que le puissant instrument de l'analyse pouvait seul faire apercevoir, a mis encore dans un plus grand jour l'admirable sagacité de cet habile observateur, l'exac titude de ses expériences, et son ex- l'académie des sciences, de l'institut, etc., on a imprimé séparément ses Recherches sur les moyens d'exécuter sous l'eau toutes sortes de tra vaux hydrauliques sans employer aucun épuisement, Paris, 1779, in-8°., fig. : B--T. COULON (LOUIS), ecclésiastique français, né à Poitiers en 1605, entra daus l'ordre des jésuites en 1620, et quitta cette société, s'occupa principalement de géographie et d'histoire, et mourut su la fin de 1664. On a de lui I. Lexicon Homericum, seu accurata vocabulorum omnium quæ in Homero continentur explanatio, Paris, 1643, in-8. Pendant qu'il était jésuite, il avait deja publié pour l'usage des écoles un fragment d'Homère, avec une version interlinéaire et des notes. II. Les Rivières de France, ou Description géographique et historique du cours et du débordement des rivières de France, avec le dénombrement des villes, ponts et passages, Paris, 1644, 2 vol. in-8. L'auteur ne se borne pas à décrire le cours des rivières, des courants d'eau qui ont leur embouchure dans la Méditerranée, il traite de toutes les rivières de la Flandre, puis du Rhin et de ses affluents. L'ouvrage de Coulon peut encore être utile, quoique l'auteur soit singulièrement cédule. III. Voyage de France, de Flandre et de Savoie; IV. Fidèle Conducteur pour le voyage de France; V. Fidèle Conducteur pour le voyage d'Espagne; VI. Fidèle Conducteur pour le voyage d'Angleterre; VII. Fidèle Conducteur pour le voyage d'Allemagne. Tous ces ouvrages sont imprimés à Paris, 1654, in-12, et ordinairement réunis en un volume. Coulon en avait, dit-on, publié une première édition sous ce titre : L'Ulysse français, ou Voyage de France, de Flandre et de Savoie, Paris, Clousier, 1643, in-8., c'est au moins ce que dit Fontette dans le tome IV de la Bibliothèque historique de la France; mais dans le tome Ier, du même ou vrage, on voit que cet Ulysse français est une traduction de l'Ulysse Gallico-Belgicus de Golnitz. On doit encore à Coulon plusieurs compilations historiques moins estimées que ses travaux géographiques: une Histoire des Juifs, tiree de Josèphe et d'Hégésippe; une Histoire des papes, tirée de Platine et de ses continuateurs; une Histoire universelle, traduite du P. Tursellin; l'Histoire de la Chine, traduite du P. Semedo ; une édition du Voyage de Vincent Leblanc, etc. E-s. COUPERIN. La famille de ce nom a produit depuis deux siècles une multitude de personnages recommandables par leur talent pour Ja musique. COUPERIN (Louis), natif de Chaume en Brie, fut organiste de Louis XIII, qui créa pour lui une charge de dessus de viole. Il mourut en 1665, âgé de trente-cinq alls. COUPERIN (François), son frère, mourut d'une chute, à soixantedix ans, laissant deux enfants, savoir: COUPERIN (Louise), habile clavecimiste et cantatrice, morte à cinquante-deux ans, en 1728. Elle fut pendant trente ans attachée à la musique du roi.-COUPERIN (Nicolas), organiste de St.-Gervais. Il était musicien du comte de Toulouse, et mourut en 1748, âgé de soixante-buit ans. COUPERIN (Charles), frère de Louis et de François, mourut en 1669.-COUPERIN (François), surnommé le grand, fut organiste de St.-Gervais et claveciniste de Louis XIV. Il excellait sur l'un et l'autre instruments. Il composa quatre volumes in-folio de pièces de clavecin. Ses Idées heureuses, ses Bergeries, ses Vendangeuses, ses Goûts réunis, on l'Apothéose de Lulli et de Corelli, faisaient le charme de tout le monde. Il mourut en 1733, âgé de soixante-cinq ans.- COUPERIN (Marie-Anne), sa fille, fut religieuse à l'abbaye de Maubuisson, dont elle était organiste. était organiste.-COUPERIN (Marguerite-Autoinette), sœur de la précédente, fut claveciniste de la chambre du roi, charge qui jusqu'alors n'avait été occupée que par des hommes. COUPERIN (Armand - Louis), fils de Nicolas, fut organiste du roi, de St-Gervais, de Notre-Dame, de la Ste.-Chapelle et de deux autres paroisses. Son exécution était parfaite et ses compositions très savantes. Il a laissé des sonates et des trios pour le clavecin, ainsi que des motets qui n'ont point été gravés. Il mourut accidentellement le 2 février 1789. COUPERIN (Pierre-Louis), son troisiè me fils, mort fort jeune la même année que son père, fut, comme lui, organiste du roi, de St. Gervais, de Notre Dame, etc. Au talent de claveciniste il joignait celui de harpiste. Il n'a laissé que peu de compositions, dont une seule est gravée. D. L. COUPLET (PHILIPPE ), jésuite brabançon, né à Malines, vers 1628, sollicita les missions, et partit pour la Chine eu 1659, avec le P. Verbiest et quelques autres jésuites, que Je zèle pour la propagation de la foi engageait dans la même carrière. Il cultiva long-temps, et avec succès, les chrétientés établies dans les provinces de ce vaste empire, et fut un des missionnaires de son temps le plus profondement versés dans la connaissance de la langue, de l'histoire et de la littérature des chinois. Ses supérieurs jugèrent à propos de le renvoyer en Europe, chargé de deux missions, l'une de rendre comp. te au souverain pontife de l'état florissant de ces chrétientés lointaines, l'autre d'obtenir, des maisons de sa société, un nouveau secours d'ou vriers apostoliques : ceux-ci manquaient à l'abondante moisson que présentait alors la Chine, où les missionnaires les plus rapprochés se trouvaient encore à plus de cent lieues de distance les uns des autres. Le P. Couplet repassa heureusement en Europe. Il vint à Rome, fut favorablement accueilli du chef de l'église, et eut ensuite avec le général de son ordre de fréquents entretiens, où furent prises des mesures pour pourvoir aux besoins des missions qu'il quittait. Les affaires terminées, le missionnaire voulut revoir sa patrie pour lui dire un dernier adieu. Il se rendit à Malines, où il eut la consotion de se retrouver encore entre les bras d'un père plus qu'octogénaire, et dans ceux de plusieurs frères dont il était l'aîné. Après un court séjour dans sa famille, le P. Couplet partit pour la Hollande, où il s'embarqua pour la Chine, vers laquelle tendaient tous ses vœux, mais qu'il ne devait jamais revoir. A peine était-il en mer qu'une tempête affrense l'accueillit, et, dans le moment où le vaisseau éprouvait la plus violente agitation, un coffre mal assujetti s'étant détaché, l'écrasa contre les flancs du bâtiment. Tel fut le déplorable genre de mort dont périt, en 1692, ce vertueux missionaire. On doit au P. Couplet, en société avec trois de ses confrères: 1. Confucius, sinarum philosophus, sive scientia sinica latinè exposita, studio et operá Prosperi Intorcetta, Christiani Herdrich, Francisci Rougemont et Philippi Couplet, PP. sociel. Jesu, libri III, Paris, Dan. Hortemels, 1687, in-fol. Ce volume, rare et recherché, contient la traduction latine de trois ouvrages moraux de Confucius, du Ta-hio (la grande science ), du Tchong-young (le juste milieu) et du Lun-yu (le livre des sentences). Outre la part commune qu'a eue le P. Couplet à cette version, il a terminé tout l'ouvrage par d'amples tables chronologiques, qui exposent et comprennent toute la durée de la monarchie chinoise, depuis son origine jusqu'à l'an 1683 de l'ère chrétienne. 11. Catalogus PP. societatis Jesu, qui post obitum S. Francisci Xaverii, ab anno 1581, usque ad 1681 in imperio sinarum fidem Christí propagarunt, Paris, 1686, in-8°., catalogue que l'auteur avait d'abord écrit en chinois et qu'il mit ensuite en latin. III. Historia nobilis Feminæ, Candida Hiu, christianæ sinensis, quæ anno ætatis LXX, viduitatis XL, decessit anno 1680. Cette histoire édifiante fut traduite en français, Paris, 1688, in-12; elle parut aussi en espagnol à Madrid, et en flamand à Anvers en 1694. IV. Tabula ge |