Images de page
PDF
ePub

Quoiqu'insensible à l'injure,
Quelquefois une bleslure
De son audace est le prix ;
Mais, en m'arrachant mes armes,
Il me rend digne d'Iris,

Et bientôt, près de ses charmes,
Que rien ne peut effacer,
Je vois les miens s'éclipser.

LOGOGRYPH Ε.

I

RIS, utile à ta parure,
Jorne ta tête... &, changeant de figure,
A tes pieds je suis à l'instant.
Par une autre métamorphose,
Je fais ton plus bel ornement.
Enfin, l'on me décompose,
Dans mes fix pieds bien combinés,

On trouvera la figure du monde,
Un animal puant, une matiere immonde,
Un... j'en ai dit allez, je metais, dévinez.

AUTRE.

Lorsqu'un danseur léger, élégant & facile, Fait briller son talent, en graces si fertile

C

Ses pas avec art combinés,
L'un à l'autre sont enchaînés;

Ses élans font hardis, sa noblesse est touchante.
Commelui, cher lecteur, je ravis, & j'enchante
Par ma vive facilité,

Et ma folâtre agilité.

Ainsi que lui, je vais, je reviens, je vacille,
Mais je n'ai pour appui qu'une corde fragile;
Et tantôt léger, sautillant,

Doux, fort, animé, grave, ou lent,
Ma marche dans ses pas, soumise à la cadence,
Se suspend quelquefois, & cause le filence.
Six piés divers forment mon tout :
Retranchez-en le dernier bout,

Alors je deviendrai terme d'architecture.
Mais, pour me présenter de façon moins obfcure,
Je vais en détail te nommer,
Ce que mes piés peuvent former.

L'empreinte de tes pas, une arme très-antique,
Qui dénote aux Savans un mot mathématique,
En Europe un pays fameux,
Du fort un inftrument douteux,

Ce qui sur tes habits te déplaît. & les gâte,
Deux animaux, dont l'un de l'autre craint la patte,

De la nature le rival,

Le prix d'un crime capital,

Un des tons de la gamme, une voiture leste...

Mais j'en ai dit aslez, bien allez, & de reste.

Par M. le Chev. de Desezgaulx,

Lieutenant au Régiment de Beaujolais

J

AUTRE.

z suis mystérieux, ceci fait mon image. Lecteur, pour me trouver, Dieu fait comme on

voyage!

J'oblige à parcourir souvent tout l'univers;

Je fais monter aux Cieux & descendre aux enfers.
Mais, sans aller si loin, tu pourras me connoître ;
Combine les dix piés qui composent mon être.
Je présente d'abord la fille d'Inachus,
Qui fut commise aux soins du malheureux Argus
Une interjection qui marque la surprise;

Ce qui nous compte l'heure; un grand Saint dans l'Eglife;

Ce qui plaît au troupeau; l'organe séducteur,
Dont les traits dans Iris pénétrent jusqu'au cœur ;
Des suppôts de Bacchus le chagrin & la peine;
Ce que fait un acteur, lorsqu'il est sur la scène;
Un oiseau, grand nageur, dont le bruit autrefois
Fut propice aux Romains & funeste aux Gaulois;
Celui sur qui Josué remporta la victoire;
Un Pontife Romain', très-digne de mémoire;
Ce qu'employa Jupin, pour entrer dans la tour
Qui cachoit Danaé, l'objet de son amour;
Un fleuve d'Italie; une riviere en France;
Un mot très-usité, qui nous peint l'abondance;
Je fais l'appui des bons, & des méchants le frein;
Un meuble de cuisine, un bon poiffon, un grain

1

Qui nous sert d'alimenten un tems de disette ;
Ce que ne cache guère une fille coquette;
La frisure du poil qu'on veut dans un cheval,
Le but des vrais héros; un péché capital;

D'un grain très-précieux l'heureux dépositaire;
Une place au spectacle; un des bouts de la terre;
Enfin j'offre celui que nos cœurs ont nommé
Avec juste raison, Louis le bien aimé.

Par M. Bouvet de Gifors.

J

AUTRE.

E suis muet: cependant, cher lecteur,
Je produis des merveilles.

J'orne l'esprit, & je touche le cœur.
Mon milieu supprimé, je charme les oreilles.

Par le mêmes

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Amusemens Dramatiques, par M. D. C. in-8°, à Londres, & fe trouve à Paris, chez Delalain, Libraire, rue & à côté de la Comédie Françoise.

CES Amusemens Dramatiques font composés de deux Contes Moraux, auxquels l'auteur a donné la forme & l'action

du Drame. Le premier est intitulé Zélide. Cette jeune personne, fille d'Orphise restée veuve sans fortune, se voit à la veille d'être mariée à Riberval, jeune homme de naissance, riche, & d'une figure avantageuse. Cependant elle paroît triste, rêveuse, & semble se refufer au rang éclatant qui l'attend. Elle n'ignore point que les richesses & les dignités contribuent moins à notre bonheur dans le mariage, qu'un rapport heureux de caractere & de sentimens, que la vertu autorise, & que l'estime augmente. Elle supplie sa mere de vouloir bien ne rien précipiter, afin de mieux connoître le caractere de celui qui lui est destiné. « Les >> hommes aujourd'hui, lui dit Orphise, >>> ne se piquent guère de constance. Par>> ler de différer à Riberval, qui, entraîné >> par les plaiers de son âge, chercheroit >> bientôt à se dédommager ailleurs, c'est >> risquer de perdre un établissement seul > capable de répondre à l'amitié qui m'u> nit si intimement à toi. » Et que per> drai-je, répond Zélide, dans un homme > dont l'humeur m'est entièrement in>> connue ? - Compres - tu pour rien le >> plaifir d'être élevée à un rang qui peut >> conduire à tout? N'est ce donc que >> là où réside le bonheur? je ne l'aurois

« PrécédentContinuer »