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fit paraître le 6. volume en 1736. Ce recueil gagna beaucoup par les corrections et additions intéressantes qui sont dues aux profondes recherches d'aussi habiles collaborateurs. D. Maur ayant été rappelé à Paris en 1757, pour travailler avec D. Bouquet à la collection des historiens des Gaules et de la France, il se chargca de l'article des Croisades; mais son travail n'a pas été publié. Il s'occupait de préférence à des livres de piété, et fit imprimer en 1738, in- 18°., satraduction, sur l'hébreu, des Psaumes avec des notes tirées de l'Écriture et des pères pour en faciliter l'intelligence, eimprimés à Paris, 1739 et 1740, in-12. Cette traduction fut extrêmement goûtée du public. Il travailla ensuite à l'Art de vérifier les dates, Paris, 1750 in-4°., et on trouve son éloge à la tête de la dernière édition de ce livre (Voy. CLÉMENCET.)

C. T-Y.

DANTON (GEORGE-JACQUES), né à Arcis-sur-Aube, le 28 octobre 1759, avocat au conseil du roi, à l'époque de la révolution, fut l'un des plus terribles ennemis de l'autorité à laquelle, peu de temps auparavant, il semblait avoir attaché sa fortune. « La nature m'a donné en partage, » disait-il lui même, les formes ath» létiques et la physionomie âpre » de la liberté. » En effet, elle semblait l'avoir destiné pour le rôle qu'il avait choisi. D'une force extraordinaire, il avait une taille colossale, la figure couturée par la petite vérole, le nez aplati et au vent, les lèvres saillantes, les yeux petits, mais le regard ardent et audacieux: sa voix rude et tonnante faisait retentir les salles publiques, et son élocution, pleine de figures gigantesques et d'apostrophes violentes, effrayait ceux qu'elle n'entraînait pas. Mirabeau, qui

avait besoin de personnages de cette espèce pour effrayer la cour et opérer les premières secousses de la révolution, s'en servit, dit un auteur contemporain, comme d'un soufflet de forge pour cnflammer les passions populaires. Des 1789, il devint le principal chef de la populace parsienne, un véritable roi des halles. Lors de la division de la capitale en districts, il fut choisi pour présider celui des Cordeliers, et cette portion de Paris devint aussitôt le rendezvous des hommes les plus exaltes: ces assemblées étaient à peine formées qu'on y vit attaquer toutes les autorités et dénaturer tous les principes. Cependant, cette demagogie ne romplissait pas encore les vues de Danton. La tribune du district étant accessible à tous les citoyens, il s'y présentait de temps à autre que ques hommes raisonnables qui lui faisaient essuyer d'assez vives contrariétés, et, pour le développement de son systême, il lui fallait des auxiliaires qui fussent plutôt au-delà qu'en deçà de ses intentions. C'est ce qui lui fit imaginer l'établissement du club des cordeliers, à côté duquel celui des jacobins n'était qu'une réunion de medérés. Le district n'avait encore attaqué que les institutions monarchiques, le nouveau club entreprit de renverser jusqu'aux bases de toute société. Danton prit en même temps sous sa protection ce Marat dont le journal

pervertit la populace et lui fit commettre tous les excès; il l'enleva aux agents de la police, lui donna um asyle, et s'en servit toutes les fois qu'il cut besoin d'exciter quelque mosvement séditieux, ou de répandre quelque dénonciation utile à ses projets (Voy. MARAT). Mais ce n'était pas seulement dans les assemblées de districts ou dans les clubs que domi

Bait Danton; on le voyait daus les ues, sur les places publiques, au ilieu des rassemblements tumuleux, haranguant la multitude, le lus souvent avec véhémence, queluefois avec gaîté. Cet homme n'aait pas, comme beaucoup d'autres, mbrassé la révolution par une spé lation philosophique; ses ses vues taient moins élevées. Plus attaché ux jouissances sensuelles, il apparte mait à cette classe d'intrigants qui ne endent à de grands bouleversements que pour arriver à la fortune; quel quefois même il ne faisait pas mysere de ses projets à cet égard. « Jeune homme, dit-il un jour à une personne connue, venez brailler avec nous; quand vous aurez fait votre fortune, vous pourrez embrasser plus à votre aise le parti qui › vous conviendra. » Quoiqu'on cût léjà beaucoup parlé de ce révoluionnaire sous l'assemblée constiuante, on paraissait cependant alors e redouter assez peu; on le regardait omme un énergumène qu'il fallait aisser se consumer dans ses prores fureurs. Ce ne fut qu'à la fuite le Louis XVI qu'il commença à se aire craindre, en se mettant à la tête In rassemblement du Champ-deMars, qui voulut forcer l'assemblée inettre ce prince en jugement. Ce remier essai n'ayant pas réussi, Danton fut décrété d'arrestation. Il tait en outre poursuivi pour dettes, the pouvait, par ces deux raisons, e présenter aux élections; il cut ceendant l'audace d'y venir briguer les uffrages. Uu huissier nommé Daien, qui le poursuivait, voulant le aisir, fut arrêté lui même comme yant violé la souveraineté nationale. a populace, qui veillait à la sureté de on chef, voulait assommer l'huissier, Danton fut nommé substitut du

procureur de la commune de Paris, malgré la constitution, et malgré l'assemblée constituante elle-même, pour qui cette nomination était un outrage évident. Les conseillers constitutionnels de Louis XVI, voyant qu'on ne pouvait vaincre Danton, ou plutôt qu'on ne l'osait pas, furent d'avis de l'acheter; mais les personnes chargées de la négociation mirent ses services à trop bas prix; il rejeta leurs propositions avec hauteur, et eut la hardiesse de faire entendre dans un de ses discours à la commune, que, s'il ne les avait pas acceptées, c'est qu'elles étaient au-dessous de ses prétentions. Pour faire taire los bruits qu'alors on répandit contre lui, il se montra plus acharné contre la royauté, et contribua plus que personne à la révolution du 10 août. Les véritables républicains s'en tenaient encore à de vaines déclamations; ils étaient indécis sur ce qu'ils avaient à faire, et n'osaient pas frapper le dernier coup. Ce fut Danton qui le porta, après avoir préparé tous les moyens qui devaient en assurer le succès. Quelques jours avant la catastrophe, Pétion, maire de Paris, avait fait loger dans la maison des cordeliers, et recommandé à sa bienveillance cette horde d'aventuriers qui, sous le nom de Marseillais, traversèrent la France, au nombre de six cents, disant hautement qu'ils allaient à Paris pour tuer le roi. Danton les reçut, les fêta, leur donna des instructions avec de nombreux auxiliaires, combina avec eux l'attaque des Tuileries; enfin ce fut par cux que s'écroula la plus ancienne et la plus puissante monarchie de l'Europe. Après cet événement, Danton fut nommé ministre de la justice par l'assemblée législative, qui n'était plus qu'une autorité nominale. Elle rendait tous les décrets qu'on venait lui demander.

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Robespierre lui-même, si puissant dans la suite, n'osait paraître encore, et Danton était seul sur le champ de bataille, entouré d'un petit nombre d'amis. Il commença par faire fermer les barrières, et fit décréter qu'il y aurait des visites domiciliaires, pour rechercher ceux qu'on savait attachés au parti de la cour. Ces perquisitions furent faites au milieu de la nuit, et une foule de personnes, dont la plupart appartenaient aux classes les plus distinguées, furent jetées dans les prisons, où les attendait le sort le plus affreux. Un tribuual extraordinaire fut institué, et les premières victimes furent envoyées à l'échafaud; mais ce tribunal, quelque redoutables que fussent les hommes qui le composaient, agissait encore trop lentement au gré des chefs; il leur fallait des exécutions nombreuses, des coups plus terribles et plus rapides. Dans la matinée du 2 septembre, on apprit que les Prussiens, com mandés par le duc de Brunswick, et ayant avec eux les deux frères du roi de France et un grand nombre d'émigrés, étaient entrés sur le territoire français, et s'étaient emparés de Longwi et de Verdun. Gette nouvelle mit la capitale dans la plus violente agitation. Danton se rendit sur-le-champ au comité de la commune, dit de salut public, dont les membres appartenaient tous au club des cordeliers, et eut une longue conférence avec eux. A la suite de ce colloque, on ôta aux prisonniers tous les instruments et tous les meubles qui auraient pu servir à leur défense; on fit sortir ceux qui étaient détenus pour dettes, et quelques autres personnes assez heureuses pour intéresser les vainqueurs. Ces mesures étant prises, le terrible ministre de la justice se rendit à la barre de l'assemblée nationale, rendit compte des progrès de

l'ennemi, et demanda qu'un armemen général fût à l'instant décrété; qu'au sonnât le tocsin, et que tous les citoyens en état de porter les armes fussent ap pelés au Champ-de-Mars, pour s former en cohortes militaires et marcher contre les tyrans et leurs 4tellites. Le député Vergniaux rappela, dans un discours eloquent, les me naces du duc de Brunswick, et convertit en motion la demande du m nistre, qui fut décrétée à l'unanimité. A peine ce décret fut-il rendu, que l'alarme, la terreur se répandirent dans toutes les aines; au son lugubre du tocsin, au bruit de la générale, la multitude furieuse criait aux armes. insultait, menaçait tous ceux qui se partageaient pas son délire, et le émissaires des clubs et du comité de la commune déclaraient hautement qu'avant de marcher à l'ennemi, i fallait exterminer les scélérats de lutérieur, et désignaient surtout les prisonniers. Ces malheureux, prévoyant leur sort, supplièrent l'employé cha gé de la surveillance des prisons de leur sauver la vie. Les ministre étaient réunis à l'hôtel de la Marine: l'employé s'y rendit: M. Boland. femme de l'un d'eux, rapporte da ses mémoires que Danton fut le premier auquel il s'adressa; il lui rend: compte des mouvements qu'on voya autour des prisons, et des alarme des prisonniers, et lui représent. que c'était surtout à lui, en sa quali de ministre de la justice, à leur don ner assistance. « Danton, dit M" · » Roland, importuné de la repre >> sentation malencontreuse de fe »ployé, s'écria avec sa voix ben» glante, et un geste approprié » l'expression: Je me f... bun de » prisonniers; qu'ils deviennent r » qu'ils pourront; et il passa s » chemin avec humeur. Ce

galement par ses ordres ou avec son pprobation, que les personnes qui vaient été envoyées à la haute-cour Orléans, furent conduites et masacrées à Versailles. M. A...., préEdent du tribunal établi dans cette lle, étant venu le prier de prendre les mesures pour les sauver, il lui épondit : «Que vous importe? Remplissez vos fonctions, et ne vous mêlez pas de cette affaire; le peuple › demande vengeance. » Ce fut sous on contre - seing que parvint dans les départements l'odieuse circulaire du Comité de la commune de Paris, qui invitait les patriotes à répéter dans des provinces les exécutions de septembre. Ces terribles massacres produisirent l'effet que leurs auteurs en avaient attendu; la terreur glaça tous les esprits. Dans le plus grand nombre des départements, mais surtout à Pavis, il n'y eut que les ennemis de l'autoité royale qui obtinrent des suffrages aux élections, et toutes les fonctions publiques furent remplies par des furieux. Danton quitta le ministère de la justice pour les fonctions de député à la convention, auxquelles il avait été appelé par les électeurs de Paris. Il espérait y avoir le même as cendant que dans les clubs et sur le peuple de la capitale; mais il y apportait un double germe de discorde et d'inimitié, ses crimes et ses succès. Quoiqu'il fût réellement le principal fondateur de la république, les veritables républicains devaient être ses adversaires. Cette classe de révolutionnaires, parmi lesquels plusieurs reunissaient à un très beau talent des sentiments élevés, ne voulait pas que cette république, objet de ses veux, parût flétrie dès sa naissance par des forfaits aussi atroces et aussi bas que les exécutions de septembre, tils demandaient vivement la puni

tion de ceux qui les avaient commis et fait commettre. D'un autre côté, la sombre jalousie de Robespierre voyait avec dépit que Danton partageât avec lui la faveur populaire et marchât au moins son égal dans la convention, et dès-lors il meditait sa perte. Quoique beaucoup plus criminel que son rival à cette époque, Danton était cependant d'un naturel moins méchant: c'était un de ces êtres orgueilleux qui, se croyant appelés à régler les destinées des peuples, pensent que tous les crimes deviennent des actions légitimes dès qu'ils peuvent faire réussir leurs projets; mais il n'en eut point cominis d'inutiles, et l'on peut dire de lui qu'il cessait d'être criminel du moment oùil n'avait plus la prétention d'être homme d'état. Dès la première séance de la convention, il parut vouloir rétablir l'ordre et rappeler la confiance, en demandant que toutes les propriétés fussent garanties par un décret solennel. Plus tolérant que d'autres personnes qui n'avaient pas à se reprocher les mêmes excès, il disait qu'il fallait craindre de rendre la liberté haïssable, par une application trop rigoureuse des principes philosophiques. Il prit même plusieurs fois la defense des cultes religieux, et peut-être cet homme si terrible fût-il devenu sage s'il n'eût pas eu à repousser les attaques dirigées contre son parti. Roland, son collegue au ministère, crut se rendre agréable au peuple en prouvant qu'il n'avait pas pris part aux dilapidations qui avaient eu licu à la suite des derniers événements; il rendit compte de sa gestion, et on afficha les pieces au coin des rues (Voy. ROLAND). Danton, qui ne pouvait pas prouver autant de désintéressement, prétendit que les ministres étaient solidaires et ne de

vaient de comptes que collectivement. Cette doctrine fit fortune, et Roland succomba. Danton vota la mort de Louis XVI, mais ce n'était point un jugement qu'il voulait prononcer. Un de ses familiers, causant avec lui sur ce grand procès, lui représentait que la convention avait tort de juger ce prince: « Vous avez raison, lui ré»pondit-il, aussi nous ne le jugerons pas, nous le tuerons. » Cependant, malgré son audace, la discorde qui tourmentait déjà violemment la nouvelle république, lui donnait de vives inquiétudes. Il prévoyait d'inévitables catastrophes, et craignait de ne pouvoir plus commander aux événements. « Le métal bouillonne, disait»il, mais la statue de la liberté n'est pas encore fondue; si vous ne sur» veillez le fourneau, vous serez tous » brûlés.» Plusieurs de ses créatures l'abandonnaient pour former des factions indépendantes, et devenaient dès-lors ses plus grands ennemis. De retour de la Belgique, où il avait été envoyé avec Lacroix (V. LACROIX), pour surveiller les armées et révolutionner le pays, il fut vivement ac cusé de dilapidations, surtout par Marat. Il traita Marat avec mépris, et fit taire ses autres accusateurs; mais il ne put effacer l'impression que cette dénonciation avait faite. Après l'échec que les armées éprouvèrent à Aix-la-Chapelle, Danton revint à Paris pour rendre compte de l'état des choses, et préparer des moyens de défense. La terreur, les levées en masse, furent encore ceux qu'il fit prendre. Ou cria aux armes dans les clubs et dans les assemblées de sections, et, pour suppléer aux massacres de septembre qui ne pouvaient plus se renouveler, Danton fit demander par Chaumette, qui à cette époque était encore un de ses partisans, la

formation d'un tribunal révolutionnaire. Dans les derniers temps de la lutte que terminèrent les événements du 51 mai 1793, Danton hésita sur le parti qu'il avait à prendre. La po pularité de Robespierre l'inquietant; inais l'intention des républicains m dérés de faire punir les auteurs de massacres de septembre, ne lui cansait pas moins d'alarmes. Au moment de la crise, M. de Meilhan, qu tenait à ce dernier parti, essaya, en flattant son orgueil, de l'attirer. Danton l'écouta avec attention, le fixa d'un air indécis, puis, refléchissant sur le danger qu'il allait courir et funfluence qu'il allait perdre en chas geant de systême, il se contenta de répondre en parlant des républicains: « Ils n'ont pas de confiance », et rentra dans la salle de la convention, & se mêlant à regret à ceux qui se précipitaient en aveugles dans une not velle révolution, il réclama, mais sans succès, la vengeance des lois contre Henriot qui outrageait la convention et paraissait vouloir la dissoudre (F. HENRIOT). Après le 31 mai, Danton demanda que le comité de salut peblic fût érigé en gouvernement previsoire; mais pour donner le change à ceux qui croyaient voir dans cette mesure l'intention secrète de donner à la France un nouveau roi, il refus de faire partie du comité. Mons verbeux que Robespierre dans s cajoleries populaires, il cherchat à s'attacher la multitude par dos moyens qui devaient lui paraitre plus séduisants. Il se montra le provocateur de toutes les lois da maximum et surtout de la taxe des graius. Les assemblées des sections dr Paris devenaient désertes; la terres en avait éloigné tous les hommes pre dents, et le besoin du travail reteest la classe ouvrière à ses ateliers. De

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