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DE LA

FOI CATHOLIQUE

CONTRE LES GENTILS,

PAR

SAINT THOMAS D'AQUIN,

LE DOCTEUR ANGÉLIQUE,

Traduction avec le texte latin, accompagnée de notes nombreuses
et suivie d'une table analytique complète,

PAR M. L'ABBÉ P.-F. ÉCALLE,

Caré de Marigny-le-Châtel, ancien professeur de philosophie du grand-séminaire de Troyes.

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17415-32

AVERTISSEMENT.

Il nous semble utile de revenir sur la préface mise en tête de cet ouvrage. La discussion élevée entre les Rationalistes catholiques et les Traditionalistes a pris de telles proportions, depuis que nous l'avons écrite, qu'il est nécessaire d'exprimer sa pensée avec précision, lors même qu'on n'aborde la question qu'en passant.

Nous n'avons jamais eu l'intention d'enlever à la raison humaine les droits légitimes qu'elle tient de Dieu même, dont elle émane. Cependant, comme les termes que nous avons employés en lui posant des limites pourraient paraître trop absolus, nous pensons devoir les expliquer.

Quand nous disions: « L'expérience nous a depuis longtemps prouvé que la raison humaine s'égare infailliblement quand elle veut marcher seule. Il lui faut nécessairement un guide, et jamais elle ne sera sûre d'avoir rencontré la vérité, si elle n'a pas le soin de soumettre ses découvertes au contrôle de la Foi. La Foi est un flambeau qui nous montre la route, et nous empêche de nous engager dans les voies de l'erreur; c'est la pierre de touche qui nous fait discerner le vrai et le faux et nous en découvre le mélange » (page 6), nous avions en vue ces philosophes naturalistes, qui veulent isoler entièrement la raison de la Révélation, et se flattent d'arriver, sans le secours de cette dernière, à se faire un système complet comprenant toutes les vérités nécessaires à l'homme pour former sa conscience et atteindre à sa fin. Or, l'expérience nous autorise à dire que cette prétention est une orgueilleuse folie. Qui donc comptera les aberrations de ces sages! Qui pourra les suivre dans leurs écarts! Et si la raison est un guide si sûr, comment tous ceux qui n'ont voulu suivre qu'elle ont-ils pu aboutir à l'erreur par tant de sentiers divers? Nous sommes donc en droit de leur dire avec Bossuet: « Considérez où vous êtes et en quelle basse région du monde vous avez été relégués. Voyez cette nuit profonde, ces té• nèbres épaisses qui vous environnent, la faiblesse, l'imbécillité, l'ignorance de • votre raison » (1).

"

Nous croyons, et nous avons dit très explicitement, que la raison peut démontrer avec certitude, et sans le secours de la Révélation, plusieurs vérités fondamentales et les premiers principes qui précèdent la Foi et y conduisent. Telles sont l'existence, l'unité et l'éternité de Dieu, la spiritualité de l'âme, et, par conséquent, son immortalité, la liberté de l'homme (2). La raison,

(1) Sermon sur la divinité de la Religion.

(2) Deum esse, et alia hujusmodi, qua per rationem naturalem nota possunt esse de

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en effct, a été donnée à l'homme comme une faculté essentielle de sa nature, puisqu'on le définit un animal raisonnable. Il lui est donc permis d'en faire usage, et par là même elle a nécessairement un objet, qui ne peut être que la vérité. Mais comme la raison est purement naturelle, son domaine ne s'étend pas au-delà de l'ordre naturel, et il en eût été de même, si l'homme eût conservé avec l'innocence l'intégrité dans laquelle il avait été créé; seulement ce domaine s'est trouvé considérablement restreint par suite de sa déchéance.

"

Vouloir conserver la raison comme faculté et la réduire à une impuissance absolue, comme l'ont fait Luther et d'autres docteurs, dans les commencements de la grande révolte protestante (3), ce serait contredire la Sainte Ecriture, qui reconnaît à l'homme ce magnifique privilége. Nous en trouvons les titres authentiques dans les passages suivants : « Tous les hommes voient Dieu, chacun le contemple de loin (4). « La grandeur et la beauté de la créature peuvent faire connaître le Créateur en le rendant visible (5). S. Paul et S. Barnabé, pour détourner les habitants de Lystre de leur offrir des sacrifices, leur adressent ces paroles: Dieu qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils renferment, « et qui, dans les temps passés, a laissé marcher toutes les nations dans leurs voies, n'a point cessé de se rendre témoignage à lui-même, en faisant descendre ses bienfaits du ciel, en dispensant les pluies et les saisons qui donnent les fruits, en nous accordant une nourriture abondante et remplissant ⚫nos cœurs de joie (6). Et l'apôtre dit encore: Depuis la création du monde,

on aperçoit, en le découvrant par les choses qui ont été faites, ce qui est invisible en Dieu, de même que sa puissance éternelle et sa divinité (7). Ainsi donc, d'a rès les Livres Saints, le spectacle de la nature peut suffire à l'homme pour s'élever à la connaissance du Créateur, dont la Providence éclate dans l'ordre admirable qui brille dans ce vaste univers.

On pourrait apporter aussi de nombreux témoignages des Saints Pères en

Deo, ut dicitur Rom., I, non sunt articuli fidei, sed præambula ad articulos. Sic enim fides præsupponit cognitionem naturalem, sicut gratia naturam, et ut perfectio perfectibile. Nihil tamen prohibet illud quod secundum se demonstrabile est et scibile, ab aliquo accipi ut cred bile, qui demonstrationem non capit (S. Thom., Summ, theol., 1 p.. q. 2, ad primum).

(3) Leibnitz en fait l'aveu en ces termes : Reformatores, ac Lutherus præcipue, locuti quandoque sunt quasi philosophiam omnino rejecerint, fideique inimicam esse judicaverint Dissert. de conformitate fi ei cum ratione)

(4) Omnes homines vident eum, unusquisque intuetur procul (Job, xxxv, 25).

(5) A magnitudine enim specieiet creaturæ cognoscibiliter poterit Creator horum videri (Sap., X111, 5).

(6) (Deus) qui fecit calum, et terram, et mare, et omnia quæ in eis sunt; qui in præteritis generationibus dimisit omnes gentes ingredi rias suus, et quidem non sine testimonio semetipsum reliquit, benefaciens de calo, dans pluvias et tempora fructifera, implens cibo et lætitia corda nosIra (Act., xiv, 14-16).

(7) Invisibilia enim ipsius, a creatura mundi, per ea quæ facta sunt intellecta, conspiciuntur. sempiterna quoque ejus virtus et divinitas (Rom., 1, 20).

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