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Milan avec deux cens hommes d'armes au plus grand honneur qu'on a sceu adviser, car on porte devant lui dix-huict ou vingt enseignes les plus triumphantes qu'on vid jamais qui ont esté en cette bataille gagnée. Il demeurera à Milan jusques à ce que le Roy ayt mandé s'il veut qu'il soit porté en France ou non. Monsieur, nostre armée s'en va temporisant par cette Romagne en prenant toutes les villes pour le concile'; ils ne se font point prier d'eux rendre au moyen de ce qu'ils ont peur d'estre pillez comme a esté cette ville de Ravenne, en laquelle n'est rien demeuré, et ne bougerons de ce quartier que le Roy n'ayt mandé ce qu'il veut que son armée face.

Monsieur, touchant le frère du Poste dont m'avez écrit, incontinent que l'envoyerez il n'y aura point de faute que je ne le pourvoye. Puisque cecy est despéché je croy qu'aurons abstinence de guerres; toutesfois les Suisses font quelque bruict tousjours; mais quand ils sçauront cette deffaite peutêtre ils mettront quelque peu d'eau en leur vin. Incontinent que les choses seront un peu appaisées je vous iray voir. Priant Dieu, Monsieur, qu'il vous donne très-bonne vie et longue. Escrit au camp de Ravenne ce 14o jour d'avril.

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Lettre de Laurent Alleman, évêque de Grenoble, à la reine Anne de Bretagne, relative à la maladie de Bayart (1512).

A la Royne ma souveraine dame 2.

Madame, j'ay receu les lettres qu'il vous a pleu m'envoyer

1. Pour le concile convoqué par Louis XII à Pise en opposition à celui que Jules II réunit à Rome à Saint-Jean-de-Latran, et qui, transféré à Milan, fut dissous après avoir déposé le pape. Ses décisions n'eurent aucune autorité et ne furent pas mises à exécution.

2. Cabinet de M. de Terrebasse. Original. Publié dans la Vie de Bayart par M. de Terrebasse. Vienne, 1870, in-8°, p. 461.

par maistre Pierre, vostre médecin, et entendu par luy vostre vouloir et commandement. Madame, soyez toute asseurée que en toutes les heures, prières et suffrages qu'il se dist journellement à nostre seigneur Dieu en vostre pays de Graysivodan et mesme par les gens réformez avec grans abstinences, le roy et vous, Madame, avec l'estat de voz royaulme et seigneurie, estes singulièrement et affectueusement recommandez et n'est possible, Madame, que tant de prières et larmes gectées ne soyent exaulcez pour vous profiter en ce monde et en l'autre. Madame, la venue de vostredit médecin est cause de guérir mon nepveu Bayart, car les médecins d'icy n'avyont cognoissance d'une fievre lante qu'il avoit en l'estomac et tellement l'a secouru que dedens trois ou quatre jours s'en va en Guyenne en vostre service.

Madame, j'ay parlé audit Bayart du mariaige duquel il vous a pleu parler au vicomte de Rodes', dont luy et moy avons bien cause d'estre très que adonnez et soigneulx de vous faire service agréable, quant il vous plaist entendre à l'affaire d'un si petit vostre serviteur comme luy. Il m'a dit qu'il est encore bien mal fondé en biens pour supporter les charges de ce mariaige et que encores il ne vous a faict quelque bon service ainsi qu'il a bien espoir de faire, mais que il s'en ira en Guyenne pour se mectre en debvoir d'obeyr au commandement du roy et de vous et pour ayder à résister aux gros affaires et vous y faire quelque bon service ainsi qu'il a bien espoir, car il n'a comme il dit, aultre désir en ce monde; et comme que l'on vous ayt dit d'ung fils, il n'y a que troys filles qui sont de deux mères donct l'aynée est seule de la première; et à ce que j'entens de luy il ne scet encores que veult dire se marier. Mais s'il vous plaist, Madame, vous l'aurez pour recommandé. Madame, je prie au benoit fils de Dieu vous donner très bonne et très longue vie. A la Plaine 2, ce vje de septembre.

Vostre très humble et très obéissant subget et serviteur,
L'ÉVESQUE DE GRENOBLE.

1. Il s'agit probablement ici de Guillaume de Carmain, vicomte de Rodez.

2. Château des évêques de Grenoble.

V.

(Voir p. 392.)

Lettres de Frantz de Sickingen, de Louis de Hangest, seigneur de Montmor, de Charles de Bourbon, duc d'Alençon, et de Gaspard de Coligny, maréchal de Châtillon, relatives au siége de Mouzon (1521).

[Au Roi'.]

Monseigneur, j'ay veu les lettres qu'il vous a pleu m'escripre par lesquelles me mandez adviser avec Messieurs d'Orval et mareschal de Chastillon quelle provision l'on pourroit promptement donner au fait de Tournay. Monseigneur, comme hier je vous feis entendre par Fors monsieur d'Orval est à Mézières devers lequel j'ay envoyé le capitayne Bayard, le bailly de Caen, Boucal, Pierrepont et Suzanne, lieutenant de l'artillerie, pour veoir ce qui luy est nécessaire pour ledict Mézières et n'y a de ceste heure icy que messieurs de Saint-Pol, mareschal de Chastillon et moy. Toutesfois ledict mareschal lequel a ce jour d'huy depesché le messagier de Tournay, vous escript au long ce qui luy en semble. Au demeurant je vous advise, Monseigneur, que tout à ceste heure ay veu lettres par lesquelles l'on advertit monsieur de Montmor que le bruict est que le siége s'en va devant Mouzon, et pour ce qu'il m'escript donner provision à ce qui luy est nécessaire je luy fais response, pour le doubte que j'ay de ne luy pouvoir bailler gens qui assez tost peussent estre vers luy, qu'il lieve en toute diligence ce qu'il congnoistra qu'il luy en fault, ou s'il voyt que une bande de gens de pyé d'icy peust estre assez à temps vers luy qu'il le mande et incontinent je les y feray marcher, et que au demeurant il fasse retirer dedans la ville tant de vivres qu'il pourra. Monseigneur, de ce que j'entendray vous advertyray tousjours incontinent pour y pourveoir selon le bon plaisir de vous,

1. Bibl. nat., mss. Clairambault, vol. 319, p. 5995. Copie.

Monseigneur. Pryant le créateur vous donner, Monseigneur, très longue vie et très bonne santé..

De Reims, ce dernier juillet.

Vostre très humble et très hobéyssant suget et serviteur,

CHARLES.

Au cappitaine de Mouzon, sieur de Montmor'.

Cappitaine, je vous adverty que me suis trouvé hier devers monseigneur de Nassau et autres gens du conseil de guerre de la très sacrée majesté de l'empereur, entre lesquelz a esté advisé et conclu de vous assiéger. Et pour ce que, à mon retour du Roy vostre maistre, me feistes en vostre maison de Chavronge de l'honneur, bonne chère beaucoup, et de bonnes offres et des présentations, je seray mary estre ingrat envers moy2; et pour ce que je considère, et qu'il est vraysemblable que la ville de Mouzon estant à présent soubz vostre charge, comme en suis vérifié, n'est à résister contre telle foule, vous prie que ayez la considération de la puissance dudict seigneur empereur et de ma présente armée, que ne mectez aucune difficulté de vous départir, ensemble et voz gens de guerre avec leur bagage, de ladicte ville en la mectant en mes mains; et je vous asseure de vous en laisser départir, ensemble et voz gens comment dict est; autrement la diligation à laquelle sera faicte, et par tel ordre et debvoir que n'est à présupposer estre à vous possible de la garder, et ne sera à moy, vous, ne à voz gens rendre aucunement gratuite, dont me déplairoit, espérant que ma trompette porteur par ces présentes, me ferez responce. Escript au camp auprès de Stanay-sur-Mouzon, ce xxj' jour d'aoust l'an vc xxi.

FRANCISCUS DE SICINGEN, manu propria.

1. Bibl. nat., mss. français, vol. 3092, p. 121. Copie du temps. On ne s'étonnera pas du style de cette lettre en se rappelant qu'elle est écrite par un Allemand.

2. Il y a bien moy dans le texte; mais c'est vous qu'il faudrait.

Au cappitaine le seigneur Francisque'.

Cappitaine, j'ay à ceste heure veu vostre lettre dattée du xxje d'aoust vc XXI par vostre messager et trompette, par laquelle vous dictes que du jour d'hier vous estes trouvé avecques monsieur de Nassau et autres gens du conseil de l'empereur entre lesquelz dictes avoir esté advisé de me assiéger, el que pour quelque bonne chère que dictes que vous ay fait à ma maison de Chaberonges et plusieurs bonnes offres et presentations, et à l'occasion de ce, me vouldriez fere plaisir à moy et aux cappitaines et gens de guerre qui sont en ceste ville et autres choses contenues en vostre dicte lettre dont vous tiens assez recouz. Pour responce : il a pleu au roy très chrestien mon souverain seigneur de me bailler la garde de ceste ville de Mouzon, avecques beaucoup de bons cappitaines et gens de guerre qui sont icy, lesquelz eulx et moy sommes délibérez de faire nostre debvoir et le bien et loyaument servir en actendant son bon plaisir, et du contenu de vos dictes lettres l'advertiray à toute diligence. Bien est vray que je trouve estrange, veu ancienes lettres que m'a escript monsieur de Nassau, par lesquelles il m'a toujours escript qu'il n'avoit charge de l'empereur faire guerre sur les pays et subgetz du roy mondict souverain seigneur et n'ay point entendu qu'il y ayt aucune déclaration de guerre entre nos princes et souverains seigneurs. Quant à moy, où je vous pourrois faire plaisir je le ferey de bon cueur, mon honneur saulve.

Escript à Mouzon, ce xxje jour d'aoust vc XXI.

LOUIS DE HANGEST.

Au Roy mon souverain seigneur 2.

Sire, je vous escripviz hier comme j'avois mandé tous les

1. Bibl. nat., mss. français, vol. 3092, p. 120. Copie du temps. 2. Bibl. nat., mss. français, vol. 2967, p. 18. Original.

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