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reprises aussitôt après, le soir même du 23. A partir de ce moment, Bourmont cessa de tenir la campagne'; on a même dit qu'il y aurait été contraint par une sédition de ses troupes, dans laquelle sa vie aurait été menacée. Un sérieux avantage remporté près de Foulletourte (Sarthe), le 24 janvier (4 pluviôse), par Chappedelaine, un de de ses lieutenants, sur la 30 demi-brigade d'infanterie légère, et une correspondance secrète avec le chevalier d'Andigné, cet officier que le parti des intransigeants voulait mettre à sa tête, et avec Chatillon, ne suspendirent pas les négociations. Châtillon fut

près cette déroute la capitulation des autres généraux » (t. IV, p. 487) : erreur évidente. La Frégeolière ne se rend pas non plus un compte exact de son attitude à Meslai.

La date et les circonstances de la soumission de Bourmont doivent être précisées avec soin.

".

Thiers indique par erreur le 24 janvier (Consulat et Empire, t. I, p. 205). PatuDeshautchamps brouille toutes les dates, place au 10 janvier la paix de Montfaucon, qui est du 18; au 24, la soumission de Pallu-Duparc, qui avait eu lieu le 18, et entre ces deux dates, celle de Bourmont, qui est très-postérieure (p. 601). M. Port, Dictionnaire de Maine-et-Loire, vo Bourmont, n'est pas non plus rigoureusement exact en disant qu'il se soumit avec d'Autichamp Pesche, Dictionnaire de la Sarthe, Précis historique, l'est beaucoup moins encore, en parlant de « la soumission des chefs de Bourmont, d'Autichamp, de Châtillon, qui adhérèrent, à Angers, le 22 janvier 1800, à la convention de Montfaucon » : autant d'erreurs que de mots, dans un ouvrage écrit pourtant sur les lieux et avec un certain soin! La Biographie Hoefer (art. de M. Julien TRAVERS) se trompe en un autre sens, en disant que Bourmont fut le dernier des chefs royalistes à poser les armes; de même Guillemot (Lettres à mes neveux sur la chouannerie), en supposant que Bourmont ne se serait soumis qu'après Georges. M. de Martel a connu les documents originaux.

1

" GÉNÉRAL,

« Marigné, près Segré, le 26 janvier 1800 (6 pluviôse).

"

• Conformément à votre lettre du 4 pluviôse, j'ai donné hier des ordres pour faire rentrer chaque compagnie dans la paroisse, avec défense d'y occuper aucun poste.

Je charge M. le vicomte de Malartic de se rendre auprès de vous pour prendre connaissance des arrangements consentis pour la paix de la Vendée et déterminer ceux nécessaires à la pacification du Maine.

"

Recevez, etc.

(Arch. de la guerre.)

« Le comte DE BOURMONT. »

2 V. les détails dans BEAUCHAMP, t. IV, p. 488; CRETINEAU-JOLY, t. IV, p. 89; MURET, t. V, p. 199;

Abbé PAULOUIN, t. II, p. 181; PESCHE, Dictionnaire de la Sarthe, vo Foulletourte ; Abbé DENIAU, t. VI, p. 61. Ce fut le dernier succès des chouans dans le Maine.

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2

très-net: « Le comte d'Artois, lui écrivait-il, ne viendra pas, et ceux qui vous poussent à la guerre vous abandonneront'. » La Prévalaye venait de souscrire (9 pluviôse 29 janvier)2 aux conditions acceptées par d'Autichamp, Cadoudal allait faire sa soumission: il ne restait à Bourmont qu'à régulariser la sienne3.

1 BEAUCHAMP, t. IV, p. 493.

2 L'abbé Deniau, t. VI, p. 52, dit le 24 janvier ; erreur, car La Prévalaye ne connut la convention de Montfaucon, par un envoyé de Châtillon, que dans la nuit du 24 au 25. Il rassembla immédiatement ses officiers, qui se prononcèrent tous pour la paix. Le 26, il avisait Hédouville de leurs intentions (lettre citée); le mème jour, il en aurait également avisé Frotté. Nulle trace de ce dernier message.

3 Les ennemis de Bourmont lui reprochèrent d'avoir fait célébrer solennellement un service anniversaire pour le repos de l'âme de Louis XVI, à Grez en Bouère, le 21 janvier, et d'y avoir assisté en grand uniforme. Nous ne discutons pas l'opportunité de cette manifestation; mais, si elle était imprudente, elle n'était assurément ni une perfidie, ni une violation d'un traité qui n'existait pas

encore.

Il y eut dans l'armée de Bourmont, comme dans celle de Châtillon, des mécontents (PAULOUIN, t. II, p. 94); voici une assez curieuse lettre écrite par un de ses officiers, La Frégeolière, dit Henry:

"

MESSIEURS,

« 8 février 1800 (19 pluv. an VIII).

« Je reçois à l'instant la nouvelle que M. de Bourmont, notre général, abandonné de tous les autres généraux royalistes, vient de signer la paix, parce qu'il ne pouvait résister avec neuf mille hommes contre soixante-dix mille que le parti contraire lui opposait. D'après la pacification signée de lui, il vous est enjoint de vous retirer dans vos foyers avec vos armes et de ne porter ni la cocarde blanche ni la tricolore. Si vous vous aperceviez que les républicains violent à notre égard les articles du traité, vous voudrez bien m'en faire part, afin que nous puissions les rappeler à leur devoir. Cette paix ne nous enlève pas l'espoir de voir réaliser nos désirs et nos vœux. Vous voudrez bien me faire passer les noms des blessés et estropiés qui se trouvent dans vos compagnies, afin de pourvoir à leurs besoins. Je suis toujours au milieu de vous et ne vous abandonnerai pas.

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" P. S. Vous ne pouvez trop représenter à vos soldats qu'ils aient à conserver leurs armes, c'est une des conditions du traité de paix. Il n'est pas non plus nécessaire qu'ils se rendent chez les agents. »

(Arch. de la guerre ;

LA FRÉGEOLIERE, p. 160.)

Cette lettre excita au plus haut degré la colère du premier Consul. Il écrivit au général de La Rue, commandant dans le département de la Sarthe, 20 févr. (Corresp. impr.):

".....

J'ai vu avec indignation la circulaire du nommé Henri. Mettez-vous en campagne. Tâchez de le surprendre en quelque endroit qu'il se trouve, et dès l'instant que vous l'aurez pris, vous le ferez juger par une commission militaire comme rebelle à la République... Je ne doute pas que la commission militaire ne le condamne à mort...»

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Elle fut signée le 4 février, à Angers, à la suite des adhésions de La Prévalaye et de d'Autichamp, et sur la même feuille, sorte de registre ouvert aux soumissions futures.

« J'accède aux conditions et traité conclus par MM. d'Autichamp, Suzannet, de Châtillon et La Prévalave, relativement à la pacification, sous la condition que les mêmes avantages accordés à ces Messieurs auront lieu pour l'armée de M. de Bourmont.

« DE MALARTIC dit SAUVAGE 1.

« J'exprime, au nom de M. de Bourmont, le désir que M. Georges soit admis à accéder aux mêmes conditions à la convention ci-dessus. Il répond de ses intentions à cet égard et prie le gouvernement de prendre sur-le-champ dans la plus haute considération la présente déclaration.

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Le lendemain, Bourmont écrivait lui-même au général Brune, pour insister sur la nécessité d'accorder à Georges les mêmes conditions que Hédouville avait faites aux autres chefs : « Vous "étes Français, général », lui disait-il, « et vous savez que l'humiliation n'est pas supportable2.

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En tout cela, on le voit, il n'était nullement question de Frotté.

La soumission de Bourmont fut-elle faite aux mêmes conditions que celle des chefs de l'Anjou et de la haute Bretagne ? Il n'en avait pas demandé d'autres, et Hédouville, descendu au second rang, n'était point autorisé, ce semble, à lui accorder des avantages particuliers. Nous avons donc peine à admettre, avec M. Charles de Bourmont, qu'« il n'eût accédé au traité qu'avec

1 Lettre citée par M. de Martel, p. 123.

2 M. le comte Ch. de Bourmont, p. 28, dit: «Lorsque le représentant de Frotté, M. de Saint-Florent, fut arrivé à Angers, M. le comte de Bourmont y députa de son côté M. de Malartic, son chef d'état-major, lui recommandant de déclarer, avant d'entamer aucune négociation, qu'il ne consentirait à déposer les armes que dans le cas où les soumissions de Georges et de Frotté seraient également admises. Cadoudal traita, en effet, et signa la paix le 2 février. -1° Nous avons donné le texte de la soumission souscrite par Malartic; il n'y est pas question de Frotté, non plus que dans la lettre à Brune, du lendemain. 2o Ce n'est que le 8 février (19 pluviôse), ainsi que nous le verrons plus tard, que Frotté envoya SaintFlorent à Hédouville.

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la condition expresse de ne pas se dessaisir de ses armes et de son artillerie' ». De pareilles assertions, en contradiction avec les documents officiels, auraient eu besoin d'être fortement appuyées.

Toujours est-il que la remise des armes ne s'effectua dans la division du Maine qu'avec une lenteur et des difficultés particulières; elle y fut moins rigoureuse qu'ailleurs certainement. La fureur du premier Consul éclata en menaces terribles. Il oublia la parole donnée par Hédouville et qu'il avait ratifiée lui-même, et voulut le pousser à des mesures violentes: arrestation de Bourmont, reprise des hostilités. Clarke encourageait son maître dans cette voie funeste. Bourmont fut sérieusement menacé, Hédouville faillit étre brisé. Tous deux restèrent: Hédouville prudent et digne, Bourmont courageux et habile. Il vint à Paris au risque d'être arrêté, vit le premier Consul, plaida lui-même sa cause et la gagna.

Vingt-cinq ans plus tard, rappelant ces événements dans une circonstance solennelle, il pouvait comparer l'attitude de Hédouville à celle des généraux Guidal et Chambarlhac, et

1 Notice, p. 30.

Le maréchal, dans son Éloge de Hédouville, p. 4, se borne à dire :

« Le premier Consul donna ordre de me poursuivre à outrance, si je ne lui faisais remettre sur-le-champ les pièces de canon que j'avais prises, et sous trois jours, six mille fusils. Je refusai de rendre ni canons ni fusils »; ce qui, rapproché surtout de sa correspondance que nous allons citer, implique moins le droit de les conserver que le refus d'en opérer soi-même la reddition. M. Ch. de Bourmont ne produit aucune pièce, aucun témoignage précis à l'appui de son allégation. La seule preuve qu'il invoque, c'est qu' " en 1815, à la reprise des armes, ces fusils et ces canons se retrouvèrent aux mêmes lieux, dans les mains des nouveaux insurgés,» On ne pourrait induire de cette circonstance qu'une conséquence, c'est que la remise n'aurait pas été complète. Nous verrons, d'ailleurs, qu'elle eut lieu, partiellement du moins, sans qu'on osât exciper vis-à-vis du gouvernement républicain de ce prétendu droit de ne pas désarmer.

"

Constatons, toutefois, que Bourmont, dès cette époque, revendiquait devant ses amis l'honneur d'avoir été autorisé à conserver ses armes, car La Chaussée lui écrivait le 10 mars : Monsieur a vu avec satisfaction qu'une des clauses de votre traité était la conservation de vos armes, parce qu'il a aperçu dans cette clause la seule sauvegarde sur laquelle vous et vos officiers puissiez compter.» (Bibl. nat,, vol. 1029.)

Nous publions à l'Appendice les documents relatifs à cet épisode, un des plus intéressants assurément et des moins connus de la pacification. Nous les avons donnés plus complets dans la Revue du Maine.

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rappeler que c'était à la loyauté de Hédouville qu'il devait la vie 1.

Chappedelaine dut suivre l'exemple de son chef2.

Les soumissions continuaient.

Le 1" février (12 pluviôse an VIII), ç'avait été le tour du chevalier de La Prévalaye, commandant la division de la haute Bretagne. Il crut devoir s'excuser du retard de sa soumission3, sur son ignorance des résolutions prises à Candé : ce n'était déjà plus une question seulement de signature, mais de date. Comme les courtisans de Louis XIV, ces pauvres soudards en étaient réduits à redouter le froncement de sourcil du maître et le terrible « J'ai failli attendre! »

La Prévalaye à Hédouville.

« 29 janvier 1800 (9 pluv.).

Il n'a connu que dans la nuit du 23 au 24 la réponse du premier Consul aux propositions des généraux royalistes assemblés à Candé. Il avait demandé une prorogation au général La Barolière. Il a dû ensuite s'adresser à Hédouville. « J'adhère au traité. Je me flatte qu'il ne vous paraitra pas étonnant que je n'y aie pas adhéré plus tôt; cela vient du retard de la lettre que le général Châtillon m'a écrite, le 19, pour m'en faire part. Aussitôt le retour de M. de Landemont (son neveu, chargé

1 Éloge, p. 14.

2 Voici une lettre de lui, sans date, qui semble écrite après sa victoire de FoulJetourte :

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J'ignore que M. le comte de Bourmont ait fait la paix avec le gouvernement et à quelles conditions il peut l'avoir faite. Je n'ai connaissance que d'une suspension qui m'a été annoncée par le général en chef et à laquelle je me conformerai exactement. Quant au reste, je l'ignorerai jusqu'au moment où j'en recevrai avis de M. le comte de Bourmont lui-même.

« Je veux bien vous assurer, Monsieur, que je n'ai ici aucun rassemblement qui puisse paraître devoir porter atteinte aux vues de paix dont on parait s'oc

cuper.

. Chevalier DE CHAPPEDELAINE,
« Adj. gén. »

(Arch. de la guerre.) 3 Arch. de la guerre.

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