Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pâle, comme fournissant parmi les quatre espèces de jaune la soie la plus parfaite,

Lorsque les papillons sont sortis, on donne à chaque femelle son mâle, et on les place sur un morceau d'étamine: lorsque la femelle a été fécondée, elle dépose ses œufs environ dix à douze heures après l'accouplement. Ces œufs s'attachent fortement à l'étamine, à l'aide de la substance glutineuse dont ils sont enduits. Chaque femelle donne quatre ou cinq cents œufs ; ainsi, uu cent de femelles donne une once de graine, et l'on mettra à part, pour chaque once qu'on voudra faire, au moins deux cents cocons, moitié mâles et moitié femelles.

On conserve ainsi ces morceaux d'étamines jusqu'au mois de septembre; on travaille alors à détacher les œufs qui y sont attachés. Pour y parvenir, on souffle sur la graine quelques gorgées de vin pour détremper la substance glutineuse, et on détache ensuite facilement les oeufs avec la barbe d'une plume; on les enferme dans un cornet de papier qu'on met dans un lieu qui ne soit ni trop chaud, ni trop froid, ni trop hu

mide.

On doit songer à faire éclore la graine lorsque les feuilles du mûrier commencent à pousser. Dans les années hâtives, elles se montrent le 10 et le 15 d'avril: quand les gelées sont fréquentes

et que l'année est tardive, on est obligé d'attendre jusqu'au 10 ou 12 de mai.

Il y a deux manières de faire éclore la graine; la naturelle et l'artificielle. La naturelle consiste à laisser agir l'air extérieur, et à attendre l'effet de son action ou de sa température pour développer le principe de la fécondation des œufs. L'artificielle consiste à employer la chaleur du feu ou d'autres moyens de cette espèce. Cette dernière est dans nos climats beaucoup plus en usage que l'autre; on la croit cependant moins analogue à l'essence du ver.

La couvée naturelle doit sans contredit être préférée dans tous les pays où la température, toujours égale et plus propre à développer les principes de fécondité, agit avec sûreté et sans aucun secours étranger. Mais dans les climats sujets à variations, tels, par exemple, que celui de la Touraine, il y auroit de l'inconvénient à compter sur ses effets. Le point essentiel est de faire coïncider l'époque de la naissance du ver avec le moment où le mûrier se développe pour fournir à sa nourriture.

Pour la couvée artificielle, on divise la graine par onces; on en forme de petits paquets qu'on enveloppe d'un linge recouvert de coton, sans trop serrer la graine. Les femmes ou les filles, qui sont communément chargées de cette opération,

portent ensuite ce linge sur elles, ne l'approchent que peu à peu de leur peau, et finissent par le déposer dans leur sein pendant le jour, et elles le conservent pendant la nuit dans leur lit: le deuxième jour elles le visitent; si elles aperçoivent que la graine soit rouge, elles la rejettent sur-le-champ pour en couver de nouvelle, attendu que cette couleur annonce qu'elle a perdu sa qualité, pour avoir éprouvé une chaleur trop vive: si, au contraire, la graine porte une couleur de gris-blanc, elles la mettent dans des boîtes propres, sans odeur, qu'on a eu soin de garnir de papier blanc; elles y déposent la graine sans trop l'entasser, et la recouvrent d'une feuille de papier percée de petits trous par lesquels les vers sortent à mesure qu'ils sont éclos, pour chercher les feuilles tendres des mûriers qu'on a mises au-dessus: on pourroit se servir de petits filets en place de papier.

On place ces boîtes sur un lit de plume, entre deux oreillers, sous une couverture de laine; on a soin d'entretenir, à l'aide du feu, là chaleur de la chambre au même degré, ou d'y suppléer par des bouteilles d'eau chaude que l'on place sous le lit de plume, et que l'on renouvelle à mesure que l'on voit les vers éclore. On peut se servir aussi de bassinoires, et mieux encore de ces paniers d'osier, de forme conique et à pointe

aplatie, dont on fait usage pour chauffer le linge. Lorsque la graine est bonne et que le degré de chaleur est donné à propos, la plus grande partie des vers éclosent dans les deux ou trois premiers jours. Lorsqu'ils ne sont point éclos après le cinquième ou sixième, il n'y a plus rien à espérer ; il faut alors recommencer l'opération avec de nouvelle graine.

On se sert quelquefois d'une poule qui glousse, sous laquelle on place des boîtes remplies de graine, recouvertes de paille et de quelques œufs par-dessus le bain-marie et la chaleur de la cendre sont encore employés avec succès.

[ocr errors]

Quoique les différentes méthodes dont on se sert pour faire éclore les vers à soie, soient propres à cet effet, puisqu'elles l'opèrent assez communément, on peut dire qu'elles ne sont pas également avantageuses, et qu'il n'y en a peutêtre aucune qui soit sans inconvéniens. Celle produite par la chaleur du corps humain n'est pas toujours égale, et, par des circonstances particulières, elle peut être malsaine; ajoutons qu'elle oblige toujours à des attentions gênantes. Un petit cabinet exposé au midi, et garni d'un poêle de faïence, dont le feu seroit gradué pour faire éclore tout à la fois, et à peu de frais, les œufs étendus sur une ou plusieurs serviettes suspendues par les quatre bouts, seroit peut

[ocr errors]

être l'un des moyens les plus sûrs; et nous sa+ vons que des particuliers du Languedoc ont fait usage avec succès de cette méthode.

A mesure que les vers sont éclos, on les place par couvées, suivant la date de leur naissance, dans de nouvelles boîtes, garnies de feuilles de mûrier on doit leur en donner de nouvelles deux fois par jour. C'est dans les commence+ mens qu'on doit apporter le plus de soin pour la conservation de ces insectes: leur extrême délicatesse les rend susceptibles des moindres variations de l'air, et l'on ne réussit à les garantir de tous les dangers auxquels ils sont exposés, que par l'exactitude la plus sévère à pourvoir à leurs besoins, à les entretenir dans une propreté continuelle, et à les maintenir dans un degré de chaleur uniforme.

Le plus difficile est de conserver une même température d'air toujours également sain. Pour y parvenir, on fait usage, avec succès, du thermomètre de M. de Réaumur, qui, par des expériences très-suivies sur les vers à soie, a reconnu que le dix-huitième degré de son thermomètre est celui qui indique la chaleur la plus analogue et la plus convenable à la nature et au tempérament de cet insecte.

Lorsque les vers sont un peu forts, on les arrange et on les dispose dans l'atelier, qu'on

« ZurückWeiter »