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dont ils sont placés et collés les met à couvert de la grêle, qui quelquefois n'épargne pas le mûrier même; le petit ver ne sort point de son œuf qu'il n'ait été pourvu à sa subsistance, et que les feuilles ne commencent à sortir de leurs boutons. Lorsque les feuilles sont venues, la nature invite les petites chenilles à percer la coque de leurs œufs, à se répandre sur la verdure; elles grossissent peu à peu; et filent au bout de quelques mois, sur le même arbre, leurs cocons, qui paroissent comme des pommes d'or au milieu du beau vert qui les relève. Cette façon de les nourrir est la plus sûre pour leur santé et celle qui coûte le moins de peine; mais la température inégale et inconstante de nos climats, rend cette méthode sujette à des inconvéniens qui sont sans remède. Il est vrai qu'avec des filets ou autrement, on peut préserver les vers des insultes des oiseaux; mais les grands froids qui surviennent en Europe, souvent tout d'un coup après les premières chaleurs, les pluies, les grands vents, les orages, enlèvent et perdent tout; il faut donc prendre le parti de les élever à la maison.

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On choisit, à cet effet, une chambre exposée en bon air, où le soleil donne; qui soit garantie des vents du nord et du midi par des fenêtres bien vitrées, ou par des châssis couverts de fortes.

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toiles on a soin que les murs en soient bien enduits, les planchers bien fermés; en un mot, que toutes les avenues soient interdites aux chats, aux rats, aux souris, aux lézards, à la volaille, et généralement aux insectes et aux oiseaux qui les dévoreroient; au milieu de l'appartement on élève quatre colonnes qui forment ensemble un assez grand carré: on place dans l'intervalle d'une colonne à l'autre, à différentes hauteurs, des planches et des claies d'osier, et sous chaque planche une claie avec un rebord; ces claies et ces planches posées sur des coulisses, placent et se déplacent à volonté; on a soin que les ordures de l'une ne tombent point sur l'autre; on donne à cet appareil le nom de tabarinage.

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Ceux qui élèvent des vers à soie, donnent le nom de graine aux oeufs du ver. En Europe, de toutes les graines étrangères des vers à soie, celle d'Espagne a, jusqu'à ce jour, passé pour la meilleure, après celles de Piémont et de Sicile.

On reconnoît que la graine est propre à produire avantageusement, lorsqu'elle est cassante, qu'elle contient une liqueur qui n'est ni trop épaisse, ni trop fluide; qu'elle porte un œil vif, lucide, et que sa couleur tire plus sur le gris obscur que sur toute autre ; lorsqu'enfin, en la

mettant dans du vin, elle se précipite au fond. Passons maintenant au moyen de l'obtenir dans tous les climats.

Lorsque les vers ont formé leurs cocons, on en choisit un nombre proportionné à la quantité de graine qu'on veut faire. L'expérience apprend qu'un gros de graine contient au moins cinq mille vers ou graines. Comme il périt assez ordinairement la moitié des vers avant qu'ils fassent leurs cocons, un gros de graine ne donne que deux mille cinq cents cocons, qui suffisent, quand ils sont médiocrement bons, pour donner une livre de soie.

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On doit choisir, pour la graine, les cocons les plus fermes et les premiers formés, parce qu'ils annoncent les vers les plus vigoureux, et par conséquent les plus propres à la propagation; les cocons mâles sont serrés, longs, pointus, et la soie en est ordinairement plus fine que celle des femelles: le cocon femelle est rond, gros, fort ventru, et la soie en est plus unie et un peu plus égale que celle du mâle. Il est cependant encore plus sûr de choisir les vers mâles et les femelles avant que les cocons soient formés: on reconnoît facilement les premiers en ce qu'ils ont les yeux plus marqués et plus distincts que ceux des femelles. Dans ce triage, on doit préférer ceux dont la couleur tire le plus sur le jaune

pâle, comme fournissant parmi les quatre espèces de jaune la soie la plus parfaite.

Lorsque les papillons sont sortis, on donne à chaque femelle son mâle, et on les place sur un morceau d'étaminé: lorsque la femelle à été fécondée, elle dépose ses œufs environ dix à douze heures après l'accouplement. Ges œufs s'attachent fortement à l'étamine, à l'aide de la substance glutineuse dont ils sont enduits. Chaque femelle donne quatre ou cinq cents œufs ; ainsi uu cent de femelles donne une once de graine, et l'on mettra à part, pour chaque once qu'on voudra faire, au moins deux cents cocons, moitié mâles et moitié femelles.

On conserve ainsi ces morceaux d'étamines jusqu'au mois de septembre; on travaillé alors à détacher les œufs qui y sont attachés. Pour y parvenir, on souffle sur la graine quelques gorgées de vin pour détremper la substance glutineuse, et on détache ensuite facilement les œufs avec la barbe d'une plume; on les enferme dans un cornet de papier qu'on met dans un lieu qui ne soit ni trop chaud, ni trop froid, ni trop humide,

On doit songer à faire éclore la graine lorsque les feuilles du mûrier commencent à pousser. Dans les années hâtives, elles se montrent le 10 et le 15 d'avril: quand les gelées sont fréquentes

et que l'année est tardive, on est obligé d'attendre jusqu'au 10 ou 12 de mai.

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Il y a deux manières de faire éclore la graine; la naturelle et l'artificielle. La naturelle consiste à laisser agir l'air extérieur, et à attendre l'effet de son action ou de sa température pour développer le principe de la fécondation des œufs. L'artificielle consiste à employer la chaleur du feu ou d'autres moyens de cette espèce. Cette dernière est dans nos climats beaucoup plus en usage que l'autre, on la croit cependant moins analogue à l'essence du ver

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La couvée naturelle doit sans contredit être préférée dans tous les pays où la température, toujours égale et plus propre à développer les principes de fécondité, agit avec sûreté et sans aucun secours étranger. Mais dans les climats sujets à variations, tels, par exemple, que celui de la Touraine, il y auroit de l'inconvénient à compter sur ses effets. Le point essentiel est de faire coïncider l'époque de la naissance du ver avec le moment où le mûrier se développe pour fournir à sa nourriture.

Pour la couvée artificielle, on divise la graine par onces; on en forme de petits paquets qu'on enveloppe d'un linge recouvert de coton, sans trop serrer la graine. Les femmes ou les filles, qui sont communément chargées de cette opération,

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