fimples de dévotion au petit peuple; on fe croiroit déshonoré d'être dévot comme lui. On croit, en ne donnant rien à la chair qui n'est propre à rien de parfait, qu'on ne fauroit trop donner à l'efprit qui eft utile à tout. On fe perfuade qu'une voie plus épurée eft plus excellente, & cependant il n'arrive que trop, que plus on marche par des routes fi fubtiles, moins on avance, parce qu'on tombe d'ordinaire dans le dégout & la féchereffe, d'où l'on ne fe releve pas aifément. L'exemple de Marie nous ap→ prend donc à refpecter les pratiques de l'Eglife les plus communes & les plus fimples, & à nous y fanctifier en les accompagnant d'une grande foi. C'est parque la piété véritable s'entretient & s'accroît, & qu'ainfi on plaît à Dieu de plus en plus.

là

Leçons & exemples que nous donne Marie dans fa purification.

Confidérons donc la très - fainte Vier ge dans fa purification comme une copie fidele de Jefus-Chrift, fon Fils. Admirons la conformité parfaite qu'il y a entre lui & elle. Admirons avec quelle exactitude elle entre dans fes fentimens & dans fes difpofitions, & elle pratique les exemples d'obéiffance, d'humi lité & de pauvreté qu'elle lui a vu pra

tiquer. Car ce font là les principales vertus qu'elle y pratique, comme elle les lui avoit vu pratiquer. Mais fur-tout écoutons avec docilité les excellentes leçons, & imitons avec ardeur les rares exemples que cette augufte Mere de Dieu nous donne dans ce myftere.

Elle nous apprend à faire paffer en nous les fentimens & les difpofitions qui ont été en Jefus-Chrift. Convainquons nous donc que c'eft pour nous un devoir indifpenfable d'aimer ce qu'il a ai mé, d'eftimer ce qu'il a eftimé, de hair ce qu'il a hai, de méprifer ce qu'il a méprifé, de fuir ce qu'il a fui, & de faire ce qu'il a fait.

Elle nous apprend par la fidélité avec Laquelle elle a accompli une loi qui n'étoit pas pour elle, celle avec laquelle nous devons garder les commandemens de Dieu & les ordonnances de l'Eglife, & à ne jamais nous difpenfer de celles-ci fous de faux & de vains prétextes, comme on fait fi fouvent, & fans des befoins preffans & des néceffités indifpenfables.

Elle nous apprend à être refpectueux & zélés pour tous les exercices & toutes les pratiques de notre fainte Religion, à les faire avec une exactitude & une piété exemplaire: & ainfi elle condamne non-feulement le mépris, mais encore l'indifférence de tant de Chrétiens qui

les laiffent aux fimples & aux pauvres. Elle nous apprend l'humilité, la pauvreté & l'obéillance, & elle confirme en quelque forte, par fon exemple, la néceffité de ces vertus, fi recommandées Jefus-Chrift.

par

Elle nous inftruit encore du grand devoir de nous purifier tous les jours de toutes nos fouillures, & de paffer notre vie dans ce faint exercice. Elle s'eft purifiée, & elle a fouffert l'humiliation & la honte de la purification, fans aucun befoin. Nous devons donc, à plus forte raifon, juftes & pécheurs, nous purifier fans ceffe à fon exemple par l'humiliation de la pénitence, & des impuretés que nous pouvons avoir contractées dans notre premiere vie, & de celles que nous contractons tous les jours par la fragilité de notre nature. Elle étoit trèspure, & nous nous fommes très-impurs; impurs dans le corps par mille mouvemens déréglés qui s'y excitent même dans les plus juftes malgré eux; impurs dans l'efprit par mille penfées contraires aux loix de Dieu, qui s'y préfentent, & auxquelles on ne confent que trop fouvent; impurs dans le cœur par mille mauvaises affections qui s'y forment, & qu'on ne fuit que trop ;, impurs par nos péchés; impurs dans nos meilleures actions par mille défauts,

mille imperfections qui s'y gliffent & qui les corrompent. Si donc Marie si pure n'a pas refufé de fe foumettre à la loi de la purification, avec quelle ferveur devons-nous accomplir fe Commandement que Dieu nous fait de nous laver continuellement, & quelle condamnation que l'exemple de la Vierge fainte pour les Chrétiens impurs & impénitens? Elle nous apprend à ne pas rougir de paroître impurs & pécheurs aux yeux des hommes, à confeffer humblement que nous le fommes, & à ne pas avoir honte de prendre les remedes capables de nous purifier, parce qu'ils pourroient nous caufer quelque humiliation, ou quelque confufion. C'eft la marque & l'effet d'un grand orgueil de ne pas vouloir porter la honte que méritent fes fautes, lorfque Dieu l'envoie, ou qu'on ne peut les expier fans la fouffrir. Comment nous devons nous purifier à l'exemple de la fainte Vierge.

Marie ne nous remet pas feulement devant les yeux le grand devoir de la purification de tous les jours, mais elle nous montre, par la maniere dont elle fe purifie, celle dont nous devons nous purifier nous-mêmes.

Elle fe purifie par la pratique de l'humilité, de la pauvreté & de l'obéif

fance; rien ne purifie plus efficacement les fouillures du cœur que l'exercice de ces vertus, & on ne peut les purifier fans elles.

Elle fe purifie en offrant Jefus - Chrift fon Fils, & le facrifice prefcrit par la loi. Nous ne pouvons nous purifier que par l'oblation de notre Rédempteur & le facrifice de la pénitence que la loi Evangélique nous prefcrit. C'eft Jefus - Chrift qui eft la victime de propitiation pour nos péchés, & nous fommes fanctifiés par l'oblation de fon corps, comme dit l'Apôtre. Nous devons donc avoir grand foin de préfenter à Dieu pour l'expiation de nos péchés, le facrifice & les mérites de fon propre Fils, fur-tout dans la fainte Melle, qui eft la mémoire & la continuation du grand facrifice de la Croix, fource unique de toute grace & feul principe de toute fainteté.

Mais parce que le fruit dú facrifice de Jefus Chrift n'eft appliqué qu'à ceux qui lui obéissent, & tâchent de se rendre conformes à lui, & de fuivre fes maximes, il eft néceffaire de joindre à l'oblation que nous faifons de JefusChrift, le facrifice de notre componction & de notre pénitence; & c'est ce que nous repréfentent excellemment les tourterelles que Marie offrit pour fa purification. Elle n'offrit pas un agneau, par