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Le comte Du Barry, surnommé le roué, et ma-demoiselle Du Barry conseillaient ou plutôt sifflaient madame Du Barry, d'après les plans du parti du maréchal de Richelieu et du duc d'Aiguillon. Quelquefois même ils la faisaient agir dans un sens utile à de grands mouvemens politiques. Sous prétexte que le page qui accompagna Charles Ier dans la fuite de ce monarque, était un Du Barry ou Barrymore, on fit acheter, à Londres, à la comtesse Du Barry, le beau portrait que nous avons à présent dans le Muséum. Elle fit placer le tableau dans son salon, et quand elle voyait le roi incertain sur la mesure violente qu'il avait à prendre pour casser son parlement, et former celui qu'on appela le parlement Maupeou; elle lui disait de regarder le portrait d'un roi qui avait fléchi devant son parlement.

Les ambitieux qui travaillaient à renverser le duc de Choiseul se fortifièrent par leur réunion chez la favorite, et vinrent à bout de leur projet. Les dévots qui ne pardonnaient pas à ce ministre la destruction des jésuites, et qui avaient toujours été opposés au traité d'alliance avec l'Autriche, in

demanda à madame Du Barry si Louis XV ne disait pas beaucoup de mal d'elle (madame de Beauvau ) et de madame de Grammont : «Oh! beaucoup. Eh! bien, quel mal de moi, par exemple? -De vous, Madame? que vous étiez hautaine, intrigante; que vous meniez votre mari par le nez. » M. de Beauvau était présent : on se hâta de changer de conversation. »

(Note des édit.)

T. I.

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fluençaient l'esprit de Mesdames. Le duc de La Vauguyon, gouverneur du jeune dauphin, lui inspirait les mêmes préventions.

Telle était la disposition des esprits, lorsque la jeune archiduchesse Marie-Antoinette arriva dans la cour de Versailles, au moment où le parti qui l'y amenait était près d'être renversé (1).

Madame Adélaïde avouait hautement son éloignement pour une princesse de la maison d'Autriche; et lorsque M. Campan fut prendre ses ordres, au moment de partir avec la maison de la dauphine, pour aller la recevoir aux frontières, elle lui dit : Qu'elle désapprouvait le mariage de son neveu avec une archiduchesse, et que, si elle avait des ordres à donner, ce ne serait pas pour envoyer chercher une Autrichienne.

(1) Voyez dans les Éclaircissemens historiques, sous la lettre (A), un morceau qui fait connaître la force, les moyens, les projets, les espérances de deux partis qui divisaient, à cette époque, la cour de Louis XV.

Ces Éclaircissemens et Pièces historiques se partagent en deux classes. Ceux que madame Campan avait pris elle-même le soin de recueillir ou de rédiger, seront imprimés dans le caractère des Mémoires dont ils sont inséparables, et désignés par des astérisques. Nous continuerons d'indiquer par des lettres capitales les documens que nous avons rassemblés.

(Note des édit.)

CHAPITRE II.

-

Naissance de Marie-Antoinette marquée par un désastre mémorable. Vers du poëte Métastase. Pressentimens de l'empereur François Ier. Un trait du caractère de MarieThérèse. Elle ordonne à l'archiduchesse Josèphe d'aller prier dans le caveau destiné à la famille impériale. Éducation des archiduchesses. Charlatanisme employé pour faire croire à des connaissances qu'elles n'avaient pas. rie Antoinette a la bonne foi d'en convenir.

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pour apprendre. donnés la cour de Vienne.

· Ma

Sa modes

Instituteurs que lui avait Instituteur que lui envoie la

cour de France. L'abbé de Vermond.

-

mis au cercle de la famille impériale. joue à la cour de France.

Comment il est adRôle équivoque qu'il

Son portrait. - Changement dans le ministère français.-Le cardinal de Rohan remplace le baron de Breteuil, comme ambassadeur à Vienne. Portrait de ce prélat: son luxe, ses prodigalités, ses fautes à la cour de MarieThérèse.

MARIE-ANTOINETTE-JOSÈPHE-JEANNE DE LORRAINE, archiduchesse d'Autriche, fille de François de Lorraine et de Marie-Thérèse, naquit le 2 novembre 1755, jour du tremblement de terre de Lisbonne; et cette catastrophe qui semblait marquer d'un sceau fatal l'époque de sa naissance, sans être pour la princesse un motif de crainte superstitieuse, avait pourtant fait impression sur son esprit. Comme l'impératrice avait déjà un grand nombre de filles, elle désirait vivement avoir encore un fils,

el

paria, contre son vou, une discrétion avec le duc de Taroúka qui avait soutenu qu'elle donnerait le jour à un archiduc. Il perdit par la naissance de la princesse, et fit exécuter en porcelaine une figure qui avait un genou en terre, et présentait des tablettes sur lesquelles le célèbre Métastase fit les vers suivans (1):

Jo perdei: l'augusta figlia
A pagar, m'a condannato ;
Ma s'è ver che a voi somoglia,

Tutto il mondo ha guadagnato.

graver

La reine s'entretenait avec plaisir des premières années de sa jeunesse. Son père, l'empereur François, avait fait une profonde impression sur son cœur; elle le perdit qu'elle avait à peine sept ans. Une de ces circonstances qui se gravent fortement dans la mémoire des enfans, lui rappelait souvent ses dernières caresses. L'empereur partit pour Inspruck; il était déjà sorti de son palais, lorsqu'il

(1) La réputation de Métastase s'étant répandue en Europe, après le succès de son opéra, intitulé: Didone abbandonata, l'empereur Charles VI l'appela dans sa cour. Il reçut le titre de poeta cesareo avec un traitement de trois mille florins. Ce fut à Vienne, où il vécut aimé, estimé, honoré même de l'impératrice Marie-Thérèse, qu'il composa la plupart de ses chefs-d'œuvre. N'oublions pas que, dans le nombre des poésics légères qui étaient pour sa muse d'agréables délassemens, et qu'il offrait aux jeunes archiduchesses, se trouve une cantate flatteuse pour la nation française.

(Note des édit.)

donna l'ordre à un gentilhomme d'aller prendre l'archiduchesse Marie-Antoinette et de l'apporter à sa voiture. Quand elle fut arrivée, il tendit les bras pour la recevoir, et dit après l'avoir pressée contre son cœur : « J'avais besoin d'embrasser en>> core cet enfant. » L'empereur mourut subitement pendant ce voyage, et ne revit jamais sa fille chérie.

La reine parlait souvent de sa mère avec un profond respect, mais elle avait formé tous ses projets pour l'éducation de ses enfans d'après les choses essentielles qui avaient été négligées dans la sienne. Marie-Thérèse, imposante par ses grandes qualités, inspirait aux archiduchesses plus de crainte et de respect que d'amour; c'est au moins ce que j'ai remarqué dans les sentimens de la reine pour son auguste mère; aussi désirait-elle ne ja

mais établir entre elle et ses enfans cette distance qui avait existé dans la famille impériale. Elle en citait un effet funeste, et qui lui avait fait une impression si forte que le temps n'avait pu l'effacer. Lorsque l'empereur Joseph II perdit sa femme, elle lui fut enlevée en peu de jours par une petite vérole de la plus mauvaise qualité. Son cercueil venait d'être déposé dans le caveau de la famille impériale. L'archiduchesse Josèphe, accordée au roi de Naples, au moment de quitter Vienne, reçut de l'impératrice l'ordre de ne point partir sans avoir été faire une prière dans le caveau de ses pères; la jeune archiduchesse, persuadée qu'elle gagnerait la ma

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