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transforma en brûlots pour se venger des Philistins. J'admirai la ténacité des traditions hébraïques, dont les légendes arabes sont la continuation, comme si les périodes grecques et romaines n'étaient pas venues en interrompre le fil. Ce phénomène trouve son explication dans les affinités de race, le plus naturel et le plus puissant des liens qui unissent les peuples. Hier, nous en avons vu un exemple frappant dans Lydda, qui, affublée en vain pendant des siècles du nom grec de Diospolis, est redevenue Lud à l'invasion des Arabes, revanche des peuples sémitiques; en voici bientôt un autre. Nous venons de redescendre dans la plaine; pendant une heure nous ne rencontrons rien jusqu'aux monticules de Latroun qui s'élèvent à l'horizon. Mais, sur notre droite, à une demiheure de la route et au delà du ruisseau, se trouve un amas de décombres informes que l'on appelle Emmoas. C'était jadis la ville de la victoire, Nicopolis, détruite en 131 par un tremblement de terre et rebâtie cent ans plus tard par Alexandre, fils de Mammée la Sy

rienne. Elle a été plusieurs fois prise et reprise dans la lutte suprême où s'éteignit la nationalité juive. Lorsque Judas Macchabée y vainquit Georgias, lieutenant de Nicanor1, elle portait le nom d'Emmaüs, et c'est ce nom national qui surnage après vingt siècles, transformé en Emmoas, tandis qu'il ne reste nulle trace de l'orgueilleuse étrangère Nicopolis. Les croisés campèrent dans cette plaine, autour d'Emmaüs, et y furent frappés de terreur par une éclipse de lune. Emmoas est bien l'Emmaüs de Judas Macchabée, à 22 milles de Jérusalem selon l'ancien itinéraire, « au pied de la montagne, à l'entrée de la plaine et regardant Lydda 2. » Il n'y a pas moyen de le confondre avec l'autre Emmaüs, où les disciples rencontrèrent Notre-Seigneur après sa résurrection, puisque l'Évangile le place à soixante stades ou environ neuf milles de la ville sainte. Ceux qui ont fait cette confusion oubliaient qu'Emmaüs était un nom très-commun en Palestine, comme Rama, comme

1. I. Macchab., IV, 3. - 2. Talmud.

Magdal et tant d'autres, ce qui rend extrêmement difficiles les recherches sur la géographie des livres saints.

En approchant de Latroun, village abandonné depuis une vingtaine d'années et déjà tout en ruines, je me rappelai la légende touchante de Dimas, le bon larron, qui y avait son repaire. Un jour que la sainte famille passait par là, s'enfuyant en Égypte, cet honnête voleur, accompagné d'un associé, l'arrêta pour lui faire payer rançon. Dimas, touché de la grâce du divin Enfant, le protégea contre la brutalité de son complice; il dut à cette bonne inspiration la faveur de se convertir au moment d'expirer sur la croix, tandis que l'autre mourut dans l'impénitence finale.

Latroun tire son nom de Vicus Latronum. Les croisés y élevèrent sur la hauteur, à gauche, un château fort qui commandait l'entrée de la vallée; sur le bord de la route, du même côté, l'on voit encore des seuils de portes taillés dans le roc.

Je m'étais détourné vers la droite pour al

ler examiner de plus près les ruines du village et y chercher le tombeau de Samson; mais il n'en reste aucun vestige. Il s'élevait, à un quart d'heure de l'endroit où nous étions, entre deux villages, dont l'un est Sourah, et l'autre Eschteyèh. La Bible le place entre Tsora et Estaol. Mais nous voilà bientôt dans la montagne; la route, quoique bonne encore pour une heure, n'est plus qu'une large vallée. Profitons-en et gagnons du terrain.

Une demi-heure après, nous passions à côté des puits de Job (Biar Eyoub) que Mgr Mislin identifie avec la fontaine Nephtoa1. Ce sont deux bassins circulaires, grossièrement revêtus de pierres brutes, où croupit une eau fangeuse. On les considère comme marquant le milieu de la route entre Jaffa et Jérusalem.

Hadji-Moustapha me demanda si je voulais boire, et je crus qu'il se moquait de moi. « C'est pourtant ici que nous allons faire notre provision d'eau pour le déjeuner, » me

1. Josué, XV et XVIII.

dit-il. Je regardai les deux flaques noirâtres d'un air effaré. «Rassurez-vous, reprit Moustapha; descendez avec moi quelques pas vers le fond de la vallée, et vous verrez la source qui va fournir nos rafraîchissements. »

En effet, à une très-courte distance, je trouvai à fleur de terre un petit bassin d'un pied de diamètre à peine, qui donnait un filet d'eau potable.

Pendant nos opérations à la fontaine, le rabbin et son fils avaient pris les devants comme des gens très-pressés, pour aller s'asseoir, à un quart d'heure plus loin, sur le versant droit de la vallée, à mi-côte, un peu au delà d'un arbre isolé qui formait le premier plan du paysage. Ils semblaient plongés dans une grave méditation. J'étais fort intrigué de cette conduite, et si Hadji-Moustapha montrait moins de curiosité, au fond il désirait également savoir le motif de ce recueillementVoici l'explication qui nous en fut donnée par le rabbin.

Ces grandes pierres plates servant d'aire aujourd'hui aux habitants de Beit-Amsi, pc

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