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Siam on rend un culte à cet animal, idolâtrie fondée sur le systême de la métempsycose: ces peuples pensent que les éléphans blancs sont les mânes vivantes des empereurs de l'Inde.

La charge du plus fort éléphant des Indes, est de trois à quatre mille livres. Ces animaux sont des montures très-sûres, ils ne bronchent jamais. On dit que les Romains en avoient dressé à marcher sur la corde; mais il faut du temps pour s'accoutumer au mouvement brusque et au balancement continuel du pas de cet animal; la meilleure place est sur le cou, les secousses y sont moins rudes que sur les autres parties du corps. L'éléphant fait aisément quinze ou vingt lieues par jour, et il en peut faire trente-cinq ou qua

rante.

Les défenses d'éléphant sont un objet de commerce, c'est ce qui forme l'ivoire. On tire de l'ivoire ainsi que de la corne de cerf, en les faisant brûler dans des vaisseaux clos, une poudre d'un très-beau noir, qu'on nomme noir d'ivoire. Le noir liquide d'Angleterre, si renommé pour les bottes, n'est autre chose qu'une espèce d'encre faite avec une pinte de bière, une once de noir d'ivoire en poudre, deux onces de sucre candi en poudre, et une demi-once de gomme arabique concassée. On fait bouillir le tout jusqu'à réduction de moitié; lorsque la liqueur, est re

froidie, il faut la remuer, puis la passer dans une toile très-claire, on la met ensuite dans une bouteille de grès bien bouchée et ficelée, sans quoi la liqueur, qui quelquefois fermente, pourroit faire sauter le bouchon. Pour s'en servir, on prend une plume garnie de sa barbe, qu'on trempe dans la bouteille, on en frotte le soulier et on l'étend avec une brosse à longs poils, et on en a une seconde pour polir jusqu'à ce que le cuir devienne luisant comme s'il étoit enduit d'un beau vernis noir.

Le rhinocéros.

C'est le plus grand de tous les quadrupèdes après l'éléphant.

Une singularité remarquable, c'est que le rhinocéros d'Asie a la langue douce comme du vélours, tandis que la langue du rhinocéros d'Afrique est rude comme une grosse lime, et écorche tout ce qu'elle lèche. Partout où il y a des éléphans on trouve des rhinocéros, mais ces deux espèces d'animaux sont ennemies : le rhinocéros d'Asie, plus grand, plus fort, paroît être l'espèce primitive, il n'a qu'une seule corne qui a quelquefois jusqu'à quatre pieds de longueur; cette corne reçoit un beau poli, on en fait de très-jolis ouvrages (1). Les rhinocéros

(1) On a vu une superbe canne, qui avoit un peu

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d'Afrique ont deux cornes, et beaucoup moins longues que celles du rhinocéros d'Asie. Ces animaux ne se rassemblent point en troupes comme l'éléphant, ils sont plus farouches, plus difficiles à chasser et à vaincre. On ne peut qu'avec beaucoup de peine les dompter et les apprivoiser.

On prétend que le sang de rhinocéros est un spécifique pour plusieurs maladies, entr'autres pour le flux de sang, les coliques, les plaies internes, etc. Les Européens qui peuvent en avoir de frais, le mettent dans un boyau de cet animal, et l'exposent au soleil pour le faire sécher.

Cet animal ne vit que de végétaux.

On est parvenu souvent à rendre cet animal utile, en lui faisant porter et tirer d'énormes fardeaux, mais ce n'est qu'avec beaucoup de difficultés.

De l'élan, en latin alce.

Quadrupède de l'ordre des cerfs, animal ruminant et sauvage, et n'habitant que les pays septentrionaux. Il ressemble à certains égards au cerf, mais il est grand comme le cheval. Son

plus de quatre pieds, et qui étoit faite d'une seule corne de rhinocéros. Cette canne appartenoit à feu M. le marquis de Clermont, ambassadeur à Naples.

poil, d'un jaune obscur mêlé de gris, est rude et long d'environ trois pouces; lorsqu'on l'examine au microscope, il paroît spongieux endedans comme le jonc. Ce poil étant élastique, est propre à faire des matelas et à garnir des selles. Cet animal court sur les rochers et sur la glace, avec autant de vitesse que de sûreté; sa fourrure, son agilité, sa force, la conformation de ses jambes et de ses pieds, sont admirablement appropriés aux pays froids, montagneux et remplis de rochers qu'il habite. On a prétendu long-temps que la corne de ses pieds étoit un remède (portée en bague) contre l'épilepsie, les crampes et les battemens de cœur (1). La

(1) Il est très-vraisemblable que cette idée n'est qu'un préjugé; cependant il y a dans la nature des phénomènes tellement inexplicables, que les savans même n'ont pas le droit de nier une chose, uniquement parce qu'elle leur paroît incompréhensible. Par exemple, lorsqu'on a long-temps habité les pays du Nord, on ne peut douter d'un fait qui paroît tenir à une crédulité ridicule, et qui néanmoins, dans le Holstein, et en Suède surtout est constaté par une longue expérience. Il est reconnu dans ces pays, que pour se préserver des poux, il suffit de porter un petit ossement humain dans ses cheveux. Tous les soldats suédois, casernés, ont ordre d'en porter dans la queue de leurs cheveux, et ils n'ont jamais de vermine, qui d'ailleurs est très - commune dans ce pays. On sait que la vermine abandonne les moribonds, et

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poudre de cette corne peut avoir quelques propriétés, prise intérieurement; cette corne entre encore dans la poudre de guttèle.

Une singularité qui est commune au renne et à l'élan, c'est que lorsque ces animaux courent, ou seulement précipitent leurs pas, les sabots ou cornes des pieds font à chaque mouvement un bruit de craquement si fort, qu'il semble que toutes les jointures des jambes se déboîtent. Il n'y a que l'élan mâle qui porte un bois; il se nourrit de feuilles, d'écorces d'arbres et de mousse. La femelle met bas vers la mi-mai, et ne fait qu'un faon ou deux. La peau d'élan sert aux mêmes usages que celle du buffle. Il paroît que

on peut attribuer ce fait à l'odeur qui s'exhale d'un corps prêt à se dissoudre : mais un os de mort n'a nulle odeur.

Qui pourroit expliquer encore un phénomène d'un autre genre? qui pourroit dire pourquoi tous les moutons qui naissent dans le Suffolkshire, en Angleterre, ont tous le museau, les pieds et la moitié des quatre pattes d'un beau noir ? Les moutons de ces nombreux troupeaux ont tous, sans exception, ce petit masque et ces quatre petites bottines noires. Pourquoi les boeufs en Bourgogne, du côté de l'Auvergne, changent-ils de couleur à mesure qu'on approche de l'Auvergne ? ils pâlissent graduellement jusqu'aux frontières de la Bourgogne, le noir disparoît, la nuance de fauve s'adoucit, et enfin ces bestiaux deviennent tout à fait blanchâtres sur la frontière et de sont dans toute l'Auvergue.

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