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la neige, seroient dans nos climats des animaux peu utiles, et sont en Laponie un bienfait précieux de la Providence.

Peut-il se trouver un animal plus propre que le chameau à supporter les plus rudes fatigues au milieu des sables arides et brûlans des déserts de l'Afrique? Le chameau est, pour ainsi dire, le seul être qui puisse subsister malgré le tourment de la soif et de la faim; aussi, comme il étoit destiné à souffrir des jeûnes inévitables dans ses longs voyages, la nature lui a donné des ressources particulières et merveilleuses contre la disette, et même le manque absolu de nourriture et de boisson. Cet animal peut rester quelquefois neuf jours et davantage sans boire, en faisant cependant chaque jour depuis vingt jusqu'à vingt-cinq et trente lieues, et en portant des poids énormes. Si par hasard il se rencontre une marre à quelque distance de la route de ces animaux, ils sentent l'eau de plus d'une demilieue, ils doublent le pas, et ils boivent en une fois pour le temps passé et pour le temps à venir; car souvent leurs voyages sont de plusieurs semaines, et leur abstinence doit durer tout ce temps, car on ne leur donne alors pour nourriture, par jour, qu'une pelote de pâte faite de fleur de farine, ou de fèves et d'orge, et on ne leur laisse, chaque jour, qu'une heure de repos.

Cette facilité qu'ont les chameaux de boire pendant si long-temps, est due à leur singulière conformation. Il y a dans le chameau, indépendamment de quatre estomacs, une cinquième poche qui lui sert de réservoir pour conserver de l'eau. Ce cinquième estomac manque aux autres animaux, et n'appartient qu'aux chameaux. Il est rempli d'une multitude de cavités, et d'une capacité assez vaste pour contenir précisément la provision absolument indispensable pour traverser les déserts; l'eau séjourne dans cette poche sans s'y corrompre, et sans que les autres alimens puissent s'y mêler. Lorsque l'animal est pressé par la soif, et qu'il a besoin de délayer la nourriture sèche et de la macérer par la rumination, il fait remonter dans sa panse, et jusqu'à l'œsophage, une partie de cette eau par une simple contraction des muscles; et cette eau, comme on l'a dit, demeure saine et limpide dans ce réservoir, parce que ni les liqueurs du corps, ni les sucs de la digestion ne peuvent s'y mêler. Ce qui n'est pas moins merveilleux, est la prévoyance de cet animal, qui le porte à économiser cet amas d'eau, et à le réserver pour le besoin, malgré la soif qui le presse continuellement de l'employer,

Le chameau a reçu en partage tout ce qui pou voit le rendre utile à l'homme, sa conformation,

son instinct et ses qualités; la force, la vigueur, la vitesse, la patience, la douceur, la docilité et la sobriété la plus étonnante. On le dresse dès son enfance à se baisser et à s'accroupir lorsqu'on veut le charger; pour l'y former, dès qu'il est né, on lui plie les jambes sous le ventre, et on le couvre d'un tapis, sur les bords duquel on met des pierres afin qu'il ne puisse pas se relever; comme cet animal est très-haut, on l'accoutume à se mettre dans cette posture dès qu'on lui touche les genoux avec une baguette, afin de le pouvoir charger plus aisément.

On ne fait point porter de fardeaux à ces animaux avant l'âge de trois ou quatre ans. Quand ils sentent qu'ils sont assez chargés, on ne doit pas songer à leur donner plus de charge, ils ne la supporteroient pas; dans ce cas, ils se rebutent, donnent de la tête et se relèvent à l'instant.

En Turquie, en Perse, en Arabie, en Égypte, en Barbarie, le transport des marchandises ne se fait que par le moyen des chameaux; c'est de toutes les voitures, la plus prompte et la plus commode. Les marchands et autres passagers se réunissent en caravanes pour éviter la piraterie des Arabes. Les caravanes sont toujours composées de plus de chameaux que d'hommes. On charge le chameau sur sa bosse; ou bien, on y

suspend des paniers assez grands, pour qu'une personne y puisse tenir assise, les jambes croisées à la manière des Orientaux. C'est dans ces paniers qu'on voiture les femmes.

On attelle aussi des chameaux pour traîner des chars; on ne se sert point d'étrille pour les panser, on les frappe seulement avec une petite baguette pour faire tomber la poussière qui est sur leur corps.

On se sert du fumier et même de la fiente de ces animaux, que l'on fait sécher pour faire l'office du bois et préparer la cuisine au milieu des déserts.

Il ne faut point frapper les chameaux pour les faire avancer; la nature, en les rendant si éminemment utiles, leur donna, en même temps, toutes les qualités qui devoient les affranchir de tout mauvais traitement. Pour faire avancer les chameaux, il suffit de chanter et de siffler. Lorsqu'ils sont en grand nombre, on bat des timbales. Le maître chamelier leur attache aussi des sonnettes aux genoux et une cloche au cou, pour les animer et pour avertir dans les défilés: cet animal réunit le courage à la douceur, on le fait marcher aisément, excepté lorsqu'il se trouve de la terre grasse (ce qui n'arrive presque jamais dans les déserts); son pied plat, large et charnu en-dessous, glisse dans cette terre; lorsqu'on

rencontre de ces mauvais pas, on étend de gros tapis grossiers pour faire passer les chameaux, ou l'on attend que la sécheresse, si habituelle dans ces climats, ait rendu le chemin praticable.

On fait grand usage du lait de la femelle du chameau; ce lait est sain, très-abondant et si épais, qu'on ne le prend que mêlé avec trois quarts d'eau ; il est apéritif, purifiant et très-bon pour la lèpre, la gale, et toutes les maladies de la peau. On mange aussi la chair de ces animaux, surtout de ceux qui sont jeunes.

On ne doit pas s'étonner que cet animal si précieux soit originaire du pays qui fut habité par les premiers adorateurs du vrai Dieu. C'est dans l'Arabie devoit naître le dromadaire, le que plus beau des chameaux. Cet animal, qui nonseulement réunit toutes les qualités du cheval, de l'âne, du mulet et du bœuf, mais qui en possède tant d'autres particulières et merveilleuses, cet animal utile autant qu'extraordinaire, fut un présent paternel que Dieu fit à son peuple.

De l'éléphant.

Les pays chauds de l'Afrique et de l'Asie sont les lieux où naissent les éléphans; ceux d'Asie sont beaucoup plus grands, et par conséquent plus forts que ceux d'Afrique. Cet animal joint à l'intelligence l'adresse, la force et la sensibilité.

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