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nourrir les chiens, les poules, et à différens au

tres usages.

Toutes les chandelles dont nous nous servons, sont faites de suif de boeuf en-dedans, et de suif de mouton en-dehors; ou bien on les fond ensemble autant de l'un que de l'autre. On en fait aussi de suif de mouton seul, parce qu'il est plus blanc et qu'il a plus de consistance que celui du bœuf. On emploie ces deux sortes de suif à plusieurs autres usages, dans les médicamens et dans les arts: les bouchers en font une partie considérable de leur commerce.

Le meilleur suif est toujours le plus nouveau, le plus ferme et le plus sec, le mieux sonnant et le plus pur; si on y mêle, en le fondant, du suif de tripes, du saindoux, flambart ou graisse, tout cela ne peut pas faire de bonne chandelle. La graisse de porc rend la chandelle coulante et puante.

Le suif de tripes est celui que les tripières tirent des intestins des bestiaux, qu'elles font cuire pour les vendre à bon marché: le bon suif se vend à Paris, en pains de cinq livres et demie, comme on l'a déjà dit, pour le distinguer de celui de tripes, qui se vend aux tinettes, qui s'appellent doublets, ou en futailles. Comme il approche beaucoup de la graisse, il est mou, a beaucoup de consistance, se liquéfie aisément, et ne vaut rien à faire de la chandelle; mais il sert aux

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manufactures de savon, au corroi des cuirs, et à d'autres ouvrages où il entre de la graisse; mêlé avec le vrai suif, il le gâteroit.

Le suif de chèvre n'est guère moins bon pour faire de la chandelle, que celui de mouton ou de bœuf, et il sert de plus aux corroyeurs dans l'apprêt de lenrs cuirs: aussi, ceux qui font des nourritures de ce bétail, ont grand soin d'engraisser les chèvres quand elles vieillissent, pour en avoir le suif. On en fait grand commerce en Portugal pour l'Afrique.

Manière de faire les chandelles,

Elles se fabriquent de deux façons différentes, et on les distingue par chandelles plongées, autrement dit baguettes, et par chandelles moulées; elles sont les unes et les autres plus ou moins grosses, selon le nombre des trempes qu'on leur donne, ou les différens moules dont on se sert en les travaillant, ce qui fait qu'il y a des chandelles des six, des huit, des dix, des douze des seize, et même des vingt à la livre; et de toutes ces espèces de grosseur, il s'en fait des longues et des courtes.

Les chandelles plongées se font ainsi : On prend du coton mollement filé, nomme bazar, et on en fait des mèches', qui ne soient ni trop grosses, ni trop fines, mais proportionnées à la grosseur et à

la longueur qu'on veut donner aux chandelles, c'est-à-dire, que si on fait des chandelles des huit à la livre, longues de dix à onze doigts, il faut composer la mèche de dix fils, pourvu que le coton ne soit pas trop gros; mais si ces chandelles des huit sont plus courtes de deux doigts, on augmente les mèches de deux fils; on en fait de même pour les autres chandelles.

Pour tailler les mèches, les chandeliers se servent d'un couteau à mèche, qui est une espèce de tréteau, ou petite table sur laquelle il y a une lame d'acier fort tranchante, qui est placée debout et à demeure: il y a aussi dessus cette table, une broche de fer qu'on approche ou qu'on éloigne de la lame d'acier, suivant ce que les mèches doivent avoir de longueur : la broche étant à la distance nécessaire de la lame d'acier, on plie le coton en deux à l'entour de cette broche, on en conduit les deux bouts jusqu'au tranchant de la lame et on les coupe; puis, on tortille un peu le coton entre les mains, pour former le collet, et empêcher, en même temps, que les mèches coupées ne se mêlent ensemble, ayant coutume de les laisser sur la broche de fer, jusqu'à ce qu'elle en soit entièrement garnie, ou qu'il y en ait au moins assez pour faire une brochée de chandelles: on appelle ainsi la

quan tité de mèches, qu'on peut plonger à la fois dans.

le moule, qui est un vaisseau de bois de noyer, ayant la forme triangulaire, dans lequel les chandeliers trempent les mèches pour faire la chandelle plongée; ce moule a aussi un couvercle de bois, et il est posé sur une petite table qui a des rebords; il peut contenir ordinairement soixante à quatre-vingts livres de suif, et même plus.

Les mèches ainsi taillées, on hache et on coupe par morceaux, sur une table, les pains de suif, et on les jette dans une poêle placée sur le feu, pour les faire fondre, ayant soin de remuer le suif de temps en temps pour qu'il ne brûle pas; quand il est entièrement fondu, on y jette un demi-setier ou un poisson d'eau, suivant la quantité de suif qu'on fait fondre, pour l'épurer et précipiter plus promptement au fond de la poêle, les ordures qui peuvent y être mêlées; les chandeliers appellent cela mettre le filet. Lorsque le suif doit servir à faire les trois premières couches de chandelles plongées, il ne faut point mettre d'eau, parce que les mèches étant encore toutes sèches, s'imbiberoient aisément de cette cau; ce qui feroit que les chandelles seroient d'un mauvais usé, qu'elles pétilleroient à mesure qu'elles brûleroient, et qu'elles s'éteindroient même très - souvent.

Le suif étant fondu, on le survide au travers

d'un tamis dans le moule de bois, ou vaisseau triangulaire dont on vient de parler.

Il faut avoir eu attention, avant de faire fondre le suif, dè mettre et passer des baguettes, qu'on nomme brochées à chandelles, au travers du collet des mèches. On en place seize, à égale distance l'une de l'autre, sur chaque broche, si ce sont des huit à la livre qu'on veuille faire; mais si ce sont des douze à la livre, on en place dix-huit, et ainsi des autres espèces de chandelles.

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Aussitôt que le suif est dans le moule, on prend à la fois deux de ces broches ou baguettes chargées de mèches, on les tient avec les deux mains par les deux bouts, on les éloigne l'une de l'autre, en mettant le second et le troisième doigt de chaque main entre les deux baguettes, et on trempe les mèches à différentes reprises, pour les bien imbiber; puis on les tient un instant en l'air, au-dessus du moule, afin qu'elles s'égouttent, et ensuite on met les broches sur l'établi, pour que les mèches se sèchent entièrement; on en fait de même des autres brochées. L'établi est une espèce de cage de bois, large de deux pieds, et longue de deux toises ayant plusieurs traverses, sur lesquelles on place les brochées de chandelles.

Quand les mèches ou brochées ont pris une certaine consistance, on les trempe une seconde

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