Les habiles conftructeurs les tracent très-réguliérement à la main, d'abord par un trait de crayon très-léger qu'ils mettent à l'ancre, quand ils font parvenus au contour régulier qu'ils defirent: mais comme on n'acquiert pas tout de fuite cette adreffe & cette jufteffe dans le coup d'œil, on fe fert de regles minces, faites d'un bois très-flexible, ou de petites regles dont les côtés, au lieu d'être droits forment différentes courbures, ou enfin par des arcs qui font des regles flexibles, auxquelles on fait prendre différentes courbures, au moyen de quelques vis qui les prelfent dans différens points de leur longueur; malgré tous ces fecours, ce n'eft qu'à force de faire des plans qu'on contracte l'habitude de les bien faire. Le meilleur confeil que nous puiffions donner aux jeunes conftructeurs, c'est de beaucoup multiplier les liffes intermédiaires, d'en mettre cinq, ou même fept, au lieu de deux ; car alors les points étant très-près les uns des autres, les courbes font plus aifées à conduire il faut feulement être prévenu que, quand on tranfportera fur le triangle ces liffes, qui ne font point marquées fur le plan, il faudra leur faire faire, avec la base du triangle, un angle qui foit moyen entre ceux qui font indiqués pour les liffes que nous avons mis fur notre plan, & entre lefquelles on placera les autres. Nous avons commencé par expliquer la réduction des couples de l'arriere, non feulement parce qu'elle eft plus aifée que celles des couples de l'avant, mais encore parce qu'elle facilitera beaucoup l'intelligence de ce que nous avons à dire dans la fuite.

XXX VII I.

Réduction des Couples de l'avant. Décrire l'étrave fur le plan de projection. Pl. XIV.

Prenez fur le plan d'élévation, fig. 3, la ligne AB, distance perpendiculaire de la ligne d'eau en charge, à la prolongée du champ fupérieur de la quille; portez cette ligne fur le plan de projection, fig. 2, delen q, & mar

Hh

quez le point q; prenez encore fur le plan d'élévation, fig. 3, la diftance BC, de la ligne d'eau au bout de l'étrave, & portez-la fur le plan de projection, fig. 2 2, de l en f; tirez du point V une ligne parallele & égale à Of: l'intervalle de ces deux lignes fera de la demi-épaiffeur de l'étrave, qu'on fera égale à la demi-épaiffeur de l'étambot au dessous du point L; tirez une petite ligne horizontale q, & la partie q O fera la différence du tirant d'eau de l'avant au maître gabari.

REMARQUE.

On représente l'étrave fur le plan de projection, par une ligne droite, parce que le fpectateur étant fuppofé placé dans la prolongée de la quille, n'apperçoit que la projection de l'étrave fur le plan du maître couple; ce qui fait qu'elle ne peut être repréfentée que par une ligne droite mais on voit la courbure de l'étrave dans le plan d'élévation.

:

X X X I X.

le

Rapporter fur l'étrave du plan de projection, la différence du tirant d'eau de chaque couple de l'avant. Pl. XIV. Prenez, fur le plan d'élévation au maître couple de l'avant, fig. 3, la distance 1 r, & portez-la fur l'étrave du plan de projection, fig. 2; pofant une pointe fur Ọ, l'autre donnera un point un peu au deffus de O, par quel on tirera une petite parallele à OV: on prendra enfuite, fur le second couple du plan d'élévation, la distance 2 P; on la portera fur l'étrave du plan de projection pofant une pointe une pointe fur O; & l'autre donnera un point un peu au deffus de celui qu'a donné le premier couple: on tirera, par ce fecond point, une feconde parallele, & ainfi de fuite, jufqu'au feptieme couple. On prendra auffi far le huitieme couple du plan d'élévation, fig. 3, la diftance DE de la ligne d'eau à l'étrave; on la portera fur le plan de projection, fig. 2, de 1 en g; & ce point g fera le lieu où le huitieme couple portera fur l'étrave.

REMARQUE.

Chaque couple fe terminera à la petite parallele qui lui appartiendra, fçavoir, le premier couple de l'avant à la premiere parallele, le fecond couple à la feconde parallele; & on commence à compter les paralleles du côté du point O vers le point q.

X L.

Des Lignes d'eau.

Des points M & N, fig. 2, où la feconde & troifieme liffe coupent le maître couple, tirez les lignes horizontales Md, NI, qui représentent autant de lignes d'eau.

X L I.

Des Liffes de l'Avant.

Les liffes de l'avant se terminent fur le maître couple aux mêmes points que celles de l'arriere, & aboutiffent fur l'étrave à des points qui font au deffus des lignes d'eau de toute la distance e q, différence du tirant d'eau de l'avant à l'arriere.

XLII.

De la Liffe des Façons.

Par les points k & b, tirez la ligne kb, qui fera la liffe des façons de l'avant: pour avoir le point k, portez toute la différence du tirant d'eau, ou la distance e q, de Len k, au deffus de la ligne d'eau a b, qui eft la ligne du relevement de la maîtreffe varangue.

XLIII.

De la feconde Liffe.

Tirez la feconde liffe, de d en y, le point y étant au deffus de la ligne d'eau M d, de la quantité e q, qui marque la différence du tirant d'eau.

XLIV.

De la troifieme Life.

Tirez la troifieme liffe, de I en X, portant toute la différence du tirant d'eau e q, de G en X.

XLV.

Du Triangle équilatéral. Pl. XIV.

Décrivez le triangle équilatéral, fig. 4, dont la conftruction eft la même que celle pour la réduction des couples de l'arriere, fi ce n'eft qu'il y a ordinairement un rayon de moins, parce que la partie de l'avant a un couple de moins que celle de l'arriere.

X L V I.

Du Rayon de Balancement ou du Lof. Pl. XII.

On voit, dans le plan d'élévation, fig. 3, une ligne ponctuée R, entre le quatrieme & le cinquieme couple; cette ligne repréfente le couple du lof: il faut donc tirer dans le triangle, fig. 4, entre le quatrieme & cinquieme rayon, un rayon qui foit diftant du cinquieme, en même raifon que le couple du lof du plan d'élévation, fig. 3, eft diftant du cinquieme couple.

XLVII:

Rapporter fur l'étrave du plan d'élévation, les points où les liffes touchent l'étrave du plan de projection (PI. XIV.) de la premiere liffe.

Prenez fur l'étrave du plan de projection, fig. 2, la distance k V, & portez-la fur l'étrave du plan d'élévation, fig. 3, de F en G; le point G du plan d'élévation répondra au point k du plan de projection.

Remarquez que la liffe des façons, qui finit au point G,

ne touche point le huitieme couple, & qu'elle en eft éloignée d'une certaine diftance: il faut donc tirer au triangle un rayon ponctué qui foit entre le huitieme & le feptieme rayon, & qui foit éloigné du huitieme d'une diftance proportionnelle à la diftance du point G, qui répond au dedans de la rablure de l'étrave au huitieme couple fig. 3; & le premier rayon ponctué SA, fig. 4, s'appellera rayon de la premiere liffe.

XLVIII.

De la feconde Liffe de l'Avant.

la

Prenez, fur l'étrave du plan de projection, fig. 2, distance V y, & portez-la fur l'étrave du plan d'élévation, fig. 3, de H en I; le point I du plan d'élévation répondra au point y du plan de projection.

Remarquez que cette liffe fe termine au point I, & que ce point eft éloigné du huitieme couple de la diftance KI: portez donc en dehors du huitieme rayon du triangle, fig. 4, un rayon ponctué, qui foit éloigné du huitieme en même raifon que le point I du plan d'élévation est éloigné du huitieme couple; & le fecond rayon BS tué s'appellera rayon de la fraction de la feconde life.

XLIX.

De la troifieme Liffe de l'Avant.

ponc

Portez encore la diftance XV du plan de projection, fig. 2, fur l'étrave du plan d'élévation, fig. 3; & vous aurez le point L qui répondra au point X du plan de projection; & comme ce point L eft éloigné du point M d'une distance moindre que celle que les couples ont entre eux, tirez au triangle, fig.4, un rayon ponctué qui foit éloigné du huitieme rayon, en même raifon que le point L du plan d'élévation l'eft du huiticme couple; le rayon ponctué SC fera le rayon de fraction de la troifieme liffe.