Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Votre frayeur fait mon plaisir, illustres habitans des cieux ; je m'applaudis d'être le roi d'un peuple sensible et reconnoissant, et de voir l'intérêt que vous prenez à mon fils: car, quoiqu'il doive votre bienveillance à lui-même et à ses fameux exploits, je vous sais gré cependant de ces marques que vous lui en donnez. Mais cessez de craindre; méprisez comme lui les flammes de son bûcher: celui qui a tout vaincu saura les vaincre. Le feu n'aura d'empire que sur le corps mortel qu'il a reçu de sa mère : ce qu'il tient de moi est immortel, et sera garanti de la flamme et de la mort. Dès qu'il sera dépouillé de ce qu'il a de terrestre, je le placerai dans le ciel et j'espère que tous les dieux seront satisfaits de son apothéose. Si quelqu'un cependant la voit avec peine, il saura du moins que ces honneurs lui sont dus.

Les dieux applaudirent au discours de Jupiter. Junon même l'écouta sans trouble, sans ressentiment, et parut seulement piquée de se voir désignée clairement par les dernières paroles.

Cependant les flammes avoient détruit tout ce que le grand Alcide avoit de périssable;

[graphic][graphic]

le

rien ne subsistoit plus en lui de ce qu'il tenoit d'Alcmène, et il n'avoit conservé de lui-même que l'image de Jupiter son père. Tel que serpent qui, après s'être dépouillé de sa vieille peau, reprend une nouvelle vigueur et brille d'un plus grand éclat; Hercule, ayant perdu ce qu'il avoit d'humain, parut plus grand, plus majestueux, plus redoutable: alors Jupiter l'enleva dans le ciel sur un char tiré par quatre chevaux, et le plaça au rang des dieux.

[blocks in formation]

Galanthis changée en belette.

ATLAS fut de nouveau chargé du poids de la voûte céleste. La mort d'Hercule n'avoit point éteint la haine d'Eurysthée, et ce tyran l'avoit étendue à la race de ce héros.

[ocr errors]

Cependant Alemène, toujours en proie à de nouvelles inquiétudes, n'avoit pour confidenté de ses peines que la seule Holė, qu'Hyllus avoit épousée par l'ordre de son père. Iole portoit dans son sein un gage de l'amour de son époux, Alcmène lui dit:

Puisse Lucine vous favoriser et vous ac corder promptement son secours, lorsque Vous serez obligée de l'implorer! Grace à Junon, elle fut long-temps sourde à ma voix, quand j'étois sur le point de donner le jour au grand Hercule. Je souffris cruellement pendant sept jours et autant de nuits, en élevant sans cesse les mains au ciel pour invoquer la secourable Lucine. Elle vint enfin, mais pour me nuire et pour servir la barbare Junon. Sans être attendrie par mes gémissemens, elle s'assit sur cet autel que vous voyez devant les portes du palais; en appuyant la jambe droite sur l'autre, et joignant les deux mains étroitement, elle murmura quelques paroles dont le charme arrêta mon enfantement déja commencé. Elle fut apperçue par une de mes femmes, nommée Galanthis, dont l'esprit vif et pénétrant soupçonna ce mystère. Cette fidèle domestique s'adressant à Lucine lui dit: Qui que vous soyez, réjouissez-vous avec moi du bonheur d'Alcmène: elle est enfin mère et vient de mettre un enfant au monde. Lucine étonnée se leva, et ses mains se séparèrent. Dans ce moment, l'obstacle étant levé, je donnai en effet le jour à Hercule. Galanthis

« ZurückWeiter »