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et conséquemment peut se renouveler trois fois pendant la belle saison. Il faut que le berger ait l'attention de laisser ses moutons paisibles, qu'il les mène doucement, qu'il prenne garde qu'ils ne s'échauffent, qu'il les fasse boire souvent, et qu'il veille à ce qu'ils n'ayent pas le dévoiement.

L'engrais de poutures se fait pendant la mauvaise saison. On enferme les moutons dans une étable, et on ne les laisse sortir qu'à midi, pendant que l'on met de la nourriture dans leurs auges, et qu'on renouvelle la litière; le matin et le soir on leur donne à manger au râtelier, et même, pendant les nuits longues, on leur donne de bons fourrages et des grains, ou d'autres choses fort nourrissantes, suivant les productions du pays et le prix des denrées; car il faut prendre garde que les frais de l'engrais n'emportent le gain que l'on peut faire en vendant les moutons gras. La nourriture qui engraisse le plutôt les moutons, est l'avoine en grain, mêlée avec la farine d'orge ou de son, ou avec les deux ensemble. On les engraisse encore avec des navets et des choux; mais ces derniers donnent un goût rance à la chair, qu'on corrige néanmoins en leur donnant une nourriture d'auge plus douce, telle que l'avoine, les pois, la farine d'orge, etc.

On peut engraisser les moutons à l'âge de deux ou trois ans ; si on sacrifie tout pour avoir une chair tendre et de bon goût, on les engraisse de pouture. A trois ans, ils sont plus gros et prennent plus de graisse ; à quatre ans, ils sont encore plus gros et deviennent plus gras, mais leur chair est moins tendre; à cinq ans, la chair est dure et sèche : cependant, si l'on veut avoir le produit des toisons et des fumiers, on attend encore plus tard, même jusqu'à dix ans, lorsqu'on est dans un pays où les moutons peuvent vivre jusqu'à cet âge; mais il faut les engraisser un an avant le temps où ils commenceroient à dépérir.

On connoît si un mouton est gras, en le tâtant à la queue, qui devient quelquefois grosse comme le poignet; on regarde aussi aux épaules et à la poitrine, et si l'on y sent de la graisse, c'est signe que les moutons sont bien gras. Les moutons qu'on a engraissés d'herbages ou de poutures, ne vivroient pas plus de trois mois, quand même on ne les livreroit pas au boucher; l'eau, qui contribue à cet engrais, causeroit la maladie de la pourriture.

Les règles principales qu'un bérger doit suivre pour faire paître ses moutons, peuvent se réduire à sept: 1o. les faire paître tous les jours s'il est possible; 2°. ne pas les arrêter trop souvent en

pâturant, excepté dans les pâturages clos; 3°. empêcher qu'ils ne fassent du dommage dans les terres exposées au dégât; 4°. éviter les terrains humides et les herbes chargées de rosée ou de gelées blanches; 5o. mettre les moutons à l'ombre durant la plus grande ardeur du soleil, et les conduire, le matin, sur des coteaux exposés au couchant, et le soir, sur ceux qui sont exposés au levant, autant qu'il est possible; 6o. les conduire lentement, lorsqu'ils montent des collines.

On les fait paître tous les jours, parce que c'est la manière la moins coûteuse de nourrir les moutons, et qu'on n'y supplée qu'imparfaitement en leur donnant des fourrages au râtefier. D'ailleurs, en pâturant, ils choisissent leur nourriture à leur gré, et la prennent dans le meilleur état. L'herbe leur profite davantage que le foin et la paille. Quand même ils ne trouveroient que très-peu de chose dans les champs, l'exercice qu'ils prennent en marchant, leur donne de l'appétit pour les fourrages secs. Cet exercice entretient leur vigueur, et leur allure naturelle est de vaguer de place en place.

On conçoit que si on ne les laisse pas paître avec autant de liberté dans les pâturages clos que dans les champs, c'est qu'ils gâteroient plus d'herbe avec les pieds, qu'ils n'en brouteroient.

Pour conserver l'herbe, on ne livre, chaque jour au troupeau, que ce qu'il peut consommer; on le retient dans un parc, où il trouve assez d'herbe pour le nombre des moutons; le lendemain on change le parc, et ainsi de suite.

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Si l'on évite les terrains humides, la raison en est que l'humidité est contraire aux moutons, et que lorsqu'il y en a trop dans le sol qu'ils habitent ou qu'ils parcourent, ainsi que dans les herbes aqueuses que ces terrains produisent, il en résulte des maladies, telles que la maladie du foie, le gamer ou gamiche, ainsi que des coliques très-dangereuses. Les moutons attendent ordinairement que la rosée blanche soit dissipée avant que de pâturer. En effet, les bêtes à laine pâturent avec moins d'appétit quand l'herbe est mouillée, excepté quand la pluie arrive après une grande sécheresse; cette humectation rend l'herbe plus douce et plus appétissante.

On doit surtout avoir attention, lorsque la chaleur est trop forte, de ne pas les faire entrer en trop grand nombre dans une étable fermée; ils pourroient y périr, suffoqués par l'air qu'ils auroient échauffé et infecté par la vapeur de leur corps et leur transpiration pulmonaire.

On peut les faire sortir par la neige pour les promener et les faire boire; mais lorsque les vents sont trop grands, les pluies trop abondantes,

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les orages forts, il ne faut les faire sortir qu'après que les tourmentes, ĺes orages et les pluies ont cessé; on saisit à cet effet, le soir et le matin, l'instant le plus favorable.

Il faut les éloigner avec autant de soin des herbes nuisibles par elles-mêmes, que des herbes de bonne qualité, sur lesquelles ils se jettent avec avidité, et qui peuvent leur faire beaucoup de mal dans certaines circonstances.

Les bonnes herbes qui peuvent faire du mal aux moutons, sont les trèfles, la luzerne, le froment, le seigle, l'orge, le coquelicot ; toutes les herbes aqueuses, telles que celles des regains, celles qui sont dans les sillons humides, et celles qui sont à l'ombre des bois; toutes ces herbes font du mal aux moutons, lorsqu'étant en trop grande quantité dans la panse, elles la font enfler, occasionnent des coliques qu'on nomme enflure, fourbure, gonflement du ventre, etc.

Il faut mener le troupeau lentement, parce qu'en le conduisant trop vîte, surtout en montant des collines, on risque d'échauffer les moutons, de les rendre malades, et même de les faire périr. Le berger doit empêcher qu'aucune bête ne s'écarte du troupeau en allant trop en avant, en restant en arrière, ou en s'éloignant à droite ou à gauche. Toutes ces précautions sont essentielles, et peuvent s'exécuter à

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