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générale le proclame souverain de la Corse, sous le nom du roi Théodore, et il entretient le presdes succès sur les Génois.

tige par

Cependant les moyens pécuniaires de Neuhoff, épuisés en peu de mois, par une représentation politique, le forcent à quitter l'ile pour aller chercher de nouvelles ressources. Il intéresse à sa fortune une compagnie de négocians d'Amsterdam, qu'il flatte de la possession exclusive du commerce de la Corse, et, des fonds qu'il en obtient, il équipe une frégate et quelques bâtimens chargés d'armes et de poudre, avec lesquels il reparaît à l'improviste devant Ajaccio, assiégée par ses partisans.

Il se proposait de tenir la place resserrée par mer, ainsi qu'elle l'était par terre, lorsqu'un coup de vent le jeta dans le golfe de Naples, où ses vaisseaux avariés furent saisis, et où luimême fut arrêté. Il parvint à s'échapper de prison; mais son crédit était épuisé, et ne lui permit plus de donner suite à ses premiers projets.

Le sénat de Gênes, dans l'intervalle, avait réclamé l'intervention de la France, irrité qu'il était de ce que Neuhoff, échappé au fer des assassins, et dont la tête était à prix, avait été roi de l'île. Un plan de pacification, dressé sous les yeux de Fleury, fut destiné à être porté en

Corse, par Boissieux, neveu de Villars, accompagné de cinq régimens pour appuyer sa médiation.

Ces forces devinrent suspectes aux habitans, surtout quand on leur demanda leurs armes. Feignant de se résigner à leur sort, ils profitèrent de la sécurité qu'ils avaient inspirée, pour surprendre les Français et les repousser dans Bastia. Boissieux, déjà malade, en mourut de chagrin, et fut remplacé par Maillebois.

Les bonnes dispositions de ce dernier amenèrent en trois semaines la soumission de l'île; mais cette conquête fut sans aucun fruit, parce que les événemens d'un plus grand intérêt, qui agitèrent l'Europe vers ce temps-là, forcèrent la France à retirer ses troupes, pour les porter sur un autre point.

Ainsi les Corses profitant de l'occasion pour secouer leur joug, se soulevèrent, et reprirent la supériorité sur les Génois, qu'ils haïrent encore plus; il est même probable que, s'ils eussent pu étouffer leurs propres discordes, ils auraient, à la faveur des longues hostilités où se trouvèrent engagées les puissances prépondérantes de l'Europe, invariablement affermi leur indépendance.

PIERRE LE GRAND A PARIS.

Un des événemens les plus mémorables du règne de Louis xv, est, sans contredit, l'arrivée du Czar à Paris.

Depuis que Lefort eut instruit Pierre de ce qui se passait en Europe, et lui eut appris à rougir de la situation où se trouvait la Moscovie, on avait vu ce prince abandonner en quelque sorte le trône pour apprendre à gouverner. II était venu en Hollande, s'était fait inscrire dans le rôle des charpentiers des Indes, et avait luimême travaillé dans les chantiers. De là, passant en Angleterre, pour acquérir des connaissances positives sur tout ce qui concerne la navigation, le commerce, les lois, et l'art avec lequel les nations les plus éclairées régissent les différentes branches de la société, il se rendit en France, pour ensuite rentrer dans ses états, et y enfanter des miracles. Il eut même la gloire de perfectionner quelquefois les établissemens qu'il avait seulement voulu imiter.

Un des traits caractéristiques de la grande âme de Pierre, fut la réformation du clergé, dont l'influence, quand elle n'est pas sagement modérée, a toujours tant de pouvoir sur les mœurs d'une

nation. Il abolit donc le patriarcat, et la ruine de cette dignité puissante fut le commencement de la règle et d'un meilleur ordre de choses.

Par ses soins et sa politique, la Russie vit entrer, tous les ans, dans ses ports, plus de douze cents vaisseaux marchands. Il ouvrit des communications entre différentes parties de ses états; il établit un commerce régulier avec les provinces septentrionales de la Perse; ses caravanes péné trèrent jusqu'à Pékin; partout il établit les manufactures et les arts connus dans le reste de l'Europe; partout il les encourageait, en se confondant parmi les ouvriers, qu'il instruisait lui-même.

La nation moscovite était comme ignorée en Europe, avant que Pierre er eût entrepris de la rendre commerçante. Sa force augmente selon son progrès de police et de commerce, et non selon son progrès de terrain, qui a toujours été immense. Sa nouvelle marine, et le port de Pétersbourg, construit presque malgré la nature, lui sont plus utiles que ne l'étaient autrefois les vastes campagnes de la Sibérie et de la Tartarie; mais elles le vont devenir par ces grands établissemens, dont tout se ressent de proche en proche. La force d'un état ne se mesure pas au sol, c'est au nombre des citoyens et à l'importance de leurs travaux.

Qu'il nous soit permis de faire quelques réflexions sur cette nouvelle puissance qui s'est élevée si rapidement à nos yeux. On devait s'attendre que l'esprit de législation, dont le Czar était animé, se ralentirait après sa mort, ou du moins après tant de changemens de souverains et de ministres. Cependant, ceux qui tiennent en main les rênes du gouvernement, en Russie, semblent marcher toujours sur les mêmes principes; le même esprit les conduit, et le ministre qui succède, moins jaloux des établissemens de son prédécesseur, que de la gloire de les perfectionner, ajoute encore à ce qu'il trouve de fait.

Le Czar qui a policé sa patrie mérite les éloges qu'on lui a donnés; et la postérité la plus reculée lui conservera, sans doute, le glorieux titre de Grand, que les contemporains lui ont dé

cerné.

Lorsque Pierre vint en France, il y fit fort peu de cas de toutes les choses d'agrément, et donna beaucoup d'attention à toutes celles qui tendent à l'utilité. Il fut fort sensible à une galanterie que lui fit le duc d'Antin, de faire trouver dans sa salle à manger, sous un dais, le portrait de la Czarine. Il ne fut pas moins content de celle dont il fut l'objet à la Monnaie des médailles.

Après avoir examiné la structure, la force et

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