ait fait banqueroute, et qu'il ait trouvé le secret de fricasser huit millions obscurément et sans plaisir. (Voltaire.)

EMINER. J'aimerais mieux Eminer en pouvoir qu'en richesses, en esprit qu'en pouvoir, en vertu qu'en esprit.

Combien il Eminait en poésie, ce Virgile, à qui le suffrage de chaque siècle donne un laurier de plus! (L**.)

EMMIELER. Emmiéler un homme en place : Emmiéler un propos. Un courtisan sait Emmiéler toutes ses paroles. Les femmes savent Emmiéler leur haine quand elles ont préparé leur piége.

EMMURER. Entourer d'un mur. Emmurer les humains, souvent l'innocence. On a vu, pour ainsi dire, la moitié de la nation Emmurer l'autre.

EMOI. Le traître reconnut le portrait, et son Emoi le fit pâlir.

Emoi. Vous a-t-on peint le triste Emoi qu'éprouva la capitale, lorsque le prince Lambesc tira le sabre au milieu des Tuileries?.... Il fallut bien s'armer....

EMOLUMENTER. D'émolument. Vouloir profits, gains, avantages casuels. Vous croyez bonnement que l'on monte à ces hautes et difficiles places pour ne pas Emolumenter? Détrompez

vous, plus on a, plus on veut avoir. Il n'avait rien il y a deux ans, le voilà déjà Emolumenté. EMONSTILLER. L'indolence, la froideur, l'insensibilité de mademoiselle L.** allaient à un point incroyable; il était également impossible de lui plaire et de la fàcher, et je suis persuadé que si l'on eût fait sur elle quelque entreprise, elle se serait laissé faire, non par goût, mais par stupidité. Sa mère en lui donnant un jeune maître de chant fesait tout de son mieux pour l'Emonstiller, mais cela ne réussit pas. (J. J. Rousseau.)

EMPENNÉ. Qu'y aurait-il de plus beau dans le monde, qu'un jeune homme de dix-huit ans, ailé, Empenné et traversant les airs en créature céleste ?

EMPÉRIÈRE. «< Est-il possible de rien imaginer << de si ridicule que cette misérable et chétive créa« ture, qui n'est pas seulement maîtresse de soi, << exposée aux offenses de toutes choses, se die « maîtresse et Empérière de l'univers, duquel «< il n'est pas en sa puissance de cognoistre la <«< moindre partie, tant s'en faut de la com<< mander! » (Montaigne.)

EMPHASER. Outrer l'expression, le ton, la voix, le geste. Qui Emphase, n'est pas sûr de lui-même. Le comble du ridicule, c'est d'Emphaser la critique dans un journal éphémère.

EMPIÉGÉ. Qui est pris dans un piége. Il avait dressé des embûches sur les pas de son adversaire, et lui-même s'est trouvé Empiégé.

EMPIRANCE. D'empirer. L'Empirance du mal annonce sa fin prochaine. L'Empirance de sa mauvaise conduite me fait augurer que le vice l'emportera chez lui sur un reste de pudeur, et que c'est un homme mort à toute vertu.

EMPIREMENT. Nos mœurs sont extrêmement corrompues, et penchent d'une fatale inclination vers l'Empirement. (Montaigne.)

L'Empirement de l'opiniâtreté annonce la chute d'un homme en place. Pour empêcher l'Empirement d'un vice, il faut d'abord l'avoir su reconnaître en soi. La maladie du corps ou de l'ame, très-souvent n'est rien; c'est l'Empirement qui devient dangereux ou funeste.

EMPOIGNÉ. Il fut Empoigné par le prévôt; cela est plus expressif que de dire il fut arrêté.

EMPORTEUR. Dans ma jeunesse, j'ai vu en carême, arrêter le dîner du prince de Condé, qu'on lui portait de son hôtel au jeu de paume de la rue Mazarine. Les estafiers de je ne sais quelle juridiction, avaient saisi le potage et les poulardes de son altesse sérénissime. Ces puérilités ont pris fin, mais quelques sots gémissent encore de l'abolition de l'ancienne rigueur, qui

plaçait dans les rues des Emporteurs de tous les dîners accommodés au gras.

EMPRUNTEUR. Les grands ne payent point leurs dettes, ainsi que font les petits; les grands Empruntent éternellement aux indigens qui, long-temps mangés, se réunissent enfin, et parviennent à dissoudre la fortune du superbe Emprunteur.

EMULATEUR. Racine fut l'émule de Corneille, et Voltaire l'Emulateur de l'un et de l'autre.

EMULATRICE. Ce que l'on n'a point encore vu, ce sont deux comédiennes du même emploi, noblement Emulatrices l'une de l'autre, et non rivales haineuses.

EMULER. Il est nécessaire de savoir bien figurer ses lettres, car une mauvaise écriture ressemble au bredouillement de la parole; mais un caractère lisible suffit. C'est perdre son temps que de vouloir Emuler Rossignol, grand maître en l'art de l'écriture, et non en l'art d'écrire.

ENAMOURÉ. « L'autre hier, çe me dit Bazu, « j'avisois au sermon, tes œillades Enamourées « et tes soupirs aller à ma soeur Blanche, et aussi << j'avisois ses regards radoucis se tourner de«< vers toi, puis vos visages rougir, puis vos << yeux se baisser, ce qui est symptômes d'a«mour.» (Sauvigny. Blanche Bazu.)

ENCACHOTÉS. J'ai été prisonnier treize mois, mais je n'ai été Encachoté que quarante - sept jours. Dans les décombres de la Bastille renversée, on trouva deux squelettes liés par une chaîne de fer, et encachotés; on n'a pu savoir depuis quel nombre d'années. J'ai créé en 1789, l'expression d'Encachotés, qui fut copiée et répétée par-tout, en annonçant le premier ce fait dans les fameuses Annales patriotiques et littéraires, qui furent, j'ose le dire, le grand soufflet de forge de nos armées, et la trompette la plus éclatante de notre grande révolution, lorsqu'elle était encore belle, intacte et pure. Je me souviens qu'Encachotés produisit un formidable effet. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je suis néologue, car je me suis plu à l'être dans tous mes écrits, et sur-tout dans ces Annales patriotiques, où j'ai si bien défendu les droits de la nation contre ses ennemis et ses oppresseurs. On a peut-être trop oublié ce que ma plume et mon nom firent alors, pour ne se souvenir que de ma néologie, dont je me glorifie d'ailleurs comme d'un nouveau titre à la reconnaissance publique.

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ENCADREE. Enfin, voilà la république française Encadrée dorénavant dans des limites invariables, tracées par la nature. Les mots cadre et encadrer sont entrés avec beaucoup de jus