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squelette décharné ; la grosseur horrible de ses genoux et de ses talons; tous ces traits annonçoient la Famine."

La nymphe n'osa s'approcher de ce monstre, elle lui répéta de loin les ordres de la déesse : quoiqu'elle ne se fût arrêtée que peu de temps, elle sentit cependant la Faim se glisser dans ses entrailles, et précipita son retour dans la Grèce.

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La Faim s'empare d'Érésichthon.

LA Faim, quoique toujours ennemie de Cérès, lui obéit cependant. Un tourbillon de vent la porte en Thessalie. Elle entre chez Érésichthon pendant la nuit, tandis qu'il étoit plongé dans le sommeil. Elle l'embrasse étroitement, s'incorpore en quelque sorte à lui, pénètre dans son sein, dans l'intérieur de luimême, se coule dans ses veines, et y porte le besoin de manger. Après avoir exécuté les ordres de Cérès, elle quitte cette contrée

T

fertile, et retourne dans les cabanes où règne la pauvreté.

Un doux sommeil caressoit Érésichthon de ses ailes légères. En songe il demande des alimens; il croit les saisir, il remue inutilement sa bouche affamée; ses dents trompées frappent avec bruit ses dents, et l'air seul reçoit ses morsures. Mais à son réveil le désir de manger se fait sentir avec violence, et circule de veine en veine; il demande avec instance tout ce que produisent l'air, la terre et la mer on charge sa table de mets abondans, et il en redemande sans cesse; ce qui suffiroit pour des villes, pour des peuples entiers, he lui suffit pas; plus il reçoit, plus il desire. Semblable au vaste océan, qui reçoit dans son sein tous les fleuves de la terre sans qu'il en paroisse augmenté; ou tel que le feu, qui reprend plus de force et d'activité par la quantité des matières mêmes qu'il a consumées : ainsi la bouche du profane Érésichthon engloutit tout; cet abîme semble n'en être que plus profond, et ce qu'il mange augmente en lui l'ardeur de manger.

FABLE XXIII.

La fille d'Érésichthon, pour nourrir son père, obtient de Neptune la faculté de prendre toutes sortes de formes...

ÉRÉSICHTHON Consuma ses biens et précipita

dans ses entrailles ses immenses richesses. Une fille lui restoit, il la vendit pour subsister. Cette fille généreuse, et bien différente d'un tel père, refusa de connoître un maître. Dieu des eaux, s'écria-t-elle en étendant ses mains sur les vastes mers, souverain du liquide empire, à qui j'ai sacrifié ma yirginité, sauvezmoi de l'esclavage.

Neptune écouta sa prière. Elle suivoit celui qui l'avoit achetée : tout-à-coup elle change de sexe, et se trouve métamorphosée en pêcheur.

O vous, dit son maître, vous qui, armé d'un roseau, trompez le poisson crédule, ainsi puissiez-vous toujours le tromper au gré de vos vœux! ainsi puisse la mer tranquille servir

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