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fonctions accoutumées. Je raconterai plus tard les motifs de son absence et les conditions qu'il mit à son retour.

a demandé à son tour que ceux qui les avaient écrits voulussent bien les avouer et communiquer leurs preuves. Jamais on ne lui a répondu ; et les personnes sages qui connaissaient très-particulièrement le duc et la duchesse de Polignac, lui ont paru convaincues que les auteurs de ces libelles étaient de vils calomniateurs soudoyés par les ennemis du roi et de la reine. Il a interrogé des domestiques même de la duchesse, qui n'avaient plus rien à espérer de leur maîtresse ; et leurs réponses ont prouvé qu'elle était aimée de tous ses gens, et que, dans l'intérieur de sa famille, elle menait une vie très-décente et très-régulière.

» Enfin l'auteur n'a rencontré personne qui lui ait dit avoir reçu du duc ou de la duchesse de Polignac la plus légère offense. Ayant à se décider entre des accusations graves, mais dénuées de toute espèce de preuves, et des faits incontestables, il a dû naturellement s'arrêter à ceux-ci : sa qualité d'historien ne lui permettait pas d'autre marche. » ( Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoie, p. 161 à 164.)

(Note des édit.)

CHAPITRE VIII.

Voyage de Joseph II en France. Son caractère.

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- Ses paroles.

Leur amertume.

- Il n'épargne ni les dames de la cour ni la reine elle-même.

- Il critique le gouvernement et l'administration.

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- Anecdotes

- Il est présenté par la

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Fête d'un genre

qu'il raconte sur la cour de Naples. reine et accueilli avec transport à l'Opéra. nouveau que lui donne la reine à Trianon. — Première grossesse de la reine.-Détails curieux.-Retour de Voltaire à Paris.-Mot de Joseph II. On délibère sur la présentation de Voltaire à la cour. Opposition du clergé. On décide qu'il ne sera point admis.-Réflexions de la reine à ce sujet.-Duel de M. le comte d'Artois avec le duc de Bourbon. Assertions du baron de Besenval, dans ses Mémoires, réfutées. Il ose faire une déclaration à la reine. Conduite noble et généreuse de cette princesse. Mot sensé qu'elle prononce. Retour du chevalier d'Eon en France. - Détails sur ses missions et les causes de son travestissement.-Promenades pendant la nuit sur la terrassc de Trianon.-Anecdotes qui servent de texte aux libellistes. -Madame Du Barry se permet d'assister à l'une de ces soirées.— Concert donné dans un des bosquets. Couplets contre la reine. Indignation de Louis XVI contre d'aussi viles attaques. - Odieuse politique du comte de Maurepas. La reine accouche de MADAME. Dangers auxquels est exposée la reine. Réflexions.

DEPUIS l'avènement de Louis XVI au trône, la reine attendait la visite de son frère l'empereur Joseph II: ce prince était le sujet habituel de ses entretiens; elle vantait son esprit, son amour pour

le

travail, ses connaissances militaires, son extrême simplicité. Toutes les personnes qui environnaient Sa Majesté désiraient vivement de voir à la cour de Versailles un prince si digne de son rang. Enfin, le moment de l'arrivée de Joseph II, sous le nom du comte de Falkenstein, fut annoncé, et l'on indiqua le jour même où il serait à Versailles (1). Les premiers embrassemens de la reine et de son auguste frère se passèrent en présence de toute la maison de la reine. Ce spectacle fut très-attendrissant; les sentimens de la nature inspirent involontairement plus d'intérêt quand on les voit se développer avec toute leur puissance et tout leur abandon dans le cœur des souverains.

L'empereur fut d'abord généralement admiré en France; les savans, les militaires instruits, les artistes célèbres apprécièrent l'étendue de ses connaissances. Il obtint moins de suffrages à la cour, et fort dans l'intérieur du roi et de la reine. peu Des manières bizarres, une franchise qui dégénérait souvent en rudesse, une simplicité dont on remarquait visiblement l'affectation; tout le fit envisager comme un prince plus singulier qu'admirable. La reine lui parla de l'appartement qu'elle

(1) La reine reçut l'empereur à Versailles, et n'alla point audevant de lui en cabriolet, comme cela est dit dans quelques anecdotes sur la cour de Louis XVI, et notamment dans un ouvrage fort estimable où cette fausse anecdote est consignée comme elle l'est dans l'Espion anglais d'où elle a été vraisemblablement tiréc. (Note de madame Campan.)

lui avait fait préparer dans le château ; l'empereur lui répondit qu'il ne l'accepterait pas, et qu'en voyageant il logeait toujours au cabaret (ce fut sa propre expression): la reine insista, et l'assura qu'il serait parfaitement libre, et placé loin du bruit. Il répondit qu'il savait que le château de Versailles était fort grand, et qu'on y logeait tant de polissons, qu'il pouvait bien y avoir une place; mais que son valet de chambre avait déjà fait dresser son lit de camp dans un hôtel garni, et qu'il y logerait.

Il dînait avec le roi et la reine, et soupait avec toute la famille réunie. Il témoigna prendre intérêt à la jeune princesse Elisabeth qui sortait alors de l'enfance, et avait toute la fraîcheur de cet âge. Il circula, dans le temps, quelque bruit de mariage avec cette jeune sœur du roi; je crois qu'ils n'eurent aucun fondement.

Le service de table était encore fait par les femmes lorsque la reine mangeait dans les cabinets avec le roi, la famille royale et les têtes couronnées (1). J'as

(1) L'usage était que, même le dîner commencé, s'il survenait une princesse du sang, et qu'elle fût invitée à prendre place à la table de la reine, les contrôleurs et les gentilshommes servant venaient à l'instant prendre le service, et les femmes de la reine se retiraient. Elles avaient remplacé les filles d'honneur dans plusieurs parties de leur service et conservé quelques-uns de leurs priviléges. Un jour la duchesse d'Orléans arriva à Fontainebleau à l'heure du dîner de la reine qui l'invita à se mettre à table, et fit elle-même signe à ses femmes de quitter le service et de se faire

sistais presque tous les jours au dîner de la reine. L'empereur y parlait beaucoup et de suite; il s'exprimait avec facilité dans notre langue, et la singularité de ses expressions ajoutait quelque chose de piquant à ses discours. Je l'ai plusieurs fois entendu dire qu'il aimait les choses spectaculeuses, pour indiquer tout ce qui formait un aspect, ou une scène digne d'intérêt. Il ne déguisait aucune de ses préventions sur l'étiquette et les usages de la cour de France, et en faisait même, en présence du roi, le sujet de ses sarcasmes (1). Le roi sou

remplacer par les hommes. Sa Majesté disait qu'elle voulait maintenir un privilége qui conservait ces sortes de places plus honorables, et en faisait une ressource pour des filles nobles et sans fortune.

Madame de Misery, baronne de Biache, première femme de chambre de la reine, dont je fus nommée survivancière, était fille de M. le comte de Chemant, et sa grand'mère était une Montmorency. M. le prince de Tingry l'appelait, en présence de la reine,

ma cousine.

L'ancienne commensalité des rois de France avait des prérogatives reconnues dans l'État. Beaucoup de charges exigeaient la noblesse et se vendaient de 40,000 jusqu'à 300,000 francs. Il existe un Recueil des édits des rois en faveur des prérogatives et droits de préséances des personnes munies d'offices dans la maison du roi.

(Note de madame Campan.)

(1) Joseph II avait du goût, on peut dire même du talent pour la satire. On vient de publier un recueil de lettres dans lesquelles ses railleries amères n'épargnent ni les grands ni le clergé, ni même les rois ses confrères. On trouvera deux ou trois de ces lettres à la fin du volume (lettre P); elles rentrent dans le sujet

T. I.

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