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» point en point, avec exprès défaveu » de fon erreur, on feroit retranché de » l'églife (a). »

Voilà donc le jugement, & enfuite l'excommunication tout comme dans l'églife romaine.

Mais le fynode de Vitré, tenu en 1617, avoit dreffé un ftatut encore bien plus remarquable. Il ordonnoit que quand la caufe feroit portée au fynode national pour juger en dernier reffort, on s'affurât d'avance de la foumiffion des parties, en leur faisant figner ce ferment:

» Nous promettons devant Dieu de » nous foumettre à tout ce qui fera ré» folu en notre fainte affemblée, perfua » dés que nous fommes. que Dieu y pré» fidera, & nous conduira par fon ef » prit, en toute vérité & équité, par la » regle de fa parole (b). »

Le fynode de Charenton, tenu en 1647, condamne en conféquence la doctrine des indépendans, « qui refufoient de recon» noître l'autorité des colloques & des » fynodes pour leur régime & conduite: » déclarant que cette fecte eft autant pré

judiciable à l'état qu'à l'églife, qu'elle » ouvre la porte à toutes fortes d'irrégu

a) 5. Titre des confiftoires, art. 31.

(2) Boffuet, Expofition, p. 52.

»larités & d'extravagances, qu'elle ôte » tous les moyens d'y apporter remede, » & que fi elle avoit lieu, il pourroit »fe former autant de religions que de paroiffes (a). »

Auffi celui qui refufe de foufcrire au jugement du fynode eft excommunié : mais comment cette excommunication peut-elle s'allier avec le principe de la difcuffion perfonnelle?

De quel droit les fondateurs de la réforme ont-ils pu réfifter au jugement de l'églife catholique romaine, qui étoit alors la feule églife de Jéfus-Chrift fur la terre, & comment leurs fucceffeurs ontils pu enfuite exiger la foumiffion au jugement de leur fynode?

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, c'eft que dans ces fynodes tout fe regle felon la parole de Dieu; c'eft plutôt la parole de Dieu qui juge, que les miniftres.

LE DOCTEUR.

Ils le difent, Monfieur, l'églife catholique le dit bien auffi; elle puife en effet fes décifions dans l'écriture ou la tradition; elle le dit avec fûreté, parce qu'elle eft, en vertu des promeffes de Jéfus-Christ,

l'interprete infaillible de ces deux fources de la révélation: le fynode ne peut le dire que par préfomption, parce que ces promeffes ne lui ont pas été faites.

Mais il n'en eft pas moins vrai, qu'en le difant & en joignant à cette affertion vague & téméraire, un jugement défini tif, fous peine d'excommunication fynode de la prétendue réforme renverse fon propre fyftême fondamental.

ce

La queftion eft de favoir fi la fainte écriture fuffit feule fans une autre autorité & fans un jugement diftingué de cette écriture? Les prétendus réformés foutiennent qu'elle fuffit feule; ainfi quand ils ont enfuite établi des confiftoires, des colloques, des fynodes, des jugemens, ils ont procédé en cela contre leurs propres principes, & ils en ont reconnu euxmêmes la fauffeté.

Mais ils l'ont reconnue plus évidemment encore fur le fecond objet. Quant aux inftructions particulieres. La maxime des prétendus réformés eft que chaque particulier doit fixer fa foi par la difcuffion qu'il fait lui-même des divers points de croyance, au moyen de l'écriture.

Or je demande, en eft-il parmi eux, en eft-il beaucoup, en eft-il un feul qui ait fait véritablement cette difcuffion?

Quand ils l'auroient faite, elle ne leur auroit fervi de rien, parce que jamais cette difcuffion n'eût été un moyen propre à donner une foi certaine : mais enfin l'ont-ils faite?

Ont-ils férieusement examiné s'ils pourroient difcerner les livres canoniques, de ceux qui ne le font pas, foit par les rayons de lumiere que répandent felon eux ces livres, foit par leur goût, leur impreffion, leur infpiration intérieure?

Ont-ils approfondi, fur le point capital de favoir fi c'eft l'autorité de l'églife ou celle de l'écriture qui doit affurer la foi, les raisons alléguées de part & d'au tre ?

Ont-ils effayé de découvrir par l'écriture quels font les articles fondamentaux de croyance, par oppofition à ceux qui ne le font pas, & qu'on pourroit croire ou ne pas croire à fon gré?

Ont-ils enfuite fur chaque article de croyance en particulier [ & combien le nombre en eft-il grand!] fur tout le fymbole, tous les objets des anciennes héréfies, la divinité du verbe, celle du Saint Efprit, toute la doctrine des facremens l'éternité des peines, le purgatoire, la juftification, le mérite, la grace... en un mot fur chaque article, ont-ils confulté

teurs? &c. l'ont-ils fait? un feul l'a-t-il fait ?

Eh! non fans doute : ils font dans la prétendue réforme, & dans telle fecte de cette réforme, luthériens calviniftes anglicans, arminiens, fociniens, &c. précifément & uniquement parce qu'ils y font nés; ils ne fe font mis en peine de rien de plus; ils ont dans leur jeuneffe reçu de leurs pafteurs quelque inftruction à cet égard, & ils s'en font tenus là, tout comme s'ils fuflent nés catholiques, c'està-dire, tout comme s'ils euffent été fondés à s'en rapporter au jugement de leurs maîtres, comme les catholiques le font à s'en rapporter au jugement de l'églife; c'eft ainfi qu'ils ont vécu, qu'ils vivent & qu'ils vivront dans une manifefte & perpétuelle contradiction avec eux-mêmes.

Mais leurs maîtres, qui doivent en favoir plus qu'eux, tous les miniftres des églifes réformées, leur ont-ils enfeigné la religion conformément au principe de la néceffité d'une difcuffion perfonnelle de l'écriture?

Point du tout : ils les ont inftruits comme s'ils euffent été perfuadés du principe contraire, c'est-à-dire, de la néceffité d'une autorité qui fixe le fens de l'écriture.

Un miniftre de Geneve, par exemple, fait le catéchisme à de jeunes gens pour

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