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sur l'action réciproque de l'acide io dique et des sels de morphine. Il démontra que les plus petites quantités de morphine ou d'un de ses sels étant dissoutes dans une quantité d'eau sept cents fois plus considérable, si l'on verse quelques gouttes d'acide iodique, la liqueur prend aussitôt une couleur rouge-brun et exhale une odeur d'iode très-sensible. Cette découverte est bien précieuse pour la médecine légale, car elle permet de reconnaître les empoisonnements causés par la morphine, les autres alcalis végétaux n'ayant pas la même propriété. La robuste constitution de Sérullas n'avait pu résister à tant de travaux ; ses organes digestifs avaient fini par s'altérer au milieu des gaz qui s'échappaient de son laboratoire. Cet homme, dont la vie tout entière s'était passée à instruire ses semblables ou à les soulager, dont la maxime favorite était Travailler toujours et faire le plus de bien possible, cet homme oubliait sa santé. Une maladie chronique des voies digestives l'affaiblit peu à peu. A son humeur enjouée succéda une tristesse profonde, et le 11 avril 1832, quand il anuonça à la société de pharmacie de Paris la mort de Gros-Lambert, une des vic. times du choléra, ce fut avec un douloureux pressentiment qu'il fit l'éloge des qualités morales du défunt. La chaire de chimie générale, vacante par le décès du professeur Laugier, devait être donnée à Sérullas. Il allait voir enfin se réaliser le vœu le plus cher de sa noble ambition, il allait occuper une des chaires les plus importantes de l'Europe, quand il sentit les premières atteintes d'une maladie mortelle aux funérailles de Cuvier. Le grand naturaliste, victime de l'épidémie qui ravageait alors la capitale, était pieusement conduit au

tombeau par la foule silencieuse des savants qui l'avaient si souvent admiré. Sérullas, triste et pensif, accompagnait le deuil et se sentait faiblir lui-même sous l'action du fléau qui n'avait pas respecté l'illustre Cuvier. Il lutta neuf jours contre les angoisses de la mort, ne s'abusant nullement sur sa fin prochaine et donnant jusque dans ses dernières heures des marques touchantes de sa bonté naturelle. Il mourut le 25 mai 1832 et fut inhumé près de Cuvier avec lequel il avait été uni par les liens d'une vive amitié. Sérullas, comme Buffon, aimait la science pour elle-même ; le travail fut la joie et la consolation de toute sa vie. Au milieu des hasards de son existence aventureuse et des distractions forcées de la première moitié de sa longue carrière, il sut, malgré les préoccupations continuelles de sa position, poursuivre avec persévérance les idées scientifiques de sa jeunesse. Il s'était créé une sorte d'atmosphère studieuse, espèce de sanctuaire dans lequel il s'était réfugié contre les vicissitudes et les déceptions de la vie. Loin des grandes académies, privé des ressources nécessaires aux études spéciales qui l'occupaient, obligé de se déplacer sans cesse, il semble, en lisant son histoire, qu'il ait passé vingt années de sa vie à chercher à travers l'Europe les documents qui furent plus tard la base de ses découvertes. Travailleur obscur et modeste, il rendit de grands services dans l'humble position où l'avait placé la fortune. Cet homme de bien, dont toute la vie fut si active et si utile, mourut pauvre. Il peut être considéré comme le type de l'honorable corps auquel il appartenait, et dont les services constants et désintéressés passent souvent presque

d'iode, 1830, XVIII. Action de différents acides sur l'iodate neutre de potasse, 1830. XIX. Mémoire sur les chlorures d'iode, 1830. XX. Sur l'acide perchlorique, 1831. XXI. Sur l'acide oxichlorique ou perchlorique, transformation du chlorate de potasse en oxichlorate de la même base, 1831. Tous les opuscules de Sérullas ont été insérés dans des recueils scientifiques, tels que les Annales de physique et de chimie, les Mémoires de l'Académie des Sciences, etc., et plusieurs ont été imprimés séparément. L-D-É. SÉRUZIER (JEAN-JOSEPH-THEODORE), colonel d'artillerie, né le 22 mars 1769, à Charmes (Aisne), fils d'un laboureur qui avait fait comme grenadier toutes les campagnes d'Hanovre, conçut dès l'enfance, par les récits de son père auxquels il était très-attentif, un goût fort vif pour la carrière des armes. A l'âge de quatorze ans il s'engagea dans un régiment d'artillerie où il était sous-officier lorsque la révolution commença. Il en embrassa la cause avec beaucoup d'ardeur et devint bientôt officier. Ayant fait successivement dans différentes armées les campagnes de cette époque, il parvint au grade de colonel. Napoléon, qui fut témoin de son habileté à Wagram, où l'artillerie joua un si beau rôle, le fit baron aussitôt après, puis commandeur de la Légion-d'Honneur avec une bonne dotation, ce qui ajouta beaucoup à son dévouement pour la personne de l'empereur. Ce ne fut en conséquence qu'avec une peine extrême qu'il vit sa chute en 1814. Cependant il fit

inaperçus,comme ces bienfaits qu'une philanthropie discrète répand loin de la foule avec la tranquillité d'une conscience heureuse. Dans les premiers jours de cette année, une voix généreuse et sympathique (1) s'est fait entendre comme un écho plaintif en faveur des officiers de santé militaires. Une commission spéciale a été formée, et s'occupe en ce moment d'un travail destiné à appeler l'intérêt de la République naissante sur le corps des médecins de l'armée. Sérullas a laissé : I. Observations physico-chimiques sur les alliages du potassium et du sodium avec d'autres métaux, antimoine arsenical dans le commerce, 1820. 11. Second mémoire sur le même sujet, 1821. III. Du charbon fulminant, 1821. IV. Notes sur l'hydriodate de potasse, 1822. V. Moyen d'enflammer la pou dre sous l'eau, 1822. VI. Sur l'iodure de carbone, 1823. VII. Nouveau composé d'iode, d'azote et de carbone ou cyanure d'iode, 1824. VIII. Sur la combinaison du chlore et du cyanogène, 1827. IX. Nouveaux composés de brôme, 1827. X. Lettre concernant la notice historique publiée par M. Davy, sur les phénomènes électro - chimiques, 1827. XI. Nouveau composé de brôme et de carbone, 1827. XII.Nouveau composé de chlore et de cyanogène, 1828. XIII. Bromures d'arsenic et de bismuth, 1829. XIV. De l'action de l'acide sulfurique sur l'alcool, 1829. XV. Analyse succincte des travaux de M.Sérullas, 1829. XVI. Séparation du chlore et du brôme dans un mélange de chlorure et de bromure alcalins. XVII. Recherches sur quelques composés comme les autres sa soumission au

(1) De la nécessité de constituer le corps des officiers de santé dans l'armée, par le colonel Cerfberr.

gouvernement de la restauration, mais il ne cessa pas de soupirer après le retour de son ancien maître, et prit part en 1815 à quelques intrigues et

complots qui tendaient à lui rendre le pouvoir. Arrêté pour cela peu de temps après le second retour du roi, il fut traduit à la cour prévôtale du département de l'Aisne et détenu pendant plusieurs mois dans les prisons de Laon. Ayant enfin été acquitté, il se retira à Château-Thierry où il mourut le 11 mai 1825. On a publié sous son nom en 1823 des Mémoires dont son ami M. Lemière de Corvey s'est reconnu l'auteur. C'est une apologie sans mesure de son courage qui était incontestable, mais que lui-même n'aurait pas tant vanté, car il était très-modeste comme le sont tous les vrais braves. Les éloges prodigués à Napoléon n'y sont pas moins exagérés. Dans son Manuel historique du département de l'Aisne, Devisme a consacré une notice à son compatriote. M-Dj.

SERVAN DE SUGNY (PIERREFRANÇOIS-JULES) (1) était né à Lyon le 24 déc. 1796 d'une familie de robe et aussi d'épée. Un de ses parents fut célèbre comme avocat-général du parlement de Grenoble ; un autre fut ministre de la guerre à une des époques les plus remarquables de nos troubles politiques (voy. leurs articles, tome XLII, pages 110 et 114). Après de brillantes études au lycée de Lyon, il commenca à Grenoble son cours de droit qu'il vint achever à Paris. Son goût pour les lettres se manifesta dès lors par quelques publications qui témoignaient de ses connais sances classiques. Ce furent d'abord des Fragments de Gessner traduits en vers latins qu'il fit paraître, comme pour essayer ses forces dans ce genre;

(1) Tels sont les prénoms que lui donne le Nécrologe lyonnais; le Journal de la librairie l'appelle Pierre-Marie-François, et M. de Boissieu, dans son Éloge de Servan, te nomine Jules-François.

puis vint l'Almanach des Muses latines, œuvre peu considérable et qui lui valut les suffrages de tous les amis de la langue d'Horace. Bientôt après il mit au jour un écrit de quelques pages qu'il intitula Mes Rêveries et qu'il donna comme traduit de l'allemand, bien que ce fût un sujet entièrement de son invention. C'était, sous une forme orientale, la critique de plusieurs mauvais poètes de l'époque. Suffisamment pourvu des dons de la fortune, rempli d'instruction, assez, bon poète pour avoir été placé par quelques-uns bien près de Gilbert, de Malfilâtre, André Chénier, Millevoye, il fut membre du cercle littéraire et de l'académie de Lyon. Vers la fin de 1824, il sembla vouloir revenir à la carrière que son père s'était flatté de lui voir embrasser tout d'abord, et il débuta avec distinction au barreau de cette ville; mais les séductions littéraires reprirent bientôt leur empire sur son esprit et le restituèrent à son premier penchant. Recherché, caressé, applaudi, il ne s'en blasa pas moins, s'ennuya de la vie de province et se rendit à Paris où il fut membre de la Société philotechnique. Il savait le grec, le latin et même un peu l'hébreu; sept langues vivantes lui étaient familiéres; il les écrivait et les parlait facilement. Il s'exprimait surtout en français avec grâce, chaleur et originalité, ayant sans cesse analysé et comparé à toutes les autres sa langue maternelle dont il mettait le mérite en première ligne. Il manquait au bonheur qu'il avait trouvé dans sa famille une meilleure santé. Ses forces physiques s'altérèrent au point de le forcer de renoncer à ses études et de quitter ses rêves de gloire. Il se laissa traîner à la campagne chez un ami, près d'Orléans, avec sa jeune femme

que, ou l'Affranchissement de la Grèce, poème dialogué, suivi de poésies diverses, Paris, 1824, in-18. Il y a du mouvement et de belles images dans cette composition dont les quatre vers suivants furent particulièrement remarqués :

LE JEUNE GREC.

[chrétienne] Pense que notre cause est désormais la sienne?

LE VIEILLARD.

et un enfant. C'est là qu'entouré de
soins, d'amour et de marques de dé-
vouement, on a prétendu qu'il s'était
suicidé; mais M. Bignan, éditeur
et biographe de Jules Servan, dit que
jusqu'au dernier jour il conserva le
libre usage de sa pensée; que d'une
voix déjà mourante il dictait encore
des vers, demandant à la poésie de Ah! sans doute qu'enfin cette Europe
lui adoucir les longues souffrances
auxquelles il succomba le 12 octobre
1831, dans sa trente-cinquième an-
née. On a de lui: 1 Morceaux la-
tins et traductions pour l'Hermes
Romanus de Barbier-Vémars. On a
dit que Servan faisait l'Hermes et
que Barbier recevait l'argent. II. Al-
manach des Muses latines, Grenoble
et Paris, 1817; 2e année, Paris, 1818,
in-12. Servan avait des collaborateurs
pour ce recueil où il fournissait le plus
grand nombre de pièces et les meil-
leures. II. Relation des évènements
de Lyon en 1817, brochure saisie chez
l'imprimeur par la police qui crai-
gnait de fâcheuses révélations, mais
rendue ensuite à l'auteur qui eut le
bon esprit de ne pas lui donner cours.
Ce fut la seule excursion dans le do-
maine de la politique que se permit
Servan. IV. Idylles de Théocrite,
traduites en vers français, précédées
d'un Essai sur les poésies bucoli-
ques, Paris, 1822, in-8°; ibid., 1829,
in-8°, fruit d'un travail long et con-
sciencieux. M. Tissot a fait le plus
grand éloge de cette traduction qui
assigne à son auteur un rang distin-
gué parmi les versificateurs et les
hellénistes (2). V. La Famille grec-

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L'Europe nous regarde et nous laisse mourir. Non, mon fils; jusqu'ici lente à nous secourir, VI. Traduction de Catulle, entière mais non publiée: il n'a paru que les Noces de Pélée et de Thétis, poème traduit en vers, Paris, 1829, in-8°. VIL Clovis à Tolbiac, tableau historique, en deux parties et en vers, Paris, 1830, in-8°, tiré à cent exemplaires non livrés au commerce. Dans l'avant-propos, Servan fait sa profession de foi poétique. C'est de l'éclectisme pur; il y revint plus tard dans une pièce de vers intitulée Les deux Muses. Là on voit les prétentions du classique, les espérances du romantique : l'auteur est fort en peine pour tout concilier. VIII. Discours en vers sur la culture des lettres en province, lu à l'académie de Lyon. Servan avait préludé par une épître en vers adressée aux membres de cette société. Dans l'épître et dans le discours, il s'attaque au monopole des arts et des sciences que Paris s'attribue. Il plaide vigoureusement pour le mérite des autres villes de France, et passe en revue avec complaisance les beaux esprits de l'un et l'autre sexe qui ont vu le jour dans la seconde capitale de l'empire. IX. La chaumière d'Oullins, Paris, 1830, in-8°, roman moral qu'on a dit imité du Vicaire de Wakefield de Goldsmith, et d'autres ouvrages propres comme celui-ci à atténuer et à paralyser les mouve

ments qui, dans les hivers rigoureux et en général dans les temps de malaise, ne se font que trop ressentir ou pressentir parmi les classes pauvres. X. Le Neveu du chanoine, ou Confession de l'abbé Guignard, écrite par lui-même, Paris, 1831,4 vol. in-12. XI. Prologue pour l'ouverture de la nouvelle salle du grand théâtre de Lyon, Lyon, 1831, in-8° (4 pages). XII. Le Réveil de la liberté, ode dédiée aux Polonais, Paris, Riga, 1831, in-8° (16 pages). XIII. Satires contemporaines et mélanges, Paris, 1832, in-8°. C'est là qu'on trouve en tête une notice développée de M. Bignan sur Servan de Sugny et ses ouvrages (3). XIV. Plaidoyers de toute espèce pour le civil et pour le criminel. Les amis de cet avocat distingué disent qu'il ne prenait que des causes sûres, ne prêtait sa parole qu'aux gens de bien, n'accusait que les sots et les méchants, enfin qu'il faisait ses mémoires bien moins pour les répandre que pour amener les partis à des transactions. XV. Articles de journaux, dans la Revue encyclopédique, la Revue britannique, le Mercure de Félix Bodin, la Gazette de Lyon, et les Archives du Rhône. Servan ne trafiquait pas de ses œuvres. Il détestait le principe des parts d'auteurs; ce commerce établi de prose et de vers lui semblait l'abaissement et la perte de l'esprit.« On ⚫ écrit, disait-il, comme on fait des ⚫ bottes, comme on vend du bois,du « fromage ou de l'huile. Le métier ⚫ gâte tout. Je veux que les gens de mérite sachent mourir de faim. . Ils embrasent les cœurs, ils éclairent le monde, c'est assez. Là est leur profit, leur vie. Ils dominent

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(3) M. Alph. de Boissieu a publié aussi an Eloge de Servan de Sugny, Lyon, 1832, in-8°.

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liade ou l'Odyssée à tant la ligne !» XVI. Mazeppa, drame. XVII. Le duc d'Otrante, ou la Malédiction, tragédie imitée du Comte de Narbonne, de l'Anglais Jephson, ouvrage inédit. XVIII. Le Suicide, Paris, 1832, in-8°, roman posthume fait pour combattre le fatal penchant qui pousse quelquefois le désespoir à se délivrer de la souffrance par le crime. C'est une grande présomption que tel n'a pas été le dernier acte de la vie de l'auteur. Celui qui a rédigé le présent article en doit quelques documents à M. Péricaud et beaucoup d'autres à M. Fr. Grille, bibliothécaire de la ville d'Angers, qui paraît avoir été ami de Servan de Sugny, et qui dissémine tout ce qu'il sait, tout ce qu'il a vu, les comptes rendus de ce qu'il a fait comme administrateur dans de piquantes brochures dont ne jouit pas le public tout entier. Dans des lettres adressées à M. Paul Lacroix en 1846 et qui n'ont été imprimées qu'à petit nombre, il a consacré six pages à la nomenclature raisonnée des ouvrages de Servan de Sugny. L-P—E.

SERVANT (NICOLAS), prêtre, docteur en théologie, né à Fismes en Champagne, fut curé de Nanteuil-laFosse depuis 1773 jusqu'en 1791. A cette époque il devint vicaire épiscopal de l'évêque constitutionnel de la Marne (voy. DIOT, LXII, 499); puis il fut député du second ordre

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