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grés. Il en posait ainsi les bases, Il s'agit de savoir ce que doit faire une nation rentrée dans ses droits, lorsque ses anciens maitres auxquels elle a daigné conserver la couronne, deviennent ses plus mortels ennemis; lorsque le chef est à la tête des conspirateurs qui machinent sans cesse pour la remettre aux fers; lorsque sa femme, sœur d'un tyran, qui est en armes sur la frontière de l'État, ne soupire qu'après le moment de se baigner dans le sang des Français; lorsque son frère et ses cousins sont à la tête d'une légion de fugitifs conjurés contre leur patrie, et d'une armée de bandits qu'ils ont enrôlés pour venir fondre sur le royaume, et massacrer les amis de la liberté; lorsque ses tantes ont pris la fuite, etc.

› Voilà le véritable état de la question. La traiter comme l'a fait Pétion, en la considérant du côté des droits de l'homme et de la liberté dont la famille royale doit jouir comme tous les citoyens, est imbécillité : la considérer du côté de la privation des droits de citoyens, dont devraient être punis les membres de cette famille, comme les autres émigrans, est ineptie. Demander, comme l'a fait Barnave, un décret provisoire pour que les membres de la dynastie soient tenus à résider dans le royaume, sous peine de déchéance au trône, est lâcheté.

› Non, non, il ne s'agit ici ni des droits du citoyen, ni du respect pour la liberté individuelle, moins encore des égards que l'on pourrait avoir dans des temps de calme pour des individus appelés exclusivement au trône. Il s'agit de prévenir la guerre civile qui serait allumée dès l'instant que la famille royale ne serait plus dans nos murs; il s'agit d'empêcher que la France ne soit arrosée du sang de ses habitans; il s'agit d'empêcher le massacre de quinze millions de Français; il s'agit d'empêcher la chute de l'empire et la destruction de l'État; il s'agit du salut du peuple. Devant cette loi suprême toutes les autres doivent se taire, et pour sauver la patrie tous les moyens sont bons, tous les moyens sont justes, tous les moyens sont méritoires. Nous ne voulons encore que ceux prescrits par l'amour de la paix, l'horreur de répandre le sang, le soin de notre propre conservation; et nous,

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nous flattons que, dans l'affreuse situation où nos implacables ennemis nous ont réduits, ils ne nous forceront pas de les traiter en brigands, et de nous en défaire à quelque prix que ce soit : Ils nous font la guerre, nous devons les traiter en ennemis publics. Or, les moindres précautions qu'ordonne la prudence, c'est de s'assurer de tout conspirateur, de tout traître, de tout conjuré, de tout complice, et le traitement le plus doux est de les garder à vue, pour que leurs têtes nous répondent des événe

mens.

Ainsi le décret qu'exige le salut public, et que la nation attend de ses représentans, doit porter que : «Le roi, son fils, sa femme, son frère, sa sœur et le reste de sa famille, ne pourront point quitter la capitale, que la liberté ne soit solidement établie; qu'ils resteront sous la protection de la garde parisienne; que le commandant-général et l'état-major, de même que tout officier de garde, répondront sur leur tête de chaque membre de la famille royale ; que tout citoyen qui favorisera l'évasion d'un seul membre sera puni comme conspirateur.

Que les Capets, dits d'Artois, de Condé et de Bourbon, serönt sommés de rentrer dans le royaume, sous quinze jours après ce décret, sous peine d'être déclarés déchus de toute prétention au trône, de voir leurs biens saisis au profit de leurs créanciers et de leurs héritiers, d'être déclarés traîtres à la patrie, et d'avoir leurs têtes à prix.

Que tout fugitif, propriétaire foncier, qui ne rentrera pas en France dans le délai de six semaines après le décret, sera déclaré déchu de ses droits de citoyen et dépouillé de ses biens.

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› Que les tantes du roi seront sommées de rentrer dans le royaume, sous les mêmes peines. Tel est le seul décret qui peut seul prévenir la guerre civile, ramener la paix et cimenter la liberté.

› C'est aujourd'hui que l'assemblée doit rendre le sien. J'invite tous les citoyens à s'y porter en foule. Je les conjure de sou tenir par des signes non équivoques d'approbation ou d'improba

tion, la cause de la patrie, qui est celle de tous les bons citoyens. Les députés du clergé et de la noblesse réclameront peut-être à grands cris contre le public; que le public leur apprenne qu'ils n'ont pas même le droit de siéger dans le sénat. Si quelques députés du peuple osaient se joindre à eux, et prétendre qu'il doit s'en rapporter aux mandataires qu'il a jugés dignes de sa confiance, qu'il leur réponde que, quand des mandataires infidèles emploient à perdre le peuple les pouvoirs qu'il leur a confiés pour assurer sa liberté et son bonheur, c'est à lui à les reprendre, et à lui seul de veiller à ses intérêts. Je n'entends jamais les délégués infidèles du peuple réclamer les pouvoirs qu'il leur a remis, qu'il ne me semble voir un fripon d'intendant pris sur le fait, rompre en visière à son maître, et lui dire : De quoi vous mêlez-vous? Ne m'avez-vous pas donné votre confiance? J'entends que vous ne jetterez pas les yeux sur vos affaires que je ne vous aie ruiné sans ressource.-Misérable! est-il toujours en droit de lui répondre; si je t'ai donné ma confiance, c'était pour me servir et non pour me ruiner : rends-moi tes comptes, et sors de ma présence en attendant que je te fasse punir. ›

Dans son numéro du 3 mars, Marat explique ainsi l'affaire de Vincennes. Il commence par rappeler sa feuille du 28 février, et il continue en ces termes : Les pères-conscrits qui s'attendaient à cette invitation de ma part, avaient eu recours pour empêcher cette affluence, à une suite d'artifices atroces, concertés dans le comité même avec Riquetti et Mottié. Ils décidèrent de distraire le peuple par quelque événement amené avec adresse, et de l'engager, par-là, à se porter sur les lieux de la scène. Vers les dix heures du matin, plusieurs émissaires de l'état-major se répandirent dans le faubourg Saint-Antoine, et y semèrent le bruit, qu'on faisait de Vincennes une forteresse pour y enfermer le duc d'Orléans avec tous les bons patriotes, et qu'on avait déjà transporté des canons sur la terrasse.

>Bientôt l'alarme se répand, et vers midi, 150 citoyens arrivent au Château: ils y trouvent de vieux canons, environ 200 lits de

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camp, douze étaux, des platines de fusils, et tous les outils d'un atelier. Ils y voient beaucoup de petites chambres très-bien meublées; un émissaire aposté leur dit qu'elles sont destinées à renfermer la famille du duc d'Orléans. A ces mots, transportés de colère, les citoyens jettent les meubles par les croisées dans le fossé, et se mettent à démolir le donjon. Cependant, la générale que Mottié faisait battre dans tout Paris, attirait, vers le lieu de la scène, un grand concours; lui-même y arrive sur les trois heures, à la tête de la cavalerie; des chasseurs, bourgeois du faubourg Saint-Antoine, venus avant lui, se placent devant le château pour l'empêcher d'y pénétrer; mais ils étaient en trop petit nombre pour résister long-temps. Mottié, apercevant le brave Santerre, lui dit : « Comment, monsieur, vous voulez faire tirer vos soldats sur moi et ma troupe! Cela n'est pas, monsieur, mais si je le leur commandais, ils m'obéiraient. — Eh bien! retirez-vous, et si vous ne voulez pas m'obéir vous-même, je vais vous y forcer. Puis, s'adressant à sa troupe : Soldats! feu sur ce peloton! ce sont des vainqueurs de la Bastille! Comment! vous ne m'obéissez pas! Je suis votre général, vous devez m'obéir, la loi vous l'ordonne. Vous êtes un traître, se sont écriés plusieurs soldats, et il s'est entendu honnir par une multitude de citoyens, sur lesquels les alguazils à cheval ont foncé le sabre au poing, et plusieurs ont été blessés dangereusement. Cependant il faisait demander des ordres à la municipalité de Vincennes pour arrêter les citoyens qui démolissaient le donjon: elle les refuse en ce cas, je prends cela sur moi, a dit Mottié, et à l'instant illes a fait arrêter, puis conduire à la Conciergerie; en les voyant passer, les citoyens instruits s'écriaient avec indignation: Il faut tirer sur les habits bleus, il n'est que trop vrai qu'ils finiront par perdre la liberté. ».

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Clubs. Le Moniteur publie presque tous les jours, pendant le mois de février, des lettres de députés qui s'inscrivent en faux contre une participation quelconque au club monarchique. Cette société, poursuivie par le comité des recherches, n'était plus avouée que par ses fondateurs. Le club de 1789 lui-même s'as

sociant à l'indignation générale, prit, sur la proposition de Condorcet, l'arrêté suivant que répétèrent tous les journaux. On y reconnaît le principe qui dicta le tableau des progrès de l'esprit humain.

La société de 1789 ayant pour objet de développer et de perfectionner les principes d'une constitution libre, et d'accélérer les progrès de l'art social:

Doit regarder comme absolument incompatible avec ses vues, celle de toute association qui, méconnaissant les progrès possibles des lumières et de la perfectibilité humaine et sociale, et se vouant à repousser toute espèce d'opinion vraie ou fausse, qui ne serait pas exclusivement favorable à une forme particulière de constitution, annoncerait l'intention de protéger spécialement un des pouvoirs qui en font partie.

Fondée par l'amour de la vérité, qui ne peut se séparer de celui de la liberté, elle doit soigneusement rejeter toute idée de dépendance ou d'attachement exclusif, soit à un individu, soit aux prérogatives de telle place en particulier. Elle croit donc, sans nuire à l'indépendance personnelle de ses membres, indépendance qu'elle fait profession de respecter jusqu'au scrupule, pouvoir non-seulement exiger d'eux une renonciation absolue à toute association, dont ils ne pourraient adopter les principes, sans renoncer à ceux de la société; mais se réserver le droit de leur désigner ces associations, lorsqu'elle serait instruite de leur

existence.

>En conséquence elle déclare :

>1° Que ses membres renoncent à toute association dont les principes ne peuvent se concilier avec le but que la société s'est proposé;

>2° Que le club des Amis de la constitution monarchique est une de ces associations, et qu'ainsi on ne peut être à la fois membre de ce club et de la société de 1789;

>5° Qu'elle regardera en conséquence l'admission dans le c'ub de la constitution monarchique comme une renonciation à la société de 1789;

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