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acharné contre un navire anglais qu'il mit en fuite. Dans la latitude de Rio Janeiro, il s'empara, sans coup férir, d'un bâtiment richement chargé, dont la cargaison produisit 400,000 fr. Le 5 décembre 1798, il touchait notre colonie malgré les croiseurs ennemis qui la bloquaient. 11 en repartit l'année suivante pour se rendre dans les brasses du Bengale, et rencontra dans sa route, devant le port de Souson, sur la côte de Sumatra, deux vaisseaux anglais chargés de poivre. Les ayant attaqués, il s'en empara à la suite d'un combat acharné, et les ramena à l'île de France. Étant reparti aussitôt pour une nouvelle croisière, sur la Clarisse, dans le détroit de la Sonde, il descendit à terre sur une côte qu'il croyait inhabitée, entre l'île de Cantayé et Java, pour renouveler sa provision,et fut tout à coup entouré d'une troupe de naturels auxquels il n'échappa que par sa fermeté envers le chef à qui il fit accepter un foulard rouge qu'il avait à son cou. Après s'être emparé d'un navire danois portant une cargaison anglaise, puis d'un bâtiment portugais chargé d'argent pour une somme de 116,000 piastres, il fit voile pour le golfe du Bengale et s'empara d'un navire de 20 canons qui se rendait à Bombay avec une riche cargaison; mais poursuivi par une frégate anglaise, il ne dut son salut qu'à une supériorité de marche acquise par des sacrifices dé sespérés. Le 1er janv.er 1830, Surcouf fit encore la capture d'un bâtiment chargé de riz; quatre jours après, ayant accosté deux navires américains, la Louisia et le Mercury, il prit l'un à l'abordage après un terrible combat. L'autre lui échappa par la fuite. A la suite de ces exploits, il revint à l'île de France. Son bâtiment

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avait beaucoup souffert; un radoub complet lui était nécessaire. Le valeureux capitaine, ne pouvant plus se résoudre au repos que lui imposait cette longue opération, accepta le commandement du corsaire la Confiance, navire bordelais, renommé pour un des meilleurs marcheurs, qu'il arma immédiatement en guerre et avec lequel il reprit ses courses aventureuses. Il quitta l'île de France à la mi-avril 1800, et se dirigea encore vers le détroit de la Sonde. Cette campagne fut marquée, comme les précédentes, par de nombreuses actions d'éclat qui vinrent grandir encore une renommée déjà sans exemple dans les mers de l'lude. Les Anglais, qui avaient à souffrir considérablement des succès de l'intrépide corsaire, envoyèrent des frégates de guerre à sa recherche, et mirent à prix sa capture. Ces mesures, loin d'effrayer Surcouf, le firent redoubler d'audace, à ce point qu'il eut la témérité d'attaquer le Kent, vaisseau de la compagnie des Indes, de 38 canons et de plus de 400 hommes d'équipage. Après un combat corps à corps et des plus meurtriers à l'abordage, où les Anglais comptèrent 70 morts et blessés, il s'en rendit maître. Traînant cette glorieuse prise à sa suite, il revint à l'île de France, où il fut accueilli comme un véritable héros. Le 29 janvier 1801, la Confiance, armée en aventurière, et chargée d'une riche cargaison, fit voile pour la France. C'était une traversée difficile et bien périlleuse à travers les flottes anglaises auxquelles il n'échappa que par des changements de direction, des manœuvres habiles et la supériorité de sa marche. Sa destination était Bordeaux, mais il ne put y arriver, et fut obligé, après bien des efforts et une chasse péril

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leuse, d'entrer à La Rochelle, où il
Mouila le 13 avril. Il se rendit à
Saint-Malo pour revoir sa famille, et
s'y maria. Lorsque la paix d'Amiens
fut rompue, le premier consul, qui
avait entendu parler des hauts faits
de Surcouf, voulut le voir, et il lui
offrit un grade supérieur avec le com-
nandement de denx frégates desti-
nées à croiser dans les mers de l'Inde,
où son nom était devenu la terreur
du commerce britannique. Il refusa,
ne voulant pas se prêter aux exigen-
ces de la discipline militaire. Cepen-
dant il accepta la croix de la Légion-
d'Honneur, à la création de l'ordre.
Ators i arma plusieurs corsaires
pour la chasse contre le commerce
anglais auquel il continua de porter
les coups les plus désastreux. En
1807, lui-même reprit la mer sur un
navire qu'il avait fait construire, et
qu'il appela le Revenant; il portait
18 pièces de canon, 200 hommes d'é-
quipage. Le 2 mars, il quittait la rade
de Saint-Malo, se dirigeant vers les
lieux témoins de ses premiers ex-
ploits. Le 10 juin, il touchait l'ile
de France, et le 3 septembre il fai-
sait voile pour le golfe du Bengale,
où il allait entreprendre sa dernière
croisière. Dans l'espace de quelques
jours, il s'empara de cinq bâtiments
dont le chargement s'élevait à 37,000
balles de riz, qu'il envoya aux colo-
nies françaises, alors dans une gran-
de pénurie. Si ses prises furent très-
considérables pendant cette campa-
gne, les dangers qu'il courut ne le
furent pas moins, exposé qu'il fut à
une chasse des vaisseaux anglais aux-
quels ils eut encore le bonheur d'é-
chapper. Dans les premiers jours de
février 1808, il rentrait à l'île de
France où il fut reçu avec les témoi-
gnages de la plus vive reconnaissance.
Après une seconde croisière du Re-

venant, à laquelle Surcouf, fatigué, ne prit point de part, il résolut de l'armer en aventurier pour retourner en France; mais le gouverneur Decaen s'en empara d'autorité pour les besoins de la colonie. Surcouf eut avec lui, à ce sujet, une altercation très-vive. Contraint de céder, il fallut qu'il se résignât à prendre le commandement du navire le Charles, destiné pour la France, chargé d'une cargaison évaluée cinq millions. Le 21 novembre 1808 il quitta l'île de France, et dans les premiers jours de fevrier 1809 il entrait à Saint-Malo, après avoir traversé, au milieu des dangers de toute espèce, les croiseurs ennemis. Le général Decaen, après le départ de Surcouf, avait mis ses biens sous le séquestre pour n'avoir pas pris à son bord l'état-major d'un vaisseau portugais, l'ordre. ainsi qu'il en avait reçu Surcouf se présenta au ministre de la marine Decrès, lui expliqua son affaire, dont il rendit compte à l'empereur, qui, par un décret spécial, ordonna qu'il fût remis en possession de ce qui lui appartenait aux îles de France et de Bourbon. Malgré la saisie de l'autorité locale, Surcouf s'adonna alors exclusivement aux armements contre les Anglais, auxquels il avait voué une haine invétérée. L'Auguste, la Dorade, la Biscayenne, l'Edouard, l'Espadon, la Ville-de-Caen, l'Adolphe et le Renard sillonnèrent la mer, et leurs courses hardies lui rapportèrent beaucoup. Il était colonel de la cohorte urbaine de Saint-Malo lorsque les événements de 1814 survinrent. A partir de cette époque, se livra au commerce, et devint an des plus riches armateurs. Dans les Cent-Jours de 1815, il fut nommé chef de légion des gardes nationales

il

de l'arrondissement de Saint-Malo, dont il donna sa démission à la fin de septembre. En 1817, il déclara au bureau des classes renoncer à la navigation et ne s'occupa plus que de ses nombreux armements. On comptait dix-neuf navires lui appartenant. En 1827, il fut saisi d'une indisposition subite, et expira le 8 juillet suivant, après avoir reçu les secours de la religion. Sa perte fut vivement sentie à Saint-Malo, où il était très aimé, et on peut voir son tombeau dans le cimetière de cette ville. Surcouf était d'un caractère

brusque, un peu bourru, emporté, mais excellent, généreux et humain, ce que les Anglais eux-mêmes se sont plu à reconnaître. On a publié : Histoire de Robert Surcouf, capitaine de corsaire, par Ch. Cunat, ancien officier de la marine royale, Paris, 1847, in-8°.

C-H-N.

SURDO (JEAN-PIERRE), fils de Guillaume, seigneur du village de Concilo près de Casal, dans le Montferrat, fut un des plus célèbres jurisconsultes de son temps. Nommé sénateur, puis envoyé de Ferrare auprès du pape Clément VIII en 1598, pour y traiter des affaires d'une haute importance, il fut, à son retour de cette mission, nommé président du sénat au parlement de Casal, mais, dans la même année, il mourut ayant laissé les ouvrages suivants: I. Consiliorum sive neparcorum, 3 vol. in fol., Taurini, 1589, et Venetiis, 1596. II. De alimentis distinct. Francofurti, 1595, et Lugduni, 1603, apud Comnetum. III Decisiones sani Mantuani senatus, 1 vol., Venetiis, 1597; Francofurti, 1598, et Lugduni, 1607. A ce même ouvrage, l'avocat Odierna, napolitain, a fait des notes dans l'édition de Venise de 1643, IV, Consilium

LXVI in collectione illustrium ac celebriorum J. CC. ac celeberrimarum per Germaniam, Italiam, Grætiam, Hispaniam, academiarum clarissimorum, Francofurti, 1618.De quelle prudence et de quelle sagesse a été ce célèbre magistrat, nous l'apprenons par la préface à l'ouvrage de ses conseils: Ibi accepit vivendi institutum quod mihi ab ineunte religione..... Le célèbre poète Apostolo de Montemagno a fait ainsi l'éloge de son ami et contemporain :

Et tu non audit quæ fuit præconia famæ

Surdæ tua? et Surdus nomina regna nimis.
Dans son histoire de Verceil, l'au-
teur de cet article a fait mention de
plusieurs autres littérateurs de la
même famille également célèbres.
G-G-Y.

SUREMAIN (FRANÇOIS-ALEXANDRE DE), l'une des victimes de notre première révolution, né à Auxonne d'une noble famille de l'ancienne Bourgogne, vers 1760, reçut une éducation très - distinguée, mais quelques écarts de jeunesse le firent renfermer, en 1775, à la prison de Saint-Lazare de Paris. Rendu à la liberté, il fut successivement officier au corps du génie, subdélégué à Auxonne, maire de cette ville en 1790, et président de l'administration du district de Saint-Jean-deLosne, place dont il fut bientôt exclu comme noble et parent d'émigré. Devenu suspect par cette raison, on l'arrêta, en 1793, à Luxenil où il était à prendre les eaux. Un manuscrit trouvé dans son portefeuille et intitulé: Réflexions sur la nouvelle Constitution donnée à la France, dans lequel il établissait la nécessité de fonder le gouvernement républicain sur d'autres bases que celles qu'on avait adoptées, le fit

conduire à Paris devant le tribunal révolutionnaire qui l'envoya à l'échafaud, en mai 1794. Il paraît que c'est pendant sa captivité à SaintLazare, et pour en charmer les ennuis, qu'il composa une pièce de théâtre qui n'a pas été représentée, mais qui a été imprimée sous ce titre: La mère de famille, drame en cinq actes (en prose), Paris, Cailleau, 1799, in-8°. La jeunesse de l'auteur, son inexpérience de la scène, et le genre assez faux qu'il avait choisi, sans doute parce que Diderot l'avait mis à la mode, ne pouvaient faire espérer un chef-d'œuvre. Aussi sa pièce a-t-elle été jugée peut-être un peu sévèrement, dans les termes suivants, par Sautreau de Marsy, rédacteur de l'Almanach des Muses: «Intrigue usée; mariage fait contre le vœu des parents; une bru qui, pour fléchir sa belle-mère, s'introduit chez elle en qualité de servante. De la prose commune et beaucoup de points pour attendrir le lecteur.» Rivarol, en introduisant Suremain dans le Petit Almanach de nos grands hommes (1" édit., 1788), a estropié son nom, et l'a accompagné de cette unique phrase: «Un drame sert de passeport à M. de Suemain et à nous de prétexte.. B-L-U.

SUREMAIN DE MISSERY (ANTOINE), ancien officier d'artillerie, de la Société des sciences de Paris et de celle de Dijon, était né dans cette dernière ville le 25 janvier 1767 et y mourut vers 1840. On a de lui: I. Théorie acoustico-musicale, ou De la doctrine des sons, rapportée aux principes de leur combinaison, ouvrage analytique et philosophique qui a obtenu les suffrages de l'Académie des sciences, 1793, in-8°. II. Théorie purement algébrique des quan

tités imaginaires et des fonctions qui en résultent, où l'on traite de nouveau la question des logarithmes, des quantités négatives, 1801, in-8°. III. Essai analytique sur le langage de l'entendement, l'écriture et la lecture, considérés dans leurs rapports mutuels, 1801, in-8°. IV. Géométrie des sons, ou Principes d'acoustique pure et de musique scientifique, 1816. V. Mėprises d'un géomètre de l'Institut, manifestées par un provincial, ou Observations critiques sur le Traité de physique expérimentale et mathématique de M. Biot, en ce qui concerne certains points d'acoustique et de musique, 1816, in -8°. Suremain déclare, dans la préface de ce dernier ouvrage, qu'il n'a pris la plume que pour se venger de M. Biot, qui avait refusé de faire un rapport sur sa Géométrie des sons, parce qu'il la trouvait assise sur des bases fausses. VI. Examen de l'ou vrage qui a pour titre: le Mystère des magnétiseurs et des somnambules dévoilé aux âmes droites et vertueuses, par un homme du monde, 1817, in-8°. VII. Refutation de la défense de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, de M. l'abbé de Lamenuais, Dijon et Paris, 1822, in-8°. VIII. Réponse au rapport de M. Foisset sur une réfutation de la défense de M. de Lamennais, Dijon,

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SURLET DE CHOCKOER (Erasme Louis, baron), régent de Belgique en 1831, était né à Liége le 27. novembre 1769, d'un famille de magistrats. Maire de Gingelom, près de Saint-Tron, lors de la domination française, il fit de fréquents voyages à Paris, où il se lia avec des Hollandais de distinction. Zélé par tisan du régime qui avait succédé au stathouder, dont plus tard il devait être un des adversaires les plus ardents, il se montra, comme Schimmel Penninck (voir ce nom, t. LXXXI), entièrement dévoué au premier consul, puis à l'empereur. Le but de ses voyages en France fut tout politique, et il seconda de tout son pouvoir les projets de Bonaparte, ce qui le fit nommer membre du grand conseil, où il ne cessa de soutenir le système du protectorat français. Après la réunion de la Belgique à la France, il entra au corps législatif, cette assemblée muette et approbatrice de toutes les volontés impériales. A la création du royaume des Pays-Bas, en 1814, il fut appelé par le roi Guillaume à la 2o chambre, où il siégea jusqu'en 1818. Il devint ensuite membre des états provinciaux du Limbourg. A l'exemple de ces hommes qui avaient subi le despotisme sans oser élever la voix, qui avaient applaudi à la destruction de toutes les libertés, Surlet se fit le promoteur de toutes ces idées libé rales qui devaient être si funestes à la monarchie hollando-belge et à celle des Bourbons. Il soutint vivement la liberté de la presse pour laquelle il n'avait pas trouvé jadis une parole de défense, lorsque l'absolulisme de l'empereur vint la bâillonner. L'un des ennemis les plus actifs du gouvernement royal, il dut né cessairement en cette qualité favo

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riser le système d'opposition dirigée contre ses actes. Il s'en fit à la tribune le défenseur infatigable, et ses discours, il faut le reconnaître, sont empreints de beaucoup d'esprit et de causticité. Orateur froid, mais de beaucoup de talent, il acquit une grande renommée dans le parti de l'opposition. Aussi, après l'insurrection de Bruxelles, il fit partie de la députation qui fut envoyée à La Haye pour demander la séparation administrative de la Hollande et de la Belgique. On sait que cette négociation échoua auprès du vieux roi, qui ne voulut rien accepter des députés de la révolte. A son retour, Surlet fut élu membre du congrès national, puis président de l'assemblée. Il occupait encore le fauteuil lorsqu'il fut question de choisir un souverain. On remarqua que, parmi les candidats, Surlet de Chockor obtint une voix. Lui-même donna la sienne au duc de Nemours et vint à Paris à la tête de la députation qui fut chargée d'offrir à ce prince le trône de Belgique. On connaît les motifs qui forcèrent LouisPhilippe à ne pas l'accepter. L'An gleterre avait déclaré que jamais elle ne reconnaîtrait un prince de la famille d'Orléans comme roi des Belges. Pour se donner le temps d'un nouveau choix et faire cesser les agitations, le congrès résolut d'élire un régent à la place du gouvernement provisoire. Surlet de Chocker fut élevé à cette dignité concurremment avec le comte Félix de Mérode, chef du parti catholique. Solennellement reconnu le 26 février 1831. il jura d'observer fidèlement la constitution et de maintenir l'exclusion de la maison d'Orange. On doit dire à sa louange que, tant que dura son pouvoir, il fut dirigé par les meil

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