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Je pourrois encore aller plus loin, et rapporter à la même cause les guerres étrangères de quelque nature qu'elles soient. C'est l'addition des fléaux de l'hérédité à celui de la monarchie, qui enfante des intérêts de famille, toujours subsistans, ayant toujours en vue la domination et les impôts. La Pologne, quoique le trône y soit électif, a eu moins de guerres que les états où le trône est héréditaire; et ; et son gouvernement est le seul, qui ait essayé de lui-même, quoique d'une manière imparfaite, de réformer la constitution du pays.

Après avoir jetté un coup d'œil rapide sur les vices des anciens systêmes de gouvernement, ou systême d'hérédité, comparons - les avec le nouveau systême ou le mode représentatif.

Le systême représentatif choisit pour bases la société et la civilisation; la nature, la raison et l'expérience lui servent de guides.

L'expérience de tous les tems et de tous les âges, a démontré qu'il est impossible de contredire la nature dans la distribution des facultés intellectuelles. Elle les dispense à sa volonté. Quelque règle qu'elle paroisse suivre pour les disséminer parmi les hommes, cette

règle

règle demeure un secret pour nous: il seroit aussi ridicule de prétendre fixer l'hérédité de la beauté, que celle de la sagesse. On aura beau définir la sagesse; elle n'en sera pas moins comme une de ces plantes qui naissent sans être semées. On peut les cultiver lorsquelles germent; mais on ne peut les faire naître à volonté. La masse générale de la société possède toujours une quantité suffisante de sagesse pour subvenir à ses besoins; mais elle n'est pas constamment le partage des mêmes parties du corps social, tantôt elle se montre dans un lieu, tantôt dans un autre, sans doute elle a circulé dans toutes les familles de la terre, sans se fixer dans

aucune.

Puisque tel est l'ordre de la nature, celui du gouvernement doit nécessairement le suivre ou bien le gouvernement, comme nous le voyons, dégénère en ignorance. Le systême héréditaire ne repugne donc pas moins à la sagesse humaine, qu'aux droits de l'humanité ; il n'est pas moins absurde qu'injuste.

De même que la république des lettres donne. naissance aux meilleures productions littéraires, en ouvrant au génie une carrière brillante et universelle, ainsi le systême d'un gouvernement

G

représentatif est combiné de manière à produire les loix les plus sages, puisqu'elle va chercher la sagesse par-tout où elle se trouve. Je souris en moi-même, lorsque je songe à la ridicule nullité dans laquelle tomberoient la littérature et toutes les sciences, si l'on en faisoit des professions héréditaires; et j'applique la même idée aux gouvernemens. Un administrateur héréditaire est autant absurde, qu'un auteur par droit de succession. Je ne sais pas si Homère ou Euclide ont eu des fils; mais je ne crains pas d'avancer que, s'ils eussent laissé leurs ouvrages imparfaits, leurs fils ne les auroient pas achevés.

Nous ne pouvons donner d'évidence plus forte à l'absurdité d'un gouvernement héréditaire, qu'en jettant les yeux sur les descendans des hommes qui se sont rendus fameux ? A peine peut-on citer un seul exemple où la postérité d'un grand homme n'ait pas offert un caractère précisément opposé. On diroit que les facultés intellectuelles sont un fleuve qui, après avoir coulé dans certains canaux, suspend sa course pour en former une nouvelle. Rien n'est donc plus déraisonnable que le systême de l'hérédité, puisqu'il établit deux

canaux de puissance, où la sagesse refuse de couler. En propageant cette absurdité l'homme est toujours en contradiction avec lui-même. Il accepte pour roi, pour principal magistrat, pour législateur, un individu qu'il ne choisiroit pas pour commissaire de police.

et

Des esprits superficiels croient que les révolutions enfantent le génie et les talens ; mais non. Ces sortes d'événemens ne font que les développer. It existe dans l'homme une masse de sens dans un état d'inertie qu'il emporte avec soi dans le tombeau, sans en avoir fait usage, à moins que les circonstances ne la mettent en action. Or, comme il est de l'avantage de la société que toutes les facultés qui sont en elle soient employées, le gouvernement doit être organisé de manière à développer au moyen d'une opération régulière et tranquille, toutes les ressources intellectuelles qui ne manquent jamais de se montrer dans les révolutions.

Ce développement ne sauroit avoir lieu dans l'insipide état du gouvernement héréditaire, non-seulement parce qu'il empêche ce qui par essence nuit à sa formation, et fait

naître l'abâtardissement des esprits. Quand le génie d'un peuple est affaissé par une superstition politique, telle que l'hérédité de la couronne, il perd une portion considérable de son aptitude pour tout le reste. La succession héréditaire exige la même soumission qu'à l'ignorance, la sagesse, et quand une fois l'ame s'est pliée à ce respect commandé, elle ne peut plus atteindre la maturité intellectuelle de son être. Elle ne peut plus être grande que dans les petites choses. Elle se trahit elle-même, et repousse ce sentiment intime qui le presse de s'avouer coupable.

Quoique les anciens gouvernemens ne nous offrent qu'une peinture affligeante de la condition de l'homme; il en est un cependant qui mérite plus qu'aucun autre d'être séparé de cette loi commune. C'est la démocratie des Athéniens. Ce peuple vraiment grand, ce peuple extraordinaire, mérite plus d'admiration, et moins de censure qu'aucun de ceux dont parle l'histoire.

M. Burke est si peu instruit des principes constitutifs des gouvernemens, qu'il confond la démocratie avec la représentation. La représentation étoit une chose ignorée dans les

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