Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

posée. Mais dès long-tems la pratique avait devancé le précepte, et le sentiment interne avait précédé la raison exprimée : empressons-nous donc de confesser cette vérité à la gloire de l'auteur des êtres; la conscience vient de lui; tous les principes généreux et conservateurs remontent à cette source sacrée ; la puissance de l'entendement humain ne saurait en créer un seul, et les plus hautes conceptions des législateurs religieux, comme des législateurs politiques, ne sont que l'observation approfondie d'inclinations naturelles et de penchans innés au cœur de l'homme.

La conscience est dans l'homme l'instinct moral de sa conservation: il faut donc l'avouer, c'est sur l'amour de soi, sur ce moi qui déplaisait tant à Pascal, que toute morale est fondée. Est-il besoin de dire que cet amour de soi, auquel je donne une origine céleste, et d'où je fais découler les plus beaux sentimens de l'humanité, n'a rien de commun avec cet odieux égoïsme contre lequel s'élève, avec tant de raison, l'auteur des Pensées, et qu'il ne saurait être confondu avec cet amour-propre que l'auteur des Maximes s'est amusé à reproduire sous les for

mes élégantes, mais stériles, des hommes de cour pour lesquels il écrivait? La Rochefoucault juge le cœur humain d'après celui des courtisans; il prend l'ouvrage des passions, combinées dans une société corrompue, pour l'ouvrage de la nature. On le croirait convaincu que c'est après avoir créé les grands seigneurs que Dieu se reposą.

[ocr errors]

L'amour de soi, principe de la morale uni→ verselle, est ce sentiment qui ramène sans cesse l'homme sur lui-même, qui le fait rentrer dans son propre cœur lorsqu'il interroge la douleur d'autrui, qui le porte à compatir aux maux qu'il a soufferts ou qu'il peut éprouver un jour : c'est cette bienfaisance intéressée qui lui prescrit enfin de faire pour autrui ce qu'il voudrait que l'on fit pour lui-même. La perfection de l'amour de soi est donc aussi celle de la morale: Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fût fait, voilà LA JUSTICE; fais pour autrui ce que voudrais qu'on fit pour toi-même, voilà LA VERTU.

tu

CHAPITRE II.

La Morale est une science positive.

« IL est vraisemblable, a dit un philosophe du dix-huitième siècle, que si les hommes voulaient s'appliquer à la recherche des vérités morales, selon les mêmes méthodes et avec la même application qu'ils cherchent les vérités mathématiques, ils les trouveraient avec la même facilité. >>

En effet, la morale est une science positive; elle a ses axiomes, ses aphorismes, ses définitions, ses expériences; et ses problèmes sont susceptibles de démonstrations aussi rigoureuses que ceux des sciences exactes.

Les axiomes sont des vérités démontrées par le seul fait de leur énonciation. Quelle autre science en fournit un plus grand nombre que la morale? Je citerai ceux dont l'évidence est à la portée de tous les esprits et sert de fondement

à la morale universelle ; je les emprunte aux législateurs des différens peuples de la terre.

Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fût fait.

Fais pour autrui ce que tu voudrais que l'on fit pour toi.

Connais- toi toi-même.

Veux-tu savoir si une action est bonne ou mauvaise? demande-toi ce qu'il arriverait si chacun en faisait autant.

Il n'y a d'honnête que ce qui est utile ; il n'y a d'utile que ce qui est juste.

Ce ne sont point les choses qui troublent les hommes, ce sont les opinions qu'ils s'en forment et les préjugés qu'ils y attachent.

On est toujours le maître de ce que l'on veut, lorsqu'on ne veut que ce qui est juste.

Celui qui le matin a écouté la voix de la vertu peut mourir le soir; il ne se repentira pas d'avoir vécu.

Celui qui persécute un homme de bien fait la guerre au ciel.

Il est facile d'obéir à la sagesse, elle ne commande rien d'impossible.

Il y a trois choses que le sage doit révérer

avant tout les lois, les grands hommes, et les paroles des gens de bien.

Lorsqu'il s'agit du salut de ta patrie, ne consulte pas, expose ta vie.

La chose la plus nécessaire à apprendre, c'est d'oublier le mal.

Le juste seul entre tous les hommes vit sans trouble et sans remords.

Il faut avoir un principe d'évidence auquel se rapportent nos jugemens; ce principe est dans la conscience.

Si vous ne rapportez tout à ce tribunal, vos actions contrarieront vos raisonnemens.

Le droit n'est autre chose que

nue de la justice.

l'utilité recon

Le but de la société est le bonheur commun.

CHAPITRE III.

Universalité de la Morale.

TOUTES les sectes sont différentes, a dit Voltaire, parce qu'elles viennent des hommes; la

« ZurückWeiter »