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géométrie sont vraies : il n'y a pas non plus de sectes en morale, parce que toutes les propositions de la morale sont également vraies, également évidentes par toute la terre. La vérité se reconnaît à ce caractère, qu'elle est accessible à tous les esprits et utile à tous les hommes. L'imposture a ensanglanté la terre, elle l'a couverte d'ossemens et de ruines; la vérité, c'est la lu— mière, elle féconde, elle vivifie. A quel peuple a-t-elle jamais été funeste? Sans elle il n'y a ni justice ni morale.

CHAPITRE IX.

La Religion considérée comme moyen politique.

SELON M. Pastoret, la religion ne fut pour Sémiramis, comme pour tant d'autres rois, qu'un moyen politique d'affermir sa puissance. « Les prêtres syriens, dit le même auteur, rendaient quelquefois au despotisme crainte pour crainte, et balançaient la menace du pouvoir royal par

la menace des dieux. Les augures, la magie, les oracles, servirent tour à tour leur intérêt ou leur puissance. Trompant la crédulité par l'espérance ou la terreur, ils asservissaient toutes les pensées, tous les sentimens, en laissant croire qu'au nom de la divinité ils pouvaient éloigner ou suspendre l'infortune, donner ou ravir le bonheur. Tout ce qui tendait à favoriser un préjugé utile en inspirant le respect, ils en jouissaient : l'éloignement des travaux mécaniques ou serviles; la possession des biens et des honneurs, l'exemption des charges publiques, des fatigues et des périls de la guerre. »

Chez presque toutes les autres nations, les prêtres ont ajouté à ces priviléges l'exemption des devoirs de la paternité et des soins de la famille. Ils ont érigé en vertu la transgression des lois naturelles, et l'ont appelée chasteté, « Le sacerdoce tenait de trop près au ciel, dit encore M. Pastoret (que je me plais à citer dans une question sur laquelle il a jeté tant de lumière), le sacerdoce tenait de trop de près au ciel pour remplir les devoirs et payer les tributs de la

terre. »

Au lieu de ne considérer la terre

que

dans ses

rapports avec le ciel, Dieu n'a été considéré que dans ses rapports avec les intérêts terrestres. Le divin législateur a dit en vain que son royaume n'était pas de ce monde; la religion entre les mains des prêtres est devenue un moyen de gouvernement, un instrument qu'ils ont daigné confier aux puissances de la terre après l'avoir employé contre elles, et leur avoir appris à en faire un sanglant usage.

Un cardinal, Bellarmin, dans son Traité du Pouvoir pontifical, soutient que le pape est non seulement le monarque absolu de l'Eglise universelle, le juge infaillible de la foi, mais encore le maître des couronnes et de la vie des rois. Les monarques sont détrônés, leurs sujets affranchis de toute obéissance, non pour des motifs de religion, mais pour des intérêts purement mondains. Tout prince qui exige des ecclésiastiques quelque contribution, doit être excommunié. Le royaume de France est mis en interdit; les Français sont déliés du serment de fidélité; les foudres du Vatican sont lancées, contre qui? contre Louis XII, contre le Père du peuple. Quel est son crime? Il a refusé de céder au pape Jules II des villes sur lesquelles le

saint-siége élevait d'injustes prétentions. Toutes les choses sacrées reçoivent un emploi profane ; les indulgences deviennent un objet de commerce, et les absolutions ne sont plus qu'un impôt levé sur les passions et les vices.

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Du fond du Vatican, le serviteur des serviteurs de Dieu, le front ceint d'une triple couronne s'est déclaré le monarque universel. La politique turbulente des vicaires d'un dieu de paix et de concórde divisait l'Italie pour la dominer; donnait libéralement à Charlemagne un sceptre brisé depuis deux siècles; à d'autres souverains de grands continens situés aux antipodes; établissait dans tous les royaumes des garnisons spirituelles sous le nom d'ordres religieux; s'érigait un pouvoir temporel au dessus de tous les trônes, au moyen d'actes faux, consacrés par la diplomatie même sous le nom de fausses décrétales; armait d'un bout de l'Europe à l'autre les nobles contre les rois, le clergé contre les laïques; attirait en Allemagne, en Italie, des hordes d'étrangers; prêchait les croisades, faisait exécuter les massacres de Sicile, dépeuplait le midi de la France, lançait des anathèmes, conseillait la Saint-Barthélemy; et,

tranquilles au milieu des jouissances de Rome, les papes regardaient au loin les orages que leurs légats, leurs nonces, leurs évêques, leurs résidens, ont, pendant douze siècles, rassemblés sur l'Europe de tous les points de l'horizon.

CHAPITRE X.

Des Priviléges introduits dans la Religion.

L'HUMBLE fils de Marie n'éleva dans ses temples purifiés que des autels à l'égalité; sa main plaça sur les têtes le niveau de sa loi divine; il répondait aux riches qui venaient vers lui, et demandaient: Maître que faut-il faire? « Si vous voulez me suivre, vendez vos biens » distribuez-les aux pauvres; pour être admis >> en leur compagnie, faites-vous leurs égaux.

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Dieu aurait-il changé ses lois? Je vois le plus obscur des ministres des autels accompagner, d'un pied tardif, un cercueil mal recouvert d'un drap noir dont le tems a effacé la

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