Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

lui a fait braver les murmures, les menaces, pour contenir un peuple nombreux dans les bornes du devoir, et diriger avec sagesse un torrent impétueux qui ne connaissait plus de digue. M. de Lafayette étant arrivé près de Montreuil, a fait prêter serment aux troupes, de respecter la demeure de sa majesté. A la première grille du château, vers les 11 heures et demie du soir, M. le commandant - général a sommé les officiers qui commandaient la maison du roi, de lui donner l'entrée pour aller parler au roi, avec deux députés de la commune; au premier poste, la grille, qui était cadenassée et fermée à clef, a été ouverte; toute la garde du roi était sur pied, gardes-suisses, gardes-du-corps, centsuisses de la garde; la deuxième grille a été pareillement ouverte, et M. de Lafayette et nous deux avons été introduits dans le cabinet du roi, où étaient Monsieur, frère du roi, le comte d'Estaing, le maréchal de Beauveau, M. Necker, les principaux officiers de la garde, M. le garde-des-sceaux, quelques autres seigneurs.

M. le marquis de Lafayette s'adressant au roi, lui a dit qu'il venait devers lui avec deux députés de la commune de Paris, pour lui témoigner leur amour pour sa personne sacrée, et pour l'assurer qu'il verserait tout leur sang pour sa sureté; que 20 mille hommes armés étaient dans l'avenue de Versailles ; que la volonté d'un peuple immense avait commandé aux forces, et qu'il n'y avait aucun moyen de les empêcher de se porter à Versailles; mais qu'il leur avait fait prêter serment de se maintenir dans la discipline la plus exacte et la plus sévère; ce qu'ils avaient promis.

Les deux députés de la commune ont été interrogés par le roi, et par Monsieur, frère du roi. Ils leur ont demandé ce que souhaitait la commune de Paris; sur

quoi l'un et l'autre députés portant la parole, il a été répondu de leur part, avec le respect le plus profond à sa majesté, que quatre objets formaient la demande d'un peuple immense.

[ocr errors]

« 1.° Qu'on la suppliait, avec les plus vives instances de ne confier la garde de sa personne sacrée, qu'aux gardes nationales de Paris et de Versailles, parce que personne n'avait plus d'amour pour son roi, et ne pouvait manquer, à ce titre, de mériter cette honorable

préférence.

2.° Que la commune de Paris suppliait le roi de faire communiquer, par ses ministres, les états et les moyens de subsistances pour une ville telle que Paris, afin de rassurer la multitude sur les craintes qui redoublent aux approches de l'hiver.

· 3.o Que le peuple demandait à grands cris une constitution et des juges pour vider les prisons, et que le roi daignât enfin hâter les travaux des représentants de la nation, et les sanctionner.

[ocr errors]

· 4.° Qu'enfin le roi donnerait une grande preuve de son amour à la nation française, s'il voulait venir habiter le plus beau palais de l'Europe, au milieu de la plus grande ville de son empire, et parmi la plus nombreuse partie de ses sujets.

[ocr errors]

Sur quoi le roi a répondu, sur le premier article que MM. de Lafayette et d'Estaing pouvaient en conférer ensemble, et qu'il y consentirait volontiers.

Sur le deuxième article, il a dit que le ministre alors présent avait reçu des ordres à cet égard.

Sur le troisième article, le roi a répondu qu'il l'avait signé le jour même.

Sur le quatrième article, il n'y a point eu de réponse précise; les demandes et les réponses s'étant succédées d'une manière plus générale entre le roi, Mon

sieur, les ministres, quelques seigneurs présents et les deux députés de la commune. Après quoi, MM. de la Grey et le Fèvre, qui accompagnaient, en cette qualité, M. le commandant - général, se sont retirés avec l'espérance la mieux fondée que leur mission aurait une heureuse issue; que le calme renaîtrait, et que la condescendance de sa majesté envers la bonne ville de Paris, serait pour la France entière le présage des plus beaux jours.

Signé, Lefèvre, DE LA GREY, représentants du district des Carmes.

"

TROISIÈME EPOQUE.

N. I. (Page 164.)

Adresse de la garnison de Strasbourg.

NOSSEIGNEURS,

[ocr errors]

Nous avons lu dans le n.° 43, folio 193 de la chronique de Paris, du dimanche 11 octobre 1789. Le 8 de ce mois, onze heures.... Et les mécontents as"surent pouvoir lever une armée de 150,000 hommes "commandés par le maréchal de Broglio qui était as"suré des garnisons de Metz et de Strasbourg.

Le soupçon seul est injurieux pour nous, et nous nous empressons de le détruire.

Etre soumis aux décrets de l'assemblée nationale, obéir au roi pour faire exécuter les lois et déployer nos forces contre les ennemis de la nation, voilà nos devoirs, nous n'en connaissons point d'autres.

Le serment que vous nous avez dicté, et que nous avons prononcé librement, est toujours présent à notre pensée comme il est profondément gravé dans nos cœurs. Nous regarderions comme traîtres à la patrie, ceux qui seraient assez lâches pour l'enfreindre, et jamais aucune force ne pourra nous y faire manquer.

Nous sommes, etc.

Signé, les membres élus par les différents corps composant la garnison de Strasbourg, réunis en comité.

Strasbourg, 16 octobre 1782.

Toutes les adresses des communes et des corps constitués en trèsgrand nombre, offrent les mêmes expressions de félicitation er d'adhésion à tous les décrets; ce qui était assez marquer leur vœu dans la circonstance, et par une réserve mesurée et délicate dont nous avons déja eu souvent l'occasion de faire la remarque, aucune ne parle nominativement des journées des 5 et 6 octobre.

No. II. (Page 169. )

Fragment du mandement de l'évêque de Tréguier.

Hélas! N. T. C. F. qu'elle est différente d'elle-même cette monarchie française, le plus beau domaine de l'église catholique, le berceau des héros, l'asile des rois, la patrie des sciences et des arts!

Les princes du sang royal fugitifs chez les nations étrangères, la discipline militaire énervée, le citoyen armé contre le citoyen; un système d'indépendance et d'insurrection présenté avec art, reçu avec enthousiasme, soutenu par la violence; toutes les sources du crédit național, ou interceptées ou taries; le commerce languissant; les lois sans force et sans vigueur; leurs dépositaires, ou dispersés ou réduits au silence; le nerf de l'autorité entre les mains de la multitude; toutes les classes des citoyens confondues; la vengeance avide de sang, aiguisant ses poignards, désignant ses victimes, exerçant ses fureurs homicides.... Oui le sang de nos concitoyens, de nos frères a coulé, il fume et dans un siécle qui ose s'arroger le titre fastueux de siécle de lumières, la capitale d'une nation polie, sensible, d'une nation renommée par la douceur

encore,

« ZurückWeiter »