Images de page
PDF
ePub

ici le souvenir de sa première profession de Publicain, et se met après St. Thomas. Les autres Evangélistes placent St. Thomas après lui. Celui-ci, après s'être distingué par son opiniâtre incrédulité, se signala ensuite par la vivacité de sa foi.

3. Des trois Apôtres qui ne furent pas de cette nomination. St. Mathias étoit sans doute un de ces Disciples témoins du choix que J. C. fit de ses Apôtres, etil ne pensoit pas alors devoir être élevé un jour à ce haut rang. C'est lui à qui on donna la place du traître Judas, et qui compléta le nombre des douze. A ces douze premiers Apôtres qui reçurent, le jour de la Pentecôte, la plénitude du Saint-Esprit, Notre Seigneur en ajouta dans la suite deux autres, St. Paul que l'église nomme toujours avec Pierre, à cause de la singularité de sa vocation et de la grandeur de ses travaux, et St. Barnabé, qui fut long-temps le compagnon des voyages de St. Paul.

Honorons ces Saints Apôtres, par qui l'évangile est parvenu jusqu'à nous, et qui à la fin des siècles doivent avec J. C. juger le monde. Célébrons leurs fêtes avec ferveur, recommandons-nous à leurs saintes intercessions, afin qu'à notre mort J. C. nous reçoive avec eux dans son Royaume éternel.

TROISIÈME POINT.

Du traître Judas.

Judas, surnommé Iscariote, parce qu'il étoit de Cariot, petite ville de Judée, et depuis, à trop juste titre, surnommé le traître, parce qu'il trahit Jesus et le livra aux Juifs, Judas nous fournit ici trois sujets de l'étonnement le plus frappant.

1.° N'est-il pas bien surprenant que dans un choix de douze homines, et fait par J. C., il s'en soit trouvé un qui ait trahi son ministère et son maître ; que, dans un état si auguste, et dans une compagnie si sainte, il se soit trouvé une ame si noire, et un cœur si perfide? Ce n'est donc pas toujours une marque que le choix ait été mal fait, parce que celui qui a été choisi vient à trahir ses devoirs. Quelque saint que soit un état, il a ses tentations et ses dangers; quelque divine et inspirée que soit une vocation, tremblons toujours, et ne nous croyons jamais en sûreté. La sainteté de l'état et de la vocation peut bien nous faire honneur devant les hommes, et être pour nous un heureux préjugé; mais elle ne nous sanctifiera devant Dieu, qu'autant que nous prierons et que nous veillerons sur nous-mêmes pour remplir nos devoirs. La faute d'un particulier ne doit pas retomber sur le corps dont il est membre; le corps ne doit pas mettre sa

gloire à soutenir et à défendre la faute d'un de ses membres, il doit au con1raire être le premier à la condamner, et le plus zélé à la punir.

[ocr errors]

2.° N'est-il pas étonnant qu'un homme qui avoit si bien commencé, dont la vocation venoit si évidemment du ciel, qui y avoit répondu avec tant de zèle, fait tant de conversions et de miracles ait fini par le plus grand de tous les crimes, et soit mort en réprouvé ? Ce n'est donc pas assez d'avoir bien commencé, il faut persévérer et bien finir. L'indignité du ministre ne retombe point sur le ministère. La vertu de J. C., de sa parole et de ses Sacremens, est la même dans le ministre le plus indigne, et on seroit également coupable de n'en pas profiter.

3. Enfin, peut-on entendre sans frayeur, que celui qui avoit pratiqué si long-temps toutes les vertus, vaincu tous les Démons, et tous les vices, se soit laissé vaincre par celui de tous qui paroît le moins à craindre, l'avarice; monstre redoutable, qui se déguise sous les noms d'économie et de prudence pour les besoins à venir, mais qui se rend entièrement maître d'un coeur, et lui fait compter pour rien la cruauté, l'inhumanité, les injustices les plus criantes, et les perfidies les plus noires!

Hélas! ne suis-je point dans mon état un autre Judas? Toute la haine et la

honte dont est chargé ce traître, ne devroient-elles pas tomber sur moi, qui suis un parjure, un traître, infidelle à mon Baptême, à mes devoirs, à mes engagemens, à mes promesses? Combien de fois, ô divin Jesus! vous ai-je trahi? Je reviens à vous, Seigneur, j'implore votre miséricorde; ne permettez pas qu'un funeste désespoir mette le comble à mes trahisons: ah! plutôt, faites que participant aux vertus et à l'intercession de vos Apôtres, je rentre dans les devoirs de mon état, je m'acquitte des obligations de mon Baptême, je professe avec fidélité le Christianisme, qui, ainsi que l'Apostolat le fut pour les Apôtres, doit être pour moi la carrière des travaux, la profession de la pauvreté, et l'apprentissage du martyre. Ainsi soit-il.

[graphic]

LXXX. MÉDITATION.

Sermon de la plaine.

Observons ici quatre bienfaits accordés aux hommes par Jesus-Christ; quatre béatitudes annoncées aux hommes par Jesus-Christ; et quatre anathèmes lancés contre les hommes par JesusChrist. Luc. 6. 17-26.

PREMIER POINT.

Bienfaits accordés aux hommes par J. C.

1.o Le premier bienfait, c'est d'être descendu jusqu'à nous. Ensuite étant descendu avec eux, il s'arrêta dans une plaine. Après que Jesus eut fait, sur la montagne, le choix de ses Apôtres, il descendit avec eux et avec ses autres Disciples, et s'arrêta dans la plaine, pour le soulagement et l'instruction de la multitude qui l'attendoit. En combien de manières J. C. n'est-il pas descendu pour venir vers nous? Il est descendu du sein de Dieu dans le sein de Marie, pour se faire homme comme nous et se mettre à portée d'être vu et aimé de nous. Il est descendu du trône qui lui étoit dû sur la terre, pour mener une vie commune et populaire parmi nous, et se mettre à portée d'être imité de nous. Il est descendu de la sublimité

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »