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ne crains personne, et vous serez ma femme. J'aurai donc le plaisir de punir à mon gré l'odieux vieillard! . . .

ROSINE. Non, non, grâce pour lui, cher Lindor ! Mon cœur est si plein, que la vengeance ne peut y trouver place.

SCÈNE VII

LE NOTAIRE, DON BAZILE, LES ACTEURS PRÉCÉDENTS.

FIGARO. Monseigneur, c'est notre notaire.'

LE COMTE. Et l'ami Bazile avec lui!
BAZILE. Ah! qu'est-ce que j'aperçois?

FIGARO. Eh, par quel hasard, notre ami. . .

BAZILE.

Par quel accident, messieurs?...

LE NOTAIRE.

Sont-ce là les futurs conjoints? 2

LE COMTE. Oui, monsieur. Vous deviez unir la señora Rosine et moi cette nuit, chez le barbier Figaro; mais nous avons préféré cette maison pour des raisons que vous saurez. Avez-vous notre contrat?

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ΤΟ

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LE NOTAIRE. J'ai donc l'honneur de parler à Son Excellence monsieur le comte Almaviva?

FIGARO. Précisément.

BAZILE, à part. Si c'est pour cela qu'il m'a donné le passe-partout. . .

LE NOTAIRE. C'est que 3 j'ai deux contrats de mariage. monseigneur; ne confondons point: voici le vôtre, et c'est ici celui du seigneur Bartholo, avec la señora. . . Rosine aussi? Les demoiselles, apparemment, sont deux sœurs qui portent le même nom?

LE COMTE. Signons toujours. Don Bazile voudra bien nous servir de second témoin. (Ils signent.)

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BAZILE. Mais, votre Excellence... je ne comprends

pas...

LE COMTE. Mon maître Bazile, un rien vous embarrasse, et tout vous étonne.

BAZILE. Monseigneur. . . mais si le docteur. . . LE COMTE, lui jetant une bourse. Vous faites Signez donc vite.

BAZILE, étonné. Ah! ah!

FIGARO. Où donc est la difficulté de signer?

l'enfant !

BAZILE, pesant la bourse. Il n'y en a plus; mais c'est que moi, quand j'ai donné ma parole une fois, il faut des motifs d'un grand poids... (Il signe.)

SCÈNE VIII

BARTHOLO, UN ALCADE, DES ALGUAZILS, DES VALETS avec des flambeaux, et LES ACTEURS PRÉCÉDENTS.

BARTHOLO voit le comte baiser la main de Rosine, et Figaro qui embrasse grotesquement don Bazile; il crie en prenant le notaire à la gorge. Rosine avec ces fripons! Arrêtez tout le monde. J'en tiens un au collet.

LE NOTAIRE. C'est votre notaire.

BAZILE. C'est votre notaire. Vous moquez-vous? BARTHOLO. Ah! don Bazile, eh! comment êtes-vous ici? BAZILE. Mais plutôt vous, comment n'y êtes-vous pas ? L'ALCADE, montrant Figaro. Un moment; je connais celui-ci. Que viens-tu faire en cette maison, à des heures indues?

FIGARO. Heure indue? monsieur voit bien qu'il est

aussi près du matin que du soir. D'ailleurs, je suis de la compagnie de Son Excellence monseigneur le comte Almaviva.

BARTHOLO. Almaviva !

L'ALCADE. Ce ne sont donc pas des voleurs?

BARTHOLO. Laissons cela.- Partout ailleurs, monsieur le comte, je suis le serviteur de Votre Excellence; mais vous sentez que la supériorité du rang est ici sans force. Ayez, s'il vous plaît, la bonté de vous retirer.

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LE COMTE. Oui, le rang doit être ici sans force; mais 10 ce qui en 1 a beaucoup, est la préférence que mademoiselle vient de m'accorder sur vous, en se donnant à moi volontairement.

BARTHOLO. Que dit-il, Rosine?

ROSINE. Il dit vrai. D'où naît votre étonnement? Ne 15 devais-je pas, cette nuit même, être vengée d'un trompeur? Je le suis.

BAZILE. Quand je vous disais que c'était le comte luimême, docteur?

BARTHOLO. Que m'importe à moi? Plaisant 2 mariage! 20 Où sont les témoins?

LE NOTAIRE.

Il n'y manque rien. Je suis assisté de

ces deux messieurs.

BARTHOLO. Comment, Bazile ! . . . vous avez signé ? BAZILE. Que voulez-vous? Ce diable d'homme a tou- 25 jours ses poches pleines d'arguments irrésistibles.

BARTHOLO. Je me moque de ses arguments. J'userai de mon autorité.

LE COMTE. Vous l'avez perdue en en abusant.
BARTHOLO. La demoiselle est mineure.

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FIGARO. Elle vient de s'émanciper.'

BARTHOLO. Qui te parle à toi, maître fripon?

LE COMTE. Mademoiselle est noble et belle; je suis homme de qualité, jeune et riche; elle est ma femme: à 5 ce titre qui nous honore également, prétend-on me la disputer?

BARTHOLO. Jamais on ne l'ôtera de mes mains.

LE COMTE. Elle n'est plus en votre pouvoir. Je la mets sous l'autorité des lois; et monsieur, que vous avez 10 amené vous-même, la protégera contre la violence que vous voulez lui faire. Les vrais magistrats sont les soutiens de tous ceux qu'on opprime.2

L'ALCADE.

Certainement. Et cette inutile résistance au plus honorable mariage indique assez sa frayeur sur la 15 mauvaise administration des biens de sa pupille, dont il faudra qu'il rende compte.

LE COMTE. Ah! qu'il consente à tout, et je ne lui demande rien.

FIGARO. Que la quittance de mes cent écus; ne per20 dons pas la tête.

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BARTHOLO, irrité. Ils étaient tous contre moi. . je me suis fourré la tête dans un guêpier!

BAZILE. Quel guêpier? Ne pouvant avoir la femme, calculez, docteur, que l'argent vous reste, eh oui, vous reste. BARTHOLO. Eh! laissez-moi donc en repos, Bazile! Vous ne songez qu'à l'argent. Je me soucie bien de l'argent, moi ! A la bonne heure, je le garde,3 mais croyezvous que ce soit le motif qui me détermine? (Il signe.) FIGARO, riant. Ah! ah! ah! monseigneur, ils sont de 30 la même famille.

LE NOTAIRE. Mais messieurs, je n'y comprends plus rien. Est-ce qu'elles ne sont pas deux demoiselles qui portent le même nom?

FIGARO.

Non, monsieur, elles ne sont qu'une.

BARTHOLO, se désolant.

Et moi qui leur ai enlevé l'é- 5 chelle pour que le mariage fût plus sûr ! Ah! je me suis perdu faute de soins.

FIGARO. Faute de sens. Mais soyons vrais, docteur : quand la jeunesse et l'amour sont d'accord pour tromper un vieillard, tout ce qu'il fait pour l'empêcher peut bien 10 s'appeler à bon droit La Précaution Inutile.

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