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vers la liberté. Elles dénaturent et intervertissent le sens des mots de votre langue; et les étrangers ne vous comprennent plus.

Les députés du peuple sont des murmurateurs qui se plaignent sans cesse, qui suivent leurs passions égoïstes, et qui, par des discours pleins de faste et de vanité, se rendent admirateurs des grands selon qu'il est utile pour leurs intérêts. Leur gosier est comme un sépulcre ouvert toujours prêt à ensevelir les droits de leurs mandataires, au lieu de les défendre et de les protéger; ils se servent de leurs langues pour tromper avec adresse, et ils ont sous leurs lèvres comme une bave d'aspic dont ils distillent le venin.

Et leurs assemblées ne peuvent rien construire de durable, parce qu'elles marchent dans la voie du mensonge et de l'iniquité. C'est pour cela que le bras de Dieu s'appesantit sur elles, qu'elles s'affaissent sous le mépris public et s'engloutissent sous leurs propres ruines.

Si donc vous voulez ne plus aller à l'encontre de la paix et du bonheur, que vous cherchez, et anéantir, à jamais, cette hydre de l'oppression, qui renaît sans cesse et sous tant de formes; que l'expérience du passé fasse pénétrer la lumière dans vos conseils et nourrisse la persistance de votre énergie, dans le travail de votre émancipation.

cœur.

Méfiez-vous aussi de ceux qui voilent du masque de l'honnêteté les mauvais dessins qu'ils ont dans le Mais, quant à vous, ne prenez jamais le masque de l'hypocrisie, pour vaincre l'hypocrisie, et ne vous affublez point du menteau de l'erreur, pour combattre l'erreur. Comme la tunique de Nessus, ils sont l'un et l'autre empoisonnés, et ils souillent de leur venin ceux qui s'en servent. Vous donneriez d'ailleurs à vos adversaires le droit de vous reprocher ce que vous leur reprochez à eux-mêmes.

Ne prenez point l'offensive envers vos ennemis. Mais, s'ils trament des complots contre votre liberté, s'ils viennent vous attaquer dans vos foyers et porter la désolation et la ruine au sein de vos familles, alors, vendez votre blouse et achetez une épée; aiguisez vos armes les plus meurtrières, inventez-en même de nouvelles. Les plus terribles seront les meilleures: car eux-mêmes seront venus chercher le juste châtiment que votre main vengeresse leur infligera.

Pour vous, ne mettez jamais à la liberté ni conditions ni entraves, et gardez-vous de faire de l'oppression sous aucune forme ni sous aucun prétexte. Car l'oppression est la mère de tous les vices qui vous corrompent, et la source de tous les malheurs qui vous accablent. C'est elle qui engendre la dissimulation, le mensonge, la fourberie, les procès, les crimes mêmes; et elle finit toujours par être fatale à ceux qui l'emploient, non moins qu'à ceux qui en sont les victimes.

Ne dites donc pas au peuple: Tu seras plus heureux comme ceci, ou plus heureux comme cela. Aidez-le seulement à conquérir sa liberté, et son esprit, éclairé par la lumière de la vérité et de la justice, le conduira plus sûrement dans la voie de son bonheur que tout le savoir et toute l'adresse de ceux qui prétendent le diriger, en l'opprimant.

XXV.

Affliction et tristesse sur les maux qui désolent l'Humanité.

Seigneur, je suis allé parmi le monde, j'ai traversé les cités et les campagnes, j'ai parcouru les bourgs et les hameaux, j'ai visité les chaumières et les cabanes, et j'ai vu les oppressions qui se font sous le soleil, les larmes des

innocents, qui n'ont personne pour les consoler, et la détresse des faibles qui succombent à la violence, sans qu'aucun bras secourable ne vienne les soutenir dans leur défaillance.

J'ai considéré aussi les travaux des hommes, et j'ai reconnu que les industries des travailleurs sont perpétuellement en butte à l'envie des oisifs et à la rapacité des spéculateurs.

J'ai vu toutes les misères, tout les fléaux, toutes les dissentions intestines qui désolent l'Humanité.

J'ai vu tout cela, Seigneur, et j'ai regretté mes montagnes et ma chaumière et mes prairies et mon torrent.

Mes yeux étaient las de contempler l'iniquité; et pourtant les oppresseurs multipliaient encore leurs instruments d'oppression. Je les ai vus construire de plus hautes citadelles, doubler l'épaisseur de leurs remparts bâtir de nouvelles prisons et de nouveaux cachots, forger de plus lourdes chaînes, remplir leurs arsenaux d'armes plus meurtrières et fomenter la discorde et la guerre civile au sein des nations; et, à la vue de ces choses, un cri d'angoisse s'est échappé du fond de mes entrailles.

Hélas! les opprimés auront encore bien des luttes à soutenir, des souffrances à endurer, des forteresses à détruire, des prisons à démolir, des chaînes à briser.

Ils vaincront pourtant. Mais les péripéties de leurs combats héroïques seront comme le drame gigantesque de l'Humanité sur la scène du monde.

Déjà je vois au loin l'horison s'assombrir. La poussière des chemins tourbillonne en sens contraire; les nuages, poussés de divers points, s'épaississent et se heurtent, en rasant la terre; la plaine se dérobe à ma vue, et, du sein de ces ténèbres, j'entends sortir un bruit sourd comme d'une lutte acharnée, d'un duel à mort. C'est le dernier combat entre le mal et le bien, entre le mensonge et la

vérité, entre Satan et le Rédempteur; c'est le signe avantcoureur du dénouement, qui approche.

Et les géants couronnés en ont pâli d'effroi; et, pour étayer leurs trônes qui chancellent, ils entassent crimes sur crimes, iniquités sur iniquités; ils soufflent en tous lieux l'esprit du mal; ils sèment la corruption jusque dans le sanctuaire et gagnent les prêtres du Christ avec de l'or et des adulations, avec des honneurs et de la puissance.

Seigneur! Seigneur! quand finiront ces jours de malédiction et de sacrilège?

Il est écrit, dit le Seigneur: Celui qui aura semé le vent, recueillera la tempête, et celui qui aura semé le poison recueillera la mort,

L'HOMME DE LA VALLÉE.

XXVI.

Etant sur une haute mantagne, à l'heure où la lune parcourt le chemin des étoiles, je vis une vallée sombre, silencieuse et triste comme un désert.

Et, au fond de cette vallée, sur les ruines d'une cité antique, un vieillard, courbé vers la terre, pleurait

amèrement.

Je descendis vers lui, et je lui dis :

Homme de la vallée, pourquoi pleures-tu ?

Le vieillard leva la tête, et me dit :

Qui est-tu, pour venir, à cette heure, troubler ma douleur ?

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Je suis celui à qui le Seigneur a dit: Enfant, descends de tes montagnes, et va, parmi les hommes, voir les œuvres qu'ils font sur la terre, et leur annoncer les choses qui doivent arriver.

Que la paix soit avec toi, Enfant des montagnes. Et moi, je suis celui qui est errant dans le monde et qui passe au milieu des peuples.

Je suis triste, parce que j'ai prêché aux hommes la parole de l'Evangile, et que les hommes ne m'ont point écouté.

J'ai annoncé aux pauvres et à ceux qui gémissent dans les ténèbres de l'affliction, que le tems de la réparation viendrait et que leurs maux auraient un terme; et, à ceux qui regorgent de biens et qui vivent dans l'iniquité, j'ai montré le bras de la justice éternelle prêt à s'appesantir sur eux.

Et ceux qui souffraient et qui étaient nus, sont toujours dans la nudité et dans la souffrance. Et ceux qui nageaient dans l'abondance, en suivant la voie de l'iniquité, continuent de vivre dans les délices et de se complaire dans leur orgueil.

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