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bouche il va le diable; puis tout à coup, ne fais comment, vous voyez calomnie fe dreffer, fifler, s'enfler, grandir à vue d'œil. Elle s'élance, étend fon vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate, & tonne; & devient, grace au Ciel, un cri général, un crefcendo public, un chorus univerfel de haîne & de profcription. Qui diable y résisteroit?

BARTHOLO.

Mais quel radotage me faites-vous donc - là, Bazile? Et quel rapport ce piano crescendo peut-il

avoir à ma fituation?

BAZIL E.

Comment, quel rapport? Ce qu'on fait par-tout pour écarter fon ennemi, il faut le faire ici pour empêcher le vôtre d'approcher.

BARTHOL O.

D'approcher? Je prétends bien épouser Rofine avant qu'elle apprenne feulement que ce Comte existe.

BAZIL E.

En ce cas, vous n'avez pas un inftant à perdre.

BARTHOLO.

Et à qui tient-il, Bazile? Je vous ai chargé de tous les détails de cette affaire.

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Oui. Mais vous avez léfiné fur les frais; & dans l'harmonie du bon ordre, un mariage inégal, un jugement inique, un paffe-droit évident, font des diffonnances qu'on doit toujours préparer & fauver par l'accord parfait de l'or.

BARTHOLO lui donnant de l'argent.

Il faut en paffer par où vous voulez; mais finiffons. BAZIL E.

Cela s'appelle parler. Demain tout fera terminé; c'est à vous d'empêcher que perfonne, aujourd'hui, ne puiffe inftruire la pupille.

BARTHOLO.

Fiez-vous-en à moi. Viendrez-vous ce soir, Bazile?

BAZIL E.

N'y comptez pas. Votre mariage feul m'occupera toute la journée; n'y comptez pas.

BARTHOL o l'accompagne.

Serviteur.

BAZIL E.

Reftez, Docteur, restez donc.

BARTHOLO.

Non pas. Je veux fermer fur vous la porte de la rue.

SCENE I X.

FIGARO, feul, fortant du cabinet. OH! la bonne précaution! Ferme, ferme la porte

de la rue, & moi je vais la r'ouvrir au Comte en fortant. C'eft un grand maraud que ce Bazile! heureufement il est encore plus fot. Il faut un état, une famille, un nom, un rang, de la confiftance enfin, pour faire fenfation dans le monde en calomniant. Mais un Bazile ! il médiroit qu'on ne le croiroit pas

SCENE X.

ROSINE accourant. FIGARO.

QUOI!

ROSINE.

UOI! vous êtes encore-là, Monfieur Figaro?

FIGAR o.

Très - heureusement pour vous, Mademoiselle. Votre tuteur & votre maître de Mufique, fe croyant feuls ici, viennent de parler à cœur ouvert.

ROSINE.

Et vous les avez écoutés, Monfieur Figaro? Mais favez-vous que c'est fort mal?

FIGAR o.

D'écouter? C'est pourtant ce qu'il y a de mieux pour bien entendre. Apprenez que votre tuteur se dispose à vous épouser demain.

ROSINE.

Ah! grands Dieux !

FIGARO.

Ne craignez rien; nous lui donnerons tant d'ouvrage, qu'il n'aura pas le tems de fonger à celui-là. ROSINE.

Le voici qui revient; fortez donc par le petit efcalier. Vous me faites mourir de frayeur.

(Figaro s'enfuit.)

SCENE X I.

BARTHOLO, ROSINE.

ROSINE.

Vous étiez ici avec quelqu'un, Monfieur?

BARTHOLO.

Don Bazile que j'ai reconduit, & pour caufe. Vous euffiez mieux aimé que c'eût étẻ Monfieur Figaro.

ROSINE.

Cela m'eft fort égal, je vous affure.

BARTHOLO.

Je voudrois bien favoir ce que ce Barbier avoit de fi preffé à vous dire?

ROSIN E.

Faut-il parler férieufement? Il m'a rendu compte de l'état de Marceline, qui même n'est pas trop bien, à ce qu'il dit.

BARTHOLO.

Vous rendre compte! Je vais parier qu'il étoit chargé de vous remettre quelque lettre.

ROSINE.

Et de qui, s'il vous plaît ?

BARTHOLO.

Oh, de qui! De quelqu'un que les femmes ne nomment jamais. Que fais-je, moi? Peut-être la réponse au papier de la fenêtre.

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Il n'en a pas manqué une feule. ( Haut.) Vous mériteriez bien que cela fût.

BARTHOL o regarde les mains de Rofine. Cela eft. Vous avez écrit.

ROSINE, avec embarras.

Il feroit affez plaisant que vous euffiez le projet de m'en faire convenir.

BARTHOLO, lui prenant la main droite. Moi. Point du tout; mais votre doigt encore taché d'encre! Hein? rufée Signora!

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BARTHOLO lui tenant toujours la main.
Une femme fe croit bien en fûreté, parce qu'elle

est seule.

ROSINE.

.Ah! fans doute.... La belle preuve!... Finiffezdonc, Monfieur, vous me tordez le bras. Je me fuis brûlée en chiffonnant autour de cette bougie ; & l'on m'a toujours dit qu'il falloit aufli-tôt tremper dans l'encre; c'eft ce que j'ai fait.

BARTHOL O.

C'est ce que vous avez fait ? Voyons donc fi un second témoin confirmera la dépofition du premier. C'eft ce cahier de papier où je fuis certain qu'il y avoit fix feuilles; car je les compte tous les matins, aujour

d'hui encore.

ROSINE.

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