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que j'ai cité, et terminent la description de la fête à Rome, dans la ville reine encore du monde:

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C'est là, c'est dans ses murs, le siége de la foi,

Que sous les yeux d'un chef, père, pontife et roi,
Au milieu des palais, des temples, des portiques,
Et du faste moderne, et des pompes antiques,
Dieu se montre aux mortels dans toute sa grandeur.
En vain l'œil de l'impie en veut fuir la splendeur,
Dieu l'accable en secret de toute sa présence.
Malheureux, il est seul dans cette foule immense,
Et ses remords du moins confessent l'Éternel:

12 Là, des lions d'airain, de feux étincelans,
Recevaient des mortels dans leurs gosiers brûlans;
Là, le sang qui ruisselle en éternel hommage,
Fait au ciel qu'il invoque un éternel outrage;

Nature, tu n'as donc plus d'abri sur la terre?

Ah! sans doute, abhorrant ce culte criminel,
Tu te réfugias dans le cœur maternel :
Non, de ces dieux cruels la fureur l'en exile,
Et la nature a fui de son dernier asile.
Des mères, aux autels de ces dieux redoutés,
Leurs enfans dans les bras... Cruelles, arrêtez.

Ah! voyez leur sourire et regardez leurs pleurs,
Et cessez d'immoler, à d'horribles chimères,

Les nœuds sacrés d'hymen et le doux nom de mères !

Racine le fils a aussi, dans son poème de la Religion, présenté le tableau de ces effroyables superstitions qui ont fait le tour du globe et déshonoré, dans les différens âges, tous les peuples, même ceux qui sont les plus fiers de leur politesse, de leurs arts et de leur philosophie. Les lecteurs qui seraient curieux de comparer la manière des deux poètes peuvent chercher les vers que j'indique à la fin du troisième chant du poème de la Religion; ils verront que le fils du grand Racine, poète toujours pur, correct, et même assez élégant, était dépourvu de la verve et de la richesse d'imagination qui brille dans les vers du chantre de cette faculté dominante des grands poètes; il a moins de ressources et de fécondité dans l'esprit, et des rapprochemens moins heureux; ses tableaux ont moins de coloris, d'âme et de sentiment. Delille raconte, dans une de

ses préfaces, qu'étant fort jeune, ou, comme il le dit, presque enfant encore, il alla lire à Racine le fils les premiers essais de sa traduction des Géorgiques ; il trouva l'illustre poète déjà accablé sous le poids des ans, plus accablé encore sous celui du malheur: un fils unique venait de lui être enlevé par une mort funeste; il fuyait le monde, les hommes et les lettres. Toutefois il accueillit avec bonté le jeune poète, qui lui annonçait le dessein d'entrer dans une carrière qu'il abandonnait lui-même, après l'avoir parcourue avec quelque gloire. Ce ne fut pas cependant sans une surprise mêlée de quelques observations sévères que Racine apprit le projet formé par un écolier, à peine échappé du collége, de traduire les Géorgiques ; il écouta néanmoins les vers du jeune poète; et, après les avoir entendus, il l'engagea à poursuivre ce dessein qui lui avait d'abord, et avec raison, paru si téméraire. « J'ai senti peu de plai>> sirs si vifs dans ma vie, dit Delille... Je crus avoir entendu non >> seulement la voix du chantre de la religion, mais quelques accens » de l'auteur d'Athalie. » Delille, ayant ainsi reçu les conseils et les encouragemens du fils du grand Racine, s'honorait d'être son disciple: on peut même dire qu'il fut toujours de son école; car le poème de la Religion est, comme tous ceux de Delille, tantôt philosophique, tantôt descriptif; mais le disciple a laissé son maitre bien loin derrière lui.

Je ne puis finir cette note, à laquelle ont donné lieu les sacrifices abominables qui ont ensanglanté tant d'autels, sans rapporter la pensée d'un ancien sur ces cultes barbares: «Tel est le dé» lire de l'esprit humain, qu'on pense inspirer aux dieux de la >> clémence et de la bonté, par des cruautés dont les hommes seraient incapables dans les transports de la colère et de la vengeance; » Tantus est perturbatæ mentis et sedibus suis pulsæ furor, ut sic » dii placentur, quemadmodum ne homines quidem sæviunt. »

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15 C'était de ce hameau le pasteur respectable !

Qui, depuis quarante ans sert son Dieu, fait le bien,

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Reçoit peu, donne tout, et ne demande rien.

Ce dernier vers est, par le tour, par la forme et la concision, une imitation évidente de ce vers du Tasse :

Brama assai, poco spera, nulla chiede.

« Il désire beaucoup, espère peu, et ne demande rien. »>

Ce vers remarquable par le cliquetis des trois antithèses, assai,

poco, nulla, c'est-à-dire beaucoup, peu et rien, avait frappé plus d'un de nos poètes, et avait été déjà le sujet de plusieurs imitations. Voltaire, dans un poème qui admettait le ton familier, négligeant une des idées dont le vers italien se compose, avait dit :

Ce jeune homme de bien

Voulait beaucoup, et ne demandait rien.

Bernard, dans son Art d'aimer, rivalise de concision avec l'original, et, changeant un peu les idées, il dit :

Désire tout, prétend peu, n'ose rien.

Delille a placé l'imitation de ce vers dans un sujet beaucoup plus grave, dans un épisode qui, faisant ressortir les miraculeux et consolans effets d'un des augustes mystères du christianisme, termine très convenablement son chant sur les cultes,

FIN DES NOTES DE L'IMAGINATION.

VARIANTES.

VARIANTES DU CHANT I.

PAGE 27, VERS 17.

Je dirai ses attraits, etc.

Ce vers, et les dix-neuf qui le suivent, ne se trouvent pas dans les premières éditions. Le poète, après avoir dit

Je chante dans mes vers

L'Imagination, charme de l'univers;

passe immédiatement à l'invocation :

Mais pour la célébrer ma voix a besoin d'elle.

Où donc te rencontrer, etc.

PAGE 29, VERS 17.

Mais, avant de chanter, etc.

PAGE 51, VERS 19.

Le vaisseau réparé

Déjà flottait sur l'onde, au départ préparé.

Le nocher était prêt, etc.

PAGE 52, VERS 6.

O ciel, fais-moi mourir, fais-moi mourir sur l'heure.

Après ce vers,

éditions :

on lit les quatre suivans dans les précédentes

Tandis que l'avenir se montre au moins douteux;
Tandis qu'un doux espoir encourage mes vœux;
Tandis que, ô mon cher fils! ô seul bien que j'adore!
Je puis te voir, t'entendre, et t'embrasser encore !

PAGE 52, VERS II.

On le prend, on l'emporte.

PAGE 55, VERS 5.

Mais de vos sorts divers, etc.

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