méprifer, de le reprendre avec aigreur, de l'injurier, ou de le maltraiter en aucune autre maniére, par la raison qu'il ne penfe pas juftement comme moi, c'eft ce que je ne faurois faire fans injuftice. Mon Orthodoxie ne me donne pas plus d'autorité fur lui, que la fienne (car chacun eft Orthodoxe par rapport à foi) lui en donne sur moi-même. Et par conféquent, toutes les fois que le terme d'Orthodoxie, qui dans le fond ne fignifie autre chofe que les Opinions de mon Parti, fert de prétexte pour dominer, comme il fait d'ordinaire, il eft, & fera toûjours très-ridicule.

SIXIE ME OBJECTION.

Que l'Auteur parle contre les Syftêmes, les Catechismes, les Confeffions, & toute forte de Formules de Foi.

SELON

ELON mon Antagoniste, je hais à mort tous les Catechismes, & Confeffions de Foi, tous les Systêmes & les Formulaires. Ce font fes propres termes. Je ne me fouviens pas d'avoir inferé une feule fois le mot de Catechisme dans le Chriftianisme RaiLonnable ni dans la premiére Défense de ce Livre. Mais mon Antagoniste connoit

mieux ce qui fe paffe dans mon cœur, que moi-même. Il fait que je bais à mort tous les Catechismes; & moi, je n'en fai rien.

Pour ce qui eft des Systêmes & des Formulaires de Foi, voici tout ce que j'en ai dit dans les endroits de ma prémiére Défenfe qu'il cite lui-même pour prouver qu'ils font l'objet déterminé de ma haine: Il y a des gens qui aimeroient mieux que vous écriviffiez des abfurditez & des chofes qui tendiffent à détruire le deffein que vous avez de disfiper les préjugez qui éloignent les hommes du Chriftianisme, que d'abandonner un feul iota de ce qu'ils ont mis dans leurs Syflêmes. Et ailleurs je dis que certaines gens ne fauroient fouffrir que perfonne parle de Religion fi ce n'eft en fuivant exactement le modelle qu'ils en ont fait eux-mêmes. Dans ces deux paffages je ne parle point, contre les Syftêmes ou les modelles de Religion, "mais feulement contre le mauvais ufage que quelques perfonnes en font.

Mais pour m'expliquer un peu plus nettement fur cet Article, j'avoue la dette. Mon Antagoniste me charge d'avoir parlé contre tous les Syftêmes. Cela eft vrai, je l'ai fait; & je continuerai de le faire, auffi long-temps que les Systêmes nous feront proposez par des particuliers, ou par des Sociétez entiéres de tel cu tel Parti,

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comme la jufte mesure de la Foi d'un chacun, & dont il faut néceffairement croire tous les Articles pour pouvoir devenir Chrétien. Tant qu'on regardera les Systêmes sous cette idée, tant qu'on en fera cet ufage, je ne cefferai de les condamner hautement; jusqu'à ce que notre Faifeur de Confeffions de Foi nous dife quel eft le Syftême qui parmi ce grand nombre dont le Chriftianisme eft accablé,eft le feul qu'on doit recevoir avec une entiére affûrance, en attendant fa Lifte d'Articles Fondamentaux, qui n'est pas encore finie, & que je crains bien de ne voir complette de ma vie. Du refte, que chaque particulier doive recevoir d'autrui, ou fe faire à lui même un Systême de Chriftianisme qu'il trouve conforme à la Parole de Dieu, autant qu'il eft capable d'en juger, c'est ce que je ne défapprouvai jamais. Bien loin de là, je croi que chaque particulier est indifpenfablement obligé de travailler à cet Ouvrage, & de ne rien negliger, durant tout le cours de fa vie, pour en venir à bout, en étudiant tous les jours l'Ecriture Sainte.

Notre Théologien & ceux qui comme lui s'attribuent le droit de gouverner la confcience des autres hommes à leur fantaifie, ne s'accommodent pas de cet expe

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dient, qui les depouille du privilege d'impofer à qui que ce foit la néceffité de recevoir des Confeffions de foi de leur propre fabrique Mais fi ce Privilege n'cit fondé fur aucune bonne raifon, pourquoi veulent-ils fe l'attribuër? Et pourquoi leur en laifferions-nous l'injufte jouiffance?

SEPTIEME OBJECTION.

Que l'Auteur du Chriftianisme Raisonnable s'eft contredit en foûtenant qu'il n'y a que deux Articles dont la croyance eft ABSOLUMENT NECESSAIRE pour rendre un bomme Chrétien, mais que pourtant il y a quantité d'autres Propofitions que les Chrétiens font INDISPENSABEMENT OBligez de croire dès qu'ils viennent à découvrir qu'elles ont été revelées par Jesus-Christ.

APRES avoir lû ce qui a été dit dans ces Eclairciffemens, il feroit aifé de répondre de foi-même à cette Objec 99 tion. Je croi pourtant qu'il ne fera

pas. inutile de parcourir ce que notre Auteur ,, ya repliqué, parce que la maniére dont il refout cette difficulté lui fournit une nouvelle occafion de faire voir le deffein de fon Livre; & cela, d'une maniére fi

Il y a un Dieu, & Jefus eft le Meffie.

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fenfible qu'il ne fera plus poffible de s'y ,, méprendre Vous n'avez qu'à bien entrer dans ce qu'il va dire fur cet Article pour "avoir la Clef de tout fon Ouvrage. ,, L'Objection que je viens de rappor pas fondée immediatement fur "ter, n'eft le Livre de M. Locke, mais fur un Sermon qui roule fur les mêmes principes, & qui a été imprimé avec une courte ,, Apologie du Chriftianisme Raifornable. L'Auteur de ces deux Ouvrages ne s'eft. ,, point caché au Public. Il se nomme Mr. Bold, favant & pieux Théologien de l'Eglife Anglicane, diftingué par une charité veritablement chrétienne qui ,, l'engagea fous le Regne de Charles II. à fe déclarer publiquement contre la Perfecution dans un temps qu'il ne " pouvoit le faire fans être perfecuté lui,, même, comme il l'éprouva bientôt a" près.

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Mr. Bold n'eut pas plûtôt publié fa Défense du Chriflianisme Raifonnable, ,, que l'Antagoniste de M. Locke fe déchaîna contre lui: & parmi un tas d'in,, jures & de cenfures pueriles qui ne meritent d'être relevées, il lui reprocha d'avoir inferé dans fon Sermon cette », prétendue contradiction que j'ai mise à la tête de cet Article. La voici telle

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