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mes amis. J'en serais responsable à la nation. >> Le pauvre malheureux, ajouta la reine, ne sait » pas que ma décision est formée, car je ne m'en >> suis jamais expliquée avec la duchesse. Aussi jugez » de la nuit qu'il a dû passer. Au reste, ce n'est pas » le premier événement qui m'ait prouvé que, si les >> reines s'ennuient dans leur intérieur, elles se com» promettent chez les autres. >>

FIN DU TOME PREMIER.

ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES

RECUEILLIS ET MIS EN ORDRE

PAR MADAME CAMPAN.

[*] Page 98.

MAISON DE LA REINE.

Première charge: la surintendante.

La reine Marie Leckzinska, épouse de Louis XV, eut mademoiselle de Clermont, princesse du sang, pour surintendante de sa maison. Mademoiselle de Clermont mourut, et la reine demanda au roi de ne la point remplacer, les droits de la charge de surintendante étant si étendus qu'ils en devenaient gênans pour la souveraine : nomination aux emplois, droit de juger les différens des possesseurs de charges, de destituer', d'interdire les serviteurs, etc. Il

' On était interdit par ordre du chef de la maison ou quinze jours, un mois, ou plus. La destitution était moins rare que l'interdiction; mais on signait soi-même sa démission. Il ne faut pas oublier que tous les emplois étaient charges, et que l'on avait prêté serment entre les mains de la reine, de la surintendante, de la dame d'honneur ou du chevalier d'honneur.

n'y avait donc pas eu de surintendante depuis mademoiselle de Clermont, et la reine Marie-Antoinette n'en eut point à l'époque de l'avènement à la couronne. Mais, peu de temps après, touchée de l'existence de la jeune princesse de Lamballe, restée veuve et sans enfans, la reine voulut lui donner plus de considération personnelle en la fixant à la cour, et la fit nommer surintendante de sa maison. Elle séjourna habituellement à Versailles, dans le commencement de sa nomination, et mettait une trèsgrande importance à l'exécution fidèle de tous les devoirs de sa place. La reine la restreignit un peu sur ceux qui contrariaient ses volontés, et la liaison intime de la reine avec madame de Polignac s'étant ensuite établie, la princesse fût moins assidument à la cour. Son dévouement au moment où tous les grands du royaume se livrèrent au système de l'émigration, la porta à rentrer en France, et à ne plus quitter la reine, alors privée de tous ses amis, et de cette société intime qui avait établi une sorte d'éloignement entre la reine et la surintendante; la fin tragique de cette intéressante princesse ajoute encore à l'intérêt que son zèle et sa fidélité doivent inspirer. La princesse surintendante était, de plus, chef du conseil de la reine; mais, à ce titre, ses fonctions ne devenaient importantes qu'en cas de régence. Dame d'honneur: madame la princesse de Chimay.

La place de dame d'honneur perdant beaucoup de ses avantages par la nomination d'une surinten

dante, madame la maréchale de Mouchy donna sa démission. Lorsque la reine accorda ce titre à madame la princesse de Lamballe, la dame d'honneur nommait aux emplois et aux charges, recevait les prestations de serment en l'absence de la surintendante, faisait les présentations, envoyait les invitations au nom de la reine pour les voyages de Marly, de Choisy, de Fontainebleau, pour les bals, les soupers, les chasses; le renouvellement du mobilier, du linge et des dentelles de lit et de toilette se faisait par ses ordres. Le chef du garde-meuble de la reine travaillait avec la dame d'honneur sur ces objets; le renouvellement des draps, serviettes, chemises, dentelles, avait lieu, jusqu'à l'époque où M. de Silhouette fut nommé contrôleur général, tous les trois ans ; ce ministre fit prononcer à Louis XV qu'il ne se ferait que tous les cinq ans. M. Necker, à son premier ministère, éloigna encore l'époque du renouvellement de deux années, et il n'eut plus lieu que tous les sept ans. La réforme entière appartenait à la dame d'honneur. Lorsqu'on allait au-devant d'une princesse étrangère, à l'époque de son mariage avec l'héritier présomptif ou un fils de France, l'étiquette était de lui porter son trousseau; et dans le pavillon construit ordinairement sur les frontières, on déshabillait la jeune princesse, et on changeait jusqu'à sa chemise; mais les cours étrangères n'en fournissaient pas moins de très-beaux trousseaux qui appartenaient aussi, comme droit, à la dame d'honneur et à la dame d'a

TOM. I.

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