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sieurs années après l'époque dont je viens de parler, et la reine ne contracta l'habitude de passer une partie de ses journées chez la duchesse, que lorsqu'elle eut remplacé la princesse de Guéménée en qualité de gouvernante des enfans de France, et que le duc eut réuni la surintendance des postes à la charge de premier écuyer.

Avant d'avoir établi sa société chez madame de Polignac, la reine allait quelquefois passer des soirées chez le duc et la duchesse de Duras; une jeunesse brillante s'y trouvait réunie. On établit le goût des petits jeux, les questions, la guerre-panpan, le colin-maillard, et surtout un jeu nommé descampa

tivos.

Paris, toujours critiquant, mais toujours imitant les habitudes de la cour, adopta cette manie des petits jeux. La fureur du descampativos et de la guerrepanpan fut générale dans toutes les maisons où se réunissaient beaucoup de jeunes femmes.

Madame de Genlis, dans une de ses pièces de théâtre, écrite avec le projet de peindre les ridicules du moment, parle de ce fameux descampativos, et de la fureur de se faire une amie que l'on nommait inséparable, jusqu'à ce qu'un caprice où le plus léger différent eût amené une rupture totale.

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CHAPITRE VII.

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-La reine ne peut ob

Elle protége une tragédie

Le duc de Choiseul reparaît à la cour. tenir sa rentrée au ministère. de Guibert. Paris et la cour en blâment la représentation. Chute d'une pièce de Dorat-Cubières, qu'on trouvait charmante à la lecture. Mustapha et Zéangir: la reine obtient une pension de 1200 francs pour Chamfort. Elle appelle Gluck en France, et protége avec succès la musique. -Iphigénie en Aulide: mot de Gluck. Zémire

et Azor: mot de Marmontel.

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La reine a peu de connais

- Pa

sances en peinture. - Seul bon portrait qui existe de Marie-Antoinette. Encouragemens donnés à l'art typographique. Turgot; M. de Saint-Germain. - Réforme des gendarmes et des chevau-légers : la reine témoigne sa satisfaction de ne plus voir d'habits rouges à Versailles. Plaisirs de la cour. - Spectacles deux fois par jour. rodies jouées à Choisy par mademoiselle Guimard. Fête ingénieuse, noble et galante, donnée par M. le comte de Provence à Brunoy. - A l'indifférence du roi pour MarieAntoinette succèdent les sentimens les plus vifs. Détails d'intérieur. Bals masqués de l'Opéra. Le roi s'y rend

une fois sans suite, et rive un jour en fiacre lomnieux à ce sujet.

-

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La reine y ar

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Fatuité des jeunes gens de la cour. Anecdote de la plume de héron. Portrait du duc de Lauzun. La reine le bannit pour jamais de sa présence.

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Autres particularités. Attachement de la reine pour la princesse de Lamballe et madame la duchesse de Polignac : pureté de cette liaison. Anecdote concernant l'abbé de Vermond. Il s'éloigne de la cour et revient ensuite y reprendre ses fonctions.

:

Le duc de Choiseul avait reparu à la cour à l'époque des cérémonies du sacre; un vœu presque général avait donné à ses amis l'espoir de le voir rentrer au ministère ou dans le conseil d'état; mais cet espoir dura peu le parti opposé à celui qui le portait était trop bien établi à Versailles, et le pouvoir de la jeune reine était trop balancé dans l'esprit du roi par d'anciennes et durables préventions; elle renonça donc pour toujours au projet de faire rappeler le duc. Ainsi cette princesse, que l'on a peinte si ambitieuse et servant si puissamment les intérêts de la maison d'Autriche, échoua deux fois dans le seul projet qui pouvait être utile aux vues qu'on n'a cessé de lui supposer, et passa toutes les années de son règne, jusqu'aux premières secousses de la révolution, environnée de ses ennemis et de ceux de sa maison.

Marie-Antoinette s'occupa très-peu de favoriser les lettres et les beaux-arts; elle avait éprouvé des désagrémens pour avoir fait représenter la tragédie du Connétable de Bourbon, aux fêtes du mariage de madame Clotilde, sœur du roi, avec le prince de Piémont. Paris et la cour blâmèrent l'inconvenance des rôles que jouaient dans cette pièce les noms de la famille régnante, et la puissance avec laquelle on contractait une nouvelle alliance 1. Une lecture de

* Ce n'était pas un sujet heureux, il faut en convenir, que celui du Connétable de Bourbon pour une représentation donnée devant tous les princes français. On pourrait être égale

cet ouvrage, faite par le comte de Guibert dans les cabinets de la reine, avait produit dans le cercle de Sa Majesté ce genre d'enthousiasme qui éloigne les jugemens sains et réfléchis. Elle se promit bien de ne plus entendre de lectures. Cependant, à la sollicitation de M. de Cubières, écuyer du roi, la reine consentit à se faire lire une comédie de son frère. Elle avait réuni son cercle intime: MM. de Coigny, de Vaudreuil, de Besenval, et mesdames de Polignac, de Châlon, etc.; et pour augmenter le nombre des jugemens, elle admit les deux Parny, le chevalier de Bertin1, mon beau-père et moi. Molé2 lisait

2

ment surpris de voir toute la cour approuver des vers dans lesquels le connétable ambitionne surtout :

Le plaisir peu goûté d'humilier un roi. »

M. le chevalier de Narbonne fit à cette occasion des couplets parmi lesquels on remarque celui-ci :

Le Connétable me plaît fort;

Comme on y rit! comme on y dort !
C'est une bonne pièce,

Eh bien!

Qu'on joue à nos princesses,

Vous m'entendez bien.

(Note de l'édit.)

'Le chevalier de Parny était déjà connu par ses poésies érole chevalier de Bertin par des vers estimés.

tiques;

(Note de madame Campan.)

'Acteur qui a fait pendant trente ans les délices du Théâtre-Français, avant Fleury et dans le même emploi.

(Note de madame Campan.)

pour l'auteur. Je n'ai jamais pu m'expliquer par quel prestige cet habile lecteur fit généralement applaudir à un ouvrage aussi mauvais que ridicule. Sans doute que l'organe enchanteur de Molé, en réveillant le souvenir des beautés dramatiques de la scène française, empêcha d'entendre les pitoyables vers de Dorat-Cubières. Je puis assurer que les mots charmant! charmant! interrompirent plusieurs fois le lecteur. La pièce fut admise pour être jouée à Fontainebleau; et, pour la première fois, le roi fit baisser la toile avant la fin de la comédie. Le titre en était le Dramomane ou le Dramaturge. Tous les personnages mouraient empoisonnés par un pâté. La reine, très-piquée d'avoir recommandé cette ridicule production, prononça qu'elle n'entendrait plus de lecture; et cette fois elle tint parole.

La tragédie de Mustapha et Zéangir, de M. de Chamfort, obtint le plus grand succès à Fontainebleau, sur le théâtre de la cour; la reine fit accorder une pension de douze cents francs à l'auteur, mais la pièce tomba lorsqu'elle fut donnée à Paris.

L'esprit d'opposition qui régnait dans cette ville aimait à infirmer les jugemens de la cour; la reine prit la résolution de ne plus accorder de protection marquée aux nouveaux ouvrages dramatiques; elle réserva son appui aux seuls compositeurs de musique, et en peu d'années cet art parvint à une perfection qu'il n'avait jamais eue en France.

Ce fut uniquement pour plaire à la reine que l'entrepreneur de l'Opéra fit venir à grands frais, à

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