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ni boudoirs. C'est une vérité dont on ne saurait trop les pénétrer s'il ne se trouve pas habituellement auprès des souverains des gens disposés à transmettre à la postérité leurs habitudes privées, le moindre valet raconte ce qu'il a vu ou entendu; ses propos circulent avec rapidité, et forment cette redoutable opinion publique qui s'élève, s'agrandit, et empreint, sur les plus augustes têtes, des caractères souvent faux, mais presque toujours ineffaçables.

CHAPITRE VI.

Hiver rigoureux. Courses en traîneaux blâmées des Parisiens. Liaison de la reine avec madame la princesse de Lamballe. Elle est nommée surintendante. Libelle outrageant contre Marie-Antoinette. Intrigues d'un inspecteur de police. Il est découvert et puni. - Autre intrigante qui contrefait l'écriture de la reine pour escroquer des sommes considérables. Madame la comtesse Jules de Polignac paraît à la cour. Son caractère noble et désintéressé. Projets ambitieux de ses amis. Moyens qu'ils mettent en La reine se prousage. met de goûter près d'elle les douceurs de la vie privée. Le comte Jules obtient la place de premier écuyer. fortune de sa famille est long-temps médiocre. La reine se félicite pour la comtesse du gain d'un billet de loterie. Société de la comtesse Jules. - Portrait de M. de Vaudreuil.

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Portrait de la comtesse Jules.

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La

Mot plaisant de la comtesse sur Homère. La faveur dont jouit la famille de Polignac excite l'envie et la haine des courtisans. Soirées passées chez le duc et la duchesse de Duras. Jeux à la mode : guerre panpan, descampativos. Paris se moque de ces jeux, et les adopte. · Madame de Genlis y fait allusion dans une de ses pièces de théâtre.

L'HIVER qui suivit les couches de la comtesse d'Artois fut très-froid; les souvenirs du plaisir que des parties de traîneaux avaient procuré à la reine dans son enfance, lui donnèrent le désir d'en établir de semblables. Cet amusement avait déjà eu lieu à la cour de France; on en eut la preuve en

retrouvant, dans le dépôt des écuries, des traîneaux qui avaient servi au dauphin, père de Louis XVI, dans sa jeunesse. On en fit construire quelques-uns d'un goût plus moderne pour la reine. Les princes en commandèrent de leur côté, et en peu de jours il y en eut un assez grand nombre. Ils étaient conduits par les princes et les seigneurs de la cour. Le bruit des sonnettes et des grelots dont les harnais des chevaux étaient garnis, l'élégance et la blancheur de leurs panaches, la variété des formes de ces espèces de voitures, l'or dont elles étaient toutes rehaussées, rendaient ces parties agréables à l'œil. L'hiver leur fut très-favorable, la neige étant restée près de six semaines sur la terre; les courses dans le parc procurèrent un plaisir partagé par les spectateurs 1. Personne n'imagina que l'on eût rien à blâmer dans un amusement aussi innocent. Mais on fut tenté d'étendre les courses, et de les conduire jusqu'aux Champs-Élysées; quelques traîneaux traversèrent même les boulevarts: le masque couvrant le visage des femmes, on ne manqua pas de dire que la reine avait couru les rues de Paris en traîneau.

Ce fut une affaire. Le public vit dans cette mode

* Louis XVI, touché du triste sort des pauvres de Versailles, pendant l'hiver de 1776, leur fit distribuer plusieurs charrettes de bois. Voyant un jour passer une file de ces voitures, tandis que beaucoup de seigneurs se préparaient à se faire traîner rapidement sur la glace, il leur dit ces paroles remarquables : Messieurs, voici mes traîneaux. (Note de l'édit.)

une prédilection pour les habitudes de Vienne les parties de traîneaux n'étaient cependant pas une mode nouvelle à Versailles. Mais la critique s'emparait de tout ce que faisait Marie-Antoinette. Les partis, dans une cour, ne portent pas ouvertement des enseignes différentes, comme ceux qu'amènent les secousses révolutionnaires. Ils n'en sont pas moins dangereux pour les personnes qu'ils poursuivent, et la reine ne fut jamais sans avoir un parti contre elle.

Cette mode, qui tient aux usages des cours du nord, n'eut aucun succès auprès des Parisiens. La reine en fut informée; et quoique tous les traîneaux eussent été conservés, et que depuis cette époque il y ait eu plusieurs hivers favorables à ce genre d'amusement, elle ne voulut plus s'y livrer.

C'est à l'époque des parties de traîneaux que la reine se lia intimement avec la princesse de Lamballe qui parut enveloppée de fourrure avec l'éclat et la fraîcheur de vingt ans on pouvait dire que c'était le printemps sous la martre et l'hermine. Sa position la rendait, de plus, fort intéressante: mariée, au sortir de l'enfance, à un jeune prince perdu par le contagieux exemple du duc d'Orléans, elle. n'avait eu que des larmes à verser depuis son arrivée en France. Veuve à dix-huit ans, et sans enfant, son état auprès de M. le duc de Penthièvre était celui d'une fille adoptive; elle avait pour ce prince vénérable le respect et l'attachement le plus tendre;

mais la reine, en rendant, ainsi que la princesse, justice à ses vertus, trouvait que la vie habituelle de M le duc de Penthièvre à Paris ou dans ses terres, ne pouvait offrir à sa jeune belle-fille les plaisirs de son âge, ni lui assurer pour l'avenir un sort dont elle était privée par son veuvage. Elle voulut donc la fixer à Versailles, et rétablit en sa faveur la charge de surintendante qui n'avait point existé à la cour depuis la mort de mademoiselle de Clermont. On assure que Marie Leckzinska avait prononcé que cette place demeurerait vacante, la surintendante ayant un pouvoir trop étendu dans les maisons des reines, pour ne pas mettre souvent des entraves à leurs volontés. Quelques différens survenus bientôt entre Marie-Antoinette et la princesse de Lamballe, relativement aux prérogatives de sa charge, prouvèrent que l'épouse de Louis XV avait eu raison de la réformer; mais une espèce de petit traité fait entre la reine et la princesse aplanit les difficultés. Le tort de prétentions trop fortement articulées tomba sur un secrétaire de la surintendante, qui l'avait conseillée, et tout s'arrangea de manière à ce qu'une solide et touchante amitié régna toujours entre ces deux princesses, jusqu'à l'époque désastreuse qui termina leur destinée 1.

Malgré l'enthousiasme que l'éclat, les grâces et la bonté de la reine inspiraient généralement, des in

I

Voyez les éclaircissemens historiques donnés par madame Campan sur la maison de la reine [*]. (Note de l'édit.)

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