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= Quant aux Sarrasins, ils font porter en tête de leur armée le Dragon de leur émir, l'étendard de Tervagant et de Mahomet, avec une image d'Apollin. (3268, 3530, etc.) En outre, Amboires d'Oluferne porte l'enseigne de l'armée païenne»: Preciuse l'apelent. (3297, 3298.) = Enseigne et gunfanun paraissent, d'ailleurs, absolument synonymes.

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Fig. 8 et 9.

La plus ancienne représentation de l'Oriflamme, d'après les mosaïques
du triclinium de Saint-Jean-de-Latran, à Rome. (IXe siècle.)

3o La lance et l'épée sont en réalité les seules armes offensives dont il soit question dans notre poème. Quand l'Empereur confie à Roland la conduite de l'arrière-garde, il lui donne, comme symbole d'investiture, un arc qu'il a tendu: Dunez mei l'arc que vus tenez el puign. (767.) Dunez li l'arc que vus avez tendut... Li Reis li dunet. (780, 781.) = Lorsque Marsile s'irrite contre les violences de Ganelon, il lui jette un algeir (1. algeir) ki d'or fut enpenet. (439, 442.) Comme nous l'avons dit, il s'agit ici de l'ategar ou javelot saxon. = Enfin, pour achever Roland sur le champ de bataille, les hordes sauvages qui l'attaquent lui jettent des darz, des wigres, des museraz, des agiez, des giesers. (2064, 2075, 2155.) Il s'agit içi de flèches de différentes espèces. Mais ce ne sont pas là, entendons-le bien, les armes régulières, même des païens, et, encore un coup, il n'y en a point d'autres que la lance et l'épée.

Mais arrivons aux ARMES DÉFENSIVES.

Les trois pièces principales de l'armure défensive sont le heaume, le haubert et l'écu. (Voir la fig. 10.) 1o Le HEAUME est l'armure qui,

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Fig. 10. D'après le sceau de la ville de Soissons. (xIIe siècle.)

concurremment avec le capuchon du haubert ou la coiffe de mailles, est destinée à protéger la tête du chevalier. D'après les monuments figurés, le heaume (voir la fig. 11) se compose essentiellement de trois

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parties: le cercle, la calotte de fer, le nasel. Cette dernière partie est la seule qui, dans notre poème, soit nommée par son nom; mais il est implicitement question des autres. = La calotte est pointue: Sur l'helme à or agut. (1954.) Comme tout le heaume, elle est en acier Helmes d'acier. (3888.) Cet acier est bruni (vers 3603), et l'épithète que l'on donne le plus souvent au heaume est celle de cler (3274, 3586, 3805) ou flambius. (1022.) Il faut

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croire que cet acier était souvent doré: c'est du moins la manière d'expliquer les mots de helmes à or (3911 et 1954), à moins qu'il ne s'agisse uniquement ici des richesses du cercle et des armatures ou arêtes qui se rejoignaient parfois au sommet du heaume. = Le cercle? On ne trouve pas ce mot dans notre poème; mais c'est du cercle peut-être qu'il est question dans ces vers où l'on montre le heaume semé de pierres fines, de « pierres gemmées d'or », de perles gemmées d'or (dé perles, c'est-à-dire de verroteries): L'helme li freint ù li gemmes reflambent (3616); L'helme li freint ù li carbuncle luisent (1326); Luisent cil helme as pierres d'or gemmées (1452 et 3306), etc. = Non seulement le cône est bordé par ce cercle, mais il est parfois renforcé dans toute sa hauteur par deux arêtes placées l'une devant, l'autre derrière, ou par quatre bandes de métal ornementées, venant aboutir et se croiser à son sommet ». (Demay, le Costume de guerre, p. 132.) = Enfin le nasel est clairement et nominativement indiqué par ces vers: Tut li delrenchet d'ici que à 'nasel (1996); Tresque à l'nasel li ad freint e fendut (3927), etc. Le nasel était une pièce de fer quadrangulaire, ou d'autres formes (voir la fig. 10), destinée à protéger le nez. L'effet en était disgracieux autant que l'emploi en était utile. Une particularité qui est indiquée très nettement, et qui est cent fois attestée dans notre Chanson, c'est la manière dont le heaume était fermé, attaché sur la tête, ou plutôt sur le capuchon de mailles. Ces deux mots vont souvent ensemble: Helmes laciez (712, 1042, 3086), etc. Et quand Roland va porter secours à l'archevêque Turpin: Sun helme à or li deslaçat de l' chief. (2170.) Tout au contraire, quand les héros s'arment pour la bataille, lacent lur helmes (2989), etc. Où se trouvaient ces lacs, qui sans doute étaient des liens de cuir passant d'une part dans une maille du haubert et, de l'autre, dans quelques trous pratiqués au cercle? La question est assez difficile à résoudre, même d'après les monuments figurés. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il y en avait un certain nombre. Naimes reçoit de Canabeu un coup terrible qui lui tranche CINQ LACS de son heaume. Tout le passage est digne d'attention: Si fiert Naimun en l'helme principal; A l' brant d'acier l'en trenchet cinq des laz.-Li capeliers un denier ne li valt; Trenchet la coife entresque à la carn. (3432 et suivants.) La coife, c'est le capuchon du haubert, c'est le capuchon de mailles que l'on portait sous le heaume. On comprend aisément que, pour ajuster un casque de fer sur un bonnet de mailles, il était absolument nécessaire de l'attacher. (Voir la planche xii de la tapisserie de Bayeux, dans le tome VI des Vetusta monumenta, Londres, 1835. On y voit un chevalier sans heaume et revêtu du seul capuchon de mailles.) Le capelier, qu'il ne faut pas confondre avec la coife, « n'est autre chose, suivant M. Quicherat, qu'une calotte de fer sous le heaume. »Les heaumes de Sarragosse sont renommés. (996.) Est-ce pour la qualité de leur acier? Au xvIe siècle, Rabelais, comme nous l'avons dit, parle encore d'un poignart sarragossoys. (Gargantua, I, 8.) 2o Le HAUBERT, c'est le vêtement de mailles, la tunique de mailles, la chemise de mailles. Sous le haubert on porte le blialt. Quand Roland porte secours à l'archevêque Turpin: Si li tolit le blanc osberc legier. Puis, sun blialt li ad tut detrenchiel, En ses granz plaies les pans li ad butet (2172), etc. Et c'est ce qui est encore mieux expliqué par ces vers de Huon de Bordeaux: Li autre l'ont maintenant désarmé; · De l' dos li ostent le bon osberc saffré ;

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bliaut est Hues demorés. (Barstch, Chrestomathie française, 56, 31.) Pour le haubert, il s'appelle dans notre poème brunie ou osberc. Quelquefois, il est vrai, brunie paraît avoir un sens distinct: Osbercs vestuz e lur brunies dubleines. (3088.) Mais la synonymie est presque partout évidente. A l'origine, la brunie paraît avoir été une sorte de grosse tunique de cuir, sur laquelle on avait cousu un certain nombre de plaques ou de bandes métalliques. Mais au lieu de plaques et de bandes, ce furent quelquefois des anneaux cousus sur l'étoffe (voy. p. e. la fig. 12) et de plus en plus rapprochés les uns des

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autres. (Voir la tapisserie de Bayeux, pl. V et XV.) Da là au vêtement de mailles il n'y a pas loin. : Suivant un autre système qui ne nous semble pas suffisamment prouvé, les Sarrasins auraient possédé avant nous de ces vêtements, et les auraient fabriqués avec une certaine perfection que les chrétiens purent imiter. De là peut-être, dans notre poème, la célébrité des osbercs sarazineis. Quoi qu'il en soit, et QUEL QUE SOIT AILLEURS LE SENS DE CE MOT, la brunie de la Chanson de Roland est absolument et uniquement un haubert, un vêtement de mailles parfait. Elle se termine en haut par le capuchon de mailles qui se lace au heaume. (3432 et suivants.) Elle s'attache sur le menton, qu'elle préserve, et cette partie de la brunie s'appelle la «ventaille » De sun osberc li rumpit la ventaille. (1298, 3449.) Quant à la chemise en elle-même, nous ne trouvons malheureusement aucune indication dans notre poème qui nous apprenne jusqu'à quelle partie du corps elle descendait. C'est un précieux élément de critique qui nous fait ici défaut. Dans la tapisserie de Bayeux (pl. V, VI, etc.), la partie du haubert qui recouvre la poitrine est très souvent munie d'une pièce carrée, qui ressemble à un cadre. Il est probable que cette pièce (dont il n'est pas fait mention dans le Roland) servait à cacher la fente supérieure du haubert. (Voir la fig. 16.)= Les épithètes que notre poète donne le plus volontiers au haubert sont celles-ci: blancs (1022, 1329, 1946, 3484), forz (3864), legiers. (2171, 3864.) Les mailles sont très distinctement indiquées. Elles sont de différentes qualités. Celles des chefs de l'armée sont très

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fines: Le blanc osberc dunt la maile est menue. (1329.) D'autres fois, le poète fait allusion à l'étoffe ou au cuir dont on doublait encore le tissu de mailles: De sun osberc li derumpit les dubles. (1284.) Paien s'adubent d'osbercs sarazineis. Tuit li plusur en sunt dublez en treis. (994, 995.) Brunies dublées (711, d'après le texte de Venise), ou dubleines (3088.) Ce système de doublure « fut délaissé vers le milieu du XIIe siècle ». (Demay, le Costume de guerre, p. 123.) Enfin, il importe de signaler l'épithète de jazeranc, donnée à ce même haubert. Or jazeranc signifie: « qui est fait de mailles. » Du reste, quand notre poète veut exprimer que le haubert est mis en pièces, il se sert constamment du mot desmailier. (3387.) = Dans la Chanson de Roland, le haubert est fendu par en bas. Deux fentes le partagent en deux pans, dont il est souvent question dans le poème. Ces fentes étaient pratiquées non pas sur les côtés, mais sur le devant et le derrière du vêtement. Et c'est ainsi qu'il faut comprendre ce vers: De son osberc li derumpit les pans. (1300, 1553, 3571, 3465, etc.) Les pans du haubert étaient parfois ornés, à leur partie inférieure, d'une broderie grossière « en or »; ils étaient saffrés: Vest une brunie dunt li pan sunt saffret. (3141.) De sun osberc les dous pans li desaffret. (3426; aussi 3307, 1453, 1032, 2949, etc.) Cet ornement, consistant en fils d'archal entrelacés dans les mailles, ne se trouvait, semble-t-il, que sur les hauberts des grands personnages, des pairs et des comtes.

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30 L'Écu (voir les fig. 10, 13 et 14) était alors voulis, c'est-à-dire cambré. Il était énorme, de façon à couvrir presque tout le cavalier, quand il était monté. Sa forme nous est clairement indiquée

Fig. 13 et 14.

D'après deux sceaux du XIIe siècle.

par les monuments figurés. L'écu était fait avec des planches assemblées qu'on avait cambrées et auxquelles on donnait parfois double épaisseur. Sur ce bois on clouait du cuir: Tranchent les quirs e ces fuz qui sunt dubles. — Chiedent li clou... (3583, 3584.) Le cuir de l'écu (ou l'étoffe grossière, la toile qui le doublait) porte le nom de pene: De sun escut li freint la pene halle. (3425 et aussi 1298.) II sera très utile de rapprocher ici le texte de notre chanson de celui de Jean de Garlande: Scutarii vendunt militibus scuta tecla tela, corio et oricalco, leonibus et foliis liliorum depicta.

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Le champ

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