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trois heures du matin. A cette nouvelle, le Peuple se porta à la place de Grève, et d'heure en heure. cette foule grosis-" soit. Vainement, M. le Maire, beaucoup d'Electeurs, et des Députations successives, s'efforcèrent de calmer la multitude; elle demandoit avec fureur le prisonnier, et força les barrières de l'Hôtelde-Ville. Dans cette extrémité, et pour gagner du temps, un des Electeurs proposa de former sur-le-champ un Tribunal, et de juger la victime. M. de la Fayette, survenant, épuisa, durant une heure et demie, toutes les ressources de la persuasion pour désarmer la vengeance populaire, en sollicitant que, conformément à l'Arrêté des Electeurs, M. Foulon fut conduit à la prison de l'Abbaye SaintGermain, qu'un Député de chaque District y entendit ses dispositions, et que des Juges nommés par l'Assemblée nationale prononçassent le jugement. Toutes ces démarches furent inutiles. On arracha le prisonnier de l'Hôtel-de-Ville,, on le traina sur la place, il y fut pendu à deux reprises; sa tête et son corps, promenés dans les principales rues, firent toute la soirée l'effroi des Citoyens compatissans.

Pendant celte tragédie, on avoit le jour même, arrêté à Compiègne, M. Berthier de Sauvigny, Intendant de Paris. M.Bailly et M. le Marquis de la Fayette avoient chargé M. de la Rivière, un des

Electeurs, et 250 hommes, de conduire ici en sûreté, ce prisonnier dont la multitude exigeoit la détention. Afin de prévénir qu'il n'arrivât de nuit, on expédia l'ordre de le faire coucher au Bourgt; mais la foule qui couvroit les rues et le chemin, ne permit pas au Courrier de pénétrer jusqu'à l'escorte de M. Berthier. A l'entrée de la ville, on brisa les côtés et l'impériale de sa voiture; il traversa toute la rue SaintMartin, à découvert, sans chapeau, ni perruque. A l'Hôtel-de-Ville, il subit un interrogatoire, et M. le Maire lui annonça qu'il alloit être conduit aux prisons de l'Abbaye. Sorti, avec sécurité, de l'Hôtel-de Ville, et sous une escorte, il fut arraché des mains des Soldats, traîné sur la place encore teinte du sang de son beau-père, périt comme lui, et après sa mort essuya un traitement, dont l'his toire ne conservera que trop le souvenir.

Ces affreux évènemens, et l'annonce de plusieurs listes de proscriptions, semèrent une profonde alarme, et dictèrent aux Assemblées de District une Publication, par laquelle on invita les Citoyens de tout état, à veiller sur la sûreté et l'ordre public, à calmer les esprits, et à se conformer à l'Arrêté de l'Hôtel-de-Ville, qui enjoignoit la translation des Accusés à la prison de l'Abbay e Saint-Germain.

Depuis ces démarches, auxquelles on
ne sauroit donner trop d'éloges, le calme
a régné dans la Capitale.

Les 120 Députés nommés par les Com-
munes des 6c Districts de la Ville de Paris,
se sont assemblés, le 25, à l'Hotel-de-ville.
Ils ont proclamé de nouveau, et d'après le
vœu manifesté par les déliberations de tous
les Districts, M. Bailly, Maire de la Ville, et
M. le Marquis de la Fayette, Général de la
Milice Nationale de Paris. Ces deux Chefs
civil et militaire, ont prêté le serment, et
MM. les Députés de la Commune leur ont
jure, au nom des Districts, de leur obéir dans
tout ce qu'ils leur commanderoient pour le
service public.

Cette Assemblée a arrêté ensuite, que le Camite provisoire, celui des subsistances, celui des rapports, seroient composés des Députés des Districts et des Electeurs qui avoient geré jusques là les affaires de la Municipalité; que ces Electeurs, an patriotisme desquels la Commune a de si grandes obligations seroient priés de donner leurs soins dans ces différens Comités, jusqu'à ce que la Constitution municipale ait été établie.

Seize Députés ont été adjoints à ces Comi tés, et seize Commissaires chargés de s'occu per d'un plan de Municipalité

M. Berthier de Sauvigny, veuf depuis quelque temps, laisse 9 enfans. Dans le nombre des personnes qui furent arrê tées au milieu de ces jours effrayans, se trouvèrent M. le Marquis de Lanibert, ci-devant Membre du Conseil de la Guerre; reconnu sous un déguise

ment, on le conduisit à l'Hôtel-de-Ville, où après une journée de détention, il dut sa délivrance aux efforts de M. de la Fayette. M. le Baron de Castelnau, Ministre de France auprès de la Répu blique de Genève, et ayant une charge chez M. le Comte d'Artois, fut aussi arrêté dans une voiture de place, au bas du Pont-Royal, et conduit, heureusement pour lui, à l'Assemblée du District des Zetits-Augustins, qui le fit relâcher pendant la nuit, après un interrogatoire, Les papiers trouvés sur lui furent envovés à l'Hôtel-de-Ville, comme on l'a vu à l'article de l'Assemblée nationale.

Les scènes du mercredi inspirèrent un nouvel effroi, lorsqu'on apprit le lendemain que M. Bailly et M. de la Fayette insistoient sur leurs démissions, Les instances des bons Citoyens et le vœu de la Commune, prévinrent l'effet de cette résolution, et l'on fut tranquillisé le vendredi, en apprenant que la retraite de ces deux Chefs n'auroit pas lieu. t

On travaille sans relâche à la démolition de la Bastille. Les registres, livres, papiers qui y étoient renfermés, ayant été pris et dispersés à l'instant de la conquête de ce lieu d'horreur, le Comité-Provisoire a exhorté les possesseurs de ces dépouilles curieuses, à les rapporter au dépôt qui en a été fait à l'Hôtel-de-Ville. Nous en avons vu quelques fragmens,

On connoissoit déja le seul document qui existat à la Bastille, touchant le fameux Masque de fer, ainsi il n'apprend absolument que ce qu'avoient publié le P. Griffet, Voltaire etc. On ne tirera à cet égard aucune lumière du dépôt de la Bastille; ce secret est, depuis quelques années, entre les mains d'une personne, qui le publiera avec les preuves justificatives.

De Bruxelles, M. Necker étoit pas sé à Francfort-sur-le-Mein, d'où il avoit pris la route des bords du Rhin, pour se rendre à Basle, et de là à sa terre de Copet; à deux lieues de Genève. C'est à Basle où il apprit l'évènement de son rappel; une indisposition et le besoin de repos l'ont obligé de suspendre son retour, qu'on attend dans le courant de lasemaine (1).

LETTRE AU RÉDACTEUR.

MONSIEUR,

On lir, dans un Ouvrage qui fe diftribue par feuilles, fous le titre d'Affemblée Nationale, que lorfque les Députés de la Nobleffe de Bordeaux ont demandé une extenfion de pouvoirs, une partie de cette Nobleffe a faifi cette occafion pour nommer de nouveaux députés. Rien n'eft moins exacte. Voici les faits: La Nobieffe de Bordeaux ayant arrêté de donner des pouvoirs Impératifs, plufieurs Gentilshommes proteftèrent contre un pareil mandat, & s'affemblerent fous la Préfidence du Sénéchal. Chaque Parti nomma des Députés. Ceft entre ces deux Députations que l'Affemblée (1) Il eft arrivé le 28 à Versailles.

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