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juste. La résistance à l'oppression est légitime, et honore une Nation; la licence l'avilit. Une insurrection nationale contre le despotisme a un caractère supérieur à la puissance des lois, sans en profaner la dignité: mais lorsqu'un grand intérêt a fait un grand soulèvement, alors le plus léger prétexte suffit pour réveiller les inquiétudes du peuple, et le porter à des excès. C'est de tels mal-heurs qu'il est instant de prévenir, et tel seroit l'objet de la proclamation, avec l'addition que j'ai proposée. Notre silence multiplieroit les abus. Attendre que la constitutution les arrête, c'est annoncer que la puissance publique a disparu, jusqu'à ce que la Constitution soit promulguée..

Quant aux griefs dont le peuple se plaint, et aux coupables qu'il désigne, ils ne doivent point échapper à la sévérité des lois, mais c'est devant les Tribunaux qu'ils doivent être poursuivis; c'est au Procureur - Général du Parlement que les plaintes et dénonciations doivent être adressées.

Un Membre des Communes a observé que la proclamation de M. de Lally - Tolendal étoit le vœu unanime des Citoyens de Paris, suivant le rapport qui lui en avoit été fait hier par un des Membres du Comité. Il a voté pour son admission. Il a demandé à l'Assemblée d'envoyer à l'Hôtel-de-Ville des Députés, pour travailler avec les Comités à ré tablir le calme. Il a fait un tableau horrible des désastres de Paris. Il a ajouté qu'on blâmoit, dans la Capitale, le silence de l'Assemblée.

Un Membre du Clergé a proposé une Adresse à tous les Curés et Vicaires, qu'on

chargeroit de tranquilliser le Peuple par la Religion.

M. de Nicolay, premier Président de la Chambre des Comptes, est entré, et a dit :

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MESSEIGNEURS,

Admis à l'honneur de paroître devant les augustes Représentans de la Nation, je me trouve heureux d'avoir à vous offrir l'hommage des sentimens qui animent la Chambre des Comptes, et dont elle m'avoit chargé d'être l'interprete aupres du trône. »

« Rendez le calme à nos tristes foyers; Vous êtes notre espoir; la Patrie gémissante vous implore comme des divinités tutélaires; nos cœurs, notre reconnoissar ce décernent deja la palme du patriotisme à vos vertus, à Votre courage Couronnez vos travaux, et puisse le bonheur public être bientôt votre Ouvrage et votre récompense »>

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La Chambre des Comptes, Messeigneurs, a l'honneur de vous proposer, par ma voix tous les renseignemens qu'elle pourra vous donner, lorsque vous vous occuperez des fi

nances

Voici la réponse qui lui a été faite par M. le Duc de Lioncourt:

Mondor, l'Assemblée Nationale reçoit avec spisaction Thommage de la Chambre des Comptes; le bonheur de la Nation est seul but de leurs travaux. Elle voit, dans l'offre le seul voru de ses Représentans; c'est le des renseignemens sur les Finances que lui fait la Compagnie que vous présidez, une nouvelle preuve de son désir de se rendre utile à l'Erat; P'Assemblée Nationale y aura recours avee confiance, et ne doute pas d'y trouver les moyens de servir le désir impatient, dont

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elle est animée, de terminer l'ouvrage important du rétablissement des Finances. » M. le Chapelier a lu l'Arrêté de la Chambre des Comptes, conçu en ces termes :

Arrêté de la Chambre des Comptes, du 18 Juillet 1789.

La Chambre, d'après le récit de ce qui s'est passé hier, a arrêté que M. le premier Président ira, dans le jour, porter au pied du Trône ses respectueuses félicitations sur le rétablissement du calme dans la Capitale, que l'on doit à la loyauté et à la présence du Roi. "

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La Compagnie se repose sur M. le premier Président, pour exprimer dignement les sentimens qui l'animent. Elle le charge de faire part de son Arrêté à l'Assemblée Nationale, et de lui offrir l'hommage de tous les renseignemens qu'elle peut lui donner, lorsqu'elle s'occupera des finances. »

« Arrêté en outre que deux de Messeigneurs les Conseillers Maîtres se transporteront incessamment à l'Hôtel-de-Ville, pour remettre à MM. de la Commune une copie de la presente Delibération. »

Et ensuite le Discours de M. de Nicolay au Roi, que nous croyons devoir rapporter,

<«< SIRE,

La Chambre des Comptes s'empresse de vous offrir ses respectueuses félicitations. Depuis quinze ans, Sire, vous êtes sur le trone, et vous n'êtes heureux que depuis un jour Votre loyauté, votre présence viennent de rendre le calme à la capitale, et pre

sagent la fin de nos malheurs. Votre Majesté
s'unit entièrement à ses Sujets; la vérité,
desormais, pourra se faire entendre sans al-
teration et sans effort. Votre cœur ne veut
plus d'intermediaire entre le père et ses en-
lans; vertueux comme Louis XII, adorable
comme Henri IV, il vous étoit réservé, Sire,
et aux dignes Représentans de la Nation,
de créer le bonheur public; c'est sous votre
regne que les François devront proférer le
serment de ne servir et de n'aimer que la Pa-
trie et leur Roi.

M. le President a annoncé qu'on venoit de
lui remettre le Procès-verbal des Electeurs
de Paris, dont M. de Tolendal a fait la lecture.
Un Membre des Communes a dit qu'il
adoptoit une partie de la Motion de M. de
Lally-Tolendal, la partie récitative. Il a
proposé l'établissement d'un Tribunal pour
ger les personnes qui avoient été arrêtées,
et celles que le Peuple jugeroit coupables.
Un autre Député a pensé que l'Assemblée
ne devoit s'occuper que de la Constitution,
non des dissentions de Paris, ni d'autres évè-
nemens de cette espèce. Il a soutenu
desordres et emportemens du Peuple étoient
que
des orages ordinaires pendant les révolutions:
la multitude pouvoit avoir eu raison de se
faire justice; peut-être le sang versé n'étoit

pas pur.....

les

Ces sentimens ayant excité un mouvement
dans la Salle et dans les travées, l'Opinant
a voté ensuite le Réglement des Municipalités,
et l'établissement des Milices Bourgeoises,
seul remède praticable. Les Tribunaux ac
tuels étoient incompetens pour juger les per-
de Mirabeau étoit le seul à adopter. Les De-
s proscrites par le Peuple. L'avis de M.

sonnes

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putés de Paris devoient étre autorisés à travailler au Règlement d'une bonne Mumcipalité. L'Opinant a fini par lire un projet d'Arrêté pour lever des Milices Bourgeoises, le jugement des personnes arrêtées et de celles qui le seroient, et l'autorisation des Députés de Paris pour le Réglement de la Munici palité.

qui

Un Député de la Noblesse s'est élevé contre l'érection d'un Tribunal extraordinaire; ces Commissions étant aussi odieuses que dignes de l'être.

M. de Mirabeau a exposé des observations sur l'Arrêté de MM. les Electeurs; Arrêté auquel on ne pouvoit déférer, puisque l'au torité de ses Auteurs étoit disputée. La ville de Paris avoit besoin de beaucoup de lumières pour rédiger les lois de sa Municipalité, les secours de l'Assemblée lui étoient nécessaires, et dans la Séance du lendemain, il liroit un projet de Reglement à cet égard.

Un Membre des Cemmunes a fortement repoussé toutes Commissions, juges des per Bonnes déclarées coupables par le Peuple; on devoit se borner à promettre de nommer un Tribunal ad hoc, qui seroit chargé de la responsabilité des Ministres, à l'époque où l'Assemblée établiroit la Constitution; suivant lui, il n'y avoit lieu à délibérer dans ce mo

ment.

M. Antoine est revenu à l'idée d'une Commission judiciaire; il a prié l'Assemblée de la créer.

Un Noble a objecté qu'on s'éloignoit de la question présentée. Elle consistoit à admettre ou à rejeter la proclamation, à opter entre l'avis de M. de Lally, et celui de M. de Mirabeau en faveur duquel il se déclaroit

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