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On a vu la semaine dernière, à l'art. de l'Assemblée Nationale, l'attaque d'un bateau de grains, faite par le Peuple de Louviers, et sauvé par les Volontaires d'Elbeuf. Deux de ceux-ci, MM. Waast-Robert Dupont, et Quesné Du moulins, Députés à Versailles, nous ont remis la relation suivante de ceue affaire, en en requérant la publication.

et

«Le 27 juillet passé, les Volontaires-patriotes d'Elbeuf ont délivré du pillage un bateau chargé de blé destiné pour Paris, attaqué par trois à quatre mille personnes, près du village de Poser; ils ont dû leur succès à la nuit qui cachoit leur petit nombre, à l'heureux stratagême qu'ils ont employé à leur arrivée sur les piilards, en appelant à grands cris autour d'eux divers Regimens qui n'existoient pas, et dont les noms seuls les défendoient. Deux jours après, ils ont eu le mêine bonheur, et au même endroit. «<

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Le 30 du même mois, un des leurs, le sieur Guilbert, étant allé à Louviers, il fut insulté par le peuple, qui, le reconnoissant à son uniforme, pour un des Volontaires qui deux fois avoient écarté les pillards, se prépara à s'en venger; on ne put le dérober à cette fureur, qu'en l'enfermant dans un cachot de la prison. La ville d'Elbeuf instruite de sa cruelle détention, et invitée par un Député de la Municipalité de Louviers, à se joindre à sa Milice pour la délivrance de l'innocent, informa du fait M. le Marquis d'Harcourt, Commandant de la province, qui sensiblement touché du sort du malheureux Volontaire d'Elbeuf, joignit aux Concitoyens du sieur Guilbert, deux détachemens de Cavelerie et

Dragons, fortifiés encore de quelques braves Volontaires de Rouen. Cette petite troupe d'environ soixante hommes, s'étant présentée à Louviers, où elle espéroit trouver la Garde bourgeoise dans son parti, en fut reçue à coups de fusils et de bayonnettes. Forcée par SOR Commandant de se retirer dans un faubourg, pour y attendre les Officiers municipaux de Louviers, elle en reçut la douloureuse réponse, que la fureur du peuple étant à son comble, on ne pouvoit rendre le pri

sonnier.

« Frémissant sur son sort, elle invite l'Hôtel-de-Ville de Rouen à députer vers Louvier, pour réclamer le sieur Guilbert. La députation de Rouen, loin d'y réussir, fut à son retour visitée par le peuple, qui vouloit s'assurer si elle ne lui enlevoit pas sa victime. Aussitôt l'Assemblée municipale et électorale d'Elbeuf a envoyé à l'Hôtel-de-Ville de Paris et à M. le Marquis de la Fayette deux Députés, pour implorer leur médiation auprès de la ville de Louviers. »

« Deux Membres du Conseil des 120 les ont accompagnés et présentés à l'Assemblée Nationale, qui a arrêté d'écrire aux habitans de Louviers, qu'elle avoit appris avec peine la détention du sieur Guilbert, et qu'elle espéroit qu'elle ne seroit pas prolongée. »

Déja l'Hôtel-de-Ville de Rouen avoit envoyé à Louviers une seconde députation plus nombreuse, laquelle ayant communiqué aux habitans le danger auquel les exposoit l'indignation des Troupes et des Citoyens de Rouen, eut le bonheur de tirer l'innocent de son cachot: il a été reçu avec affection par

M. le Marquis d'Harcourt, et par tous les habitans de Rouen. Ses compatriotes d'Elbeuf ont été au-devant de lui, et l'ont rendu à son père, à sa mère, à sa famille éperdue. »

« Les éloges flatteurs que l'Assemblée Nationale, l'Hôtel-de-Ville de Faris et de Rouen, et M. le Marquis de la Fayette, ont donné aux Volontaires d'Elbeuf, dans les lettres de félicitation qu'ils leur ont adressées, et l'accueil honorable qu'ils ont fait à leurs Députés, sont pour eux la plus douce récompense de leur service, et l'aiguillon le plus pressant pour les engager à continuer leurs travaux au péril de leur vie. »

Suivant le rapport fait lundi à l'Assemblée Nationale, et confirmé par les lettres particulières, la nouvelle du complot contre le port de Brest, et revélé par l'Ambassadeur d'Angleterre ranimé le ressentiment public contre Ja Noblesse de cette province. Plusieurs Gentilshommes, entr'autres M. de Botherel, Procureur-Syndic des Etats, M. de Tremergat, etc. ont été arrêtés et enfermés aux Châteaux de Nantes et de Saint-Malo, par les Milices Bourgeoises. Ils ont fait parvenir leurs plaintes à J'ASSEMBLÉE NATIONALE, qui a renvoyé l'affaire au Ministre, et arrêté d'écrire aux Bretons de libérer les Gentilshommes détenus.

« On a vu fe renouveler à Caen, la femaine dernière, une deces fcènes d'exécution fans forme de Procès, fans jugement, & dont l'effet eft d'entretenir l'effervefcence & d'empêcher le retour si néceffaire du bon ordre & de la tranquillité. M. de Belzunce,

Major du Régiment de Bourbon, accufé de s'être permis des propos contre la Ville, avoit, à la requifition du Comité, reçu de fes Supérieurs l'ordre de s'éloigner. On fut qu'il n'avoit pas obéi, & qu'il s'étoit retiré, le 11, aux cafernes; des fentinelles Bourgeoifes furent poftées de tous côtés. A onze heures du foir, un de fes amis s'approcha du Bourgeois en faction, à la defcente du Vaucelles; celui-ci lui cria trois fois, qui vive fans recevoir d'autres réponse qu'un coup de piftolet à bout portant, qui pourtant le manqua. Le factionnaire lui caffa la tête d'un coup de fufil, & resta ferme à fon pofte; on lui tira cinq coups des cafernes fans le toucher. Le bruit attira du monde; en un quart-d'heure il fe trouva. un nombre considérable d'hommes armés fur la place des cafernes, où l'on braqua trois canons. A deux heures du matin, 3 ou 400 Bourgeois y pénétrèrent, s'emparèrent de M. de Belzunce, le conduifirent au Comité, & de-là au château; dans la matinée ils retournèrent le chercher pour le -conduire, difoient-ils, au Comité. Arrivé fur la place de Saint-Pierre, on lui déchargea fur la tête un coup de croffe de fufil, qui ne l'abattit point; on voulut le dépouiller de fon uniforme, il résista, & fut maffacré; fa tête coupée fut portée dans les rues. Peut-être auroit-on épargné la vie, fans quelques femmes qui fuivoient & qui animoient les hommes par leurs cris.»

C'est le 5 de ce mois que M. le Comte D'ARTOIS arriva à Bonn, avec le Prince d'Henin, son Capitaine des Gardes, le Marquis de Polignac, le Comte de Vaudreuil, le Vicomte de Fleury, etc. etc. S. A. R. fut reçue au Château par l'Electeur, et y est 'logée, ainsi qu'une partie des Seigneurs de sa

suite. On présumoit qu'après quelque séjour à Bonn, ce Prince se rendroit å Turin.

Le 8, MM, le Prince de Condé, Duc de Bourbon, Duc d'Enghien, et Madame la Princesse Louise de Condé ont passé également à Bonn, sans s'arrêter, et ont pris la route de Coblentz, avec une suite nombreuse, dans laquelle se trouvoient, entr'autres, Madame la Princesse de Monaco, le Marquis et la Marquise d'Autichamp, le Comte d'Espinchal, etc.

P.S. «Nous avons été priés d'annoncer que MM. d'Alibertet Lucot, tous deux Officiers des troupes du Roi, et se trouvant à Paris à la suite d'un Procès, se sont distingués en militaires patriotes, à la prise de la Bastille. »

Les Numéros sortis au Tirage de la Loterie Royale de France, le 17 août 1789, sont: 26, 7, 62, 82, 33.

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